Hercule, le héros divinisé, était une des divinités les plus populaires de l'antiquité. Le porc était l'animal qu'on lui olTrait habituellement en sacrifice : c'est pour cela que, sur une pierre gravée du musée de Florence, nous voyons un Hercule monté sur un porc (fig. 624). Il tient dans une de ses mains la massue traditionnelle et dans l'autre un canthare symbole de son culte. On invoquait hi protection d'Hercule contre lesbètes féroces. C'est ce que nous voyons dans une épigramme de VAnthologie : « Par Hercule le mangeur de bœufs, enfants de ces
Fig. 0"23. — Hercule Farnèse (d'après une statue antique).
llKliCTLE ET THESEE.
campagnes, les loups (Icvoiaiits no tiendront plus ici, et los \olcuis se gardt'ionl bien d'exploiter vos demeures, même si un sommeil inop-
Fig. G"24. — Hciculi' suf un porc d'après vuio pierre givivée du musée de Florence).
portun \ieiil a fermer vos paupières. Car Denys m'a élevé une stalue en m'adressant cette prière : « Ou'llei'enle soit le \igilant gardien de ce pays. » [Aiith. )
THÉSÉE.
L'enfance de Thésée. ^ La pierre soulevée. — La robe traînante. — L'arbre de Sinis. — Le lit de Procuste. — Le brigand Sciron. — La coupe empoisonnée. — Le Minotaurc et les jeunes filles. — Le taureau de Marathon. — Le labyrinthe. — Le fil d'Ariadne. — L'abandon d'Ariadne. — Retour de Thésée. — Les Amazones. — Thésée et Pirithoiis. — Thésée aux enfers. — Mort de Thésée.
Enfance de Thésée. — La légende héroïque d'Athènes se personnifie dans Thésée, fils d'Egée, roi d'Athènes. Il avait été élevé à Trézène chez Pitthée, son grand-père maternel. Hercule, étant un jour venu voir Pitthée, quitta sa peau de lion pour se mettre à table. Plusieurs enfants de Trézène, parmi lesquels était Thésée, âgé au plus de sept ans, s'approchèrent du héros, mais à la vue de la peau de lion, ils s'enfuirent tous à l'exception de Thésée, qui, loin de montrer aucun effroi, arracha une hache des mains de quelqu'un des domestiques, et fondit courageusement sur ce qu'il croyait un lion véritable.
La pierre soulevée. — Egée, avant de quitter Trézène, avait mis son épée et sa chaussure sous une grosse roche, et avait recommandé
Fig. G2o. — Thés'c (d'après une iiioniKiic antique;.
a sa femme Ethra, de ne pas lui envoyer son fils à Athènes avant qu'il fût en état de lever cette pierre. Car il tenait à ce que le vieux Pitthée, ([ui avait une grande réputation de sagesse, dirigeât entièrement la première éducation de son fils. A peine Thésée eut-il atteijit l'âge de seize ans, qu'il souleva la pierre et s'étant emparé du dépôt qu'elle cachait, il résolut de se rendre à Athènes, pour y acquérir de la gloire.
HERCULE ET THESEE.
Un bas-rcliof du imisôc Cujipana nous mnntriî le héros soulevant, au milieu de sa famille étonnée, l'énorme picire qui recouvrait les armes
S
Fig. G2C. — Thésée soulevant la pierre (d'après un bas-relief antique).
de son père Egée (lig. 026). Cette scène est aussi reproduite sur une monnaie, mais Thésée est seul (fig. 625).
Arrivé secrètement près de la Aille, où il était absolument inconnu, Thésée montra de nouveau sa force. Il avait une robe traînante et des beaux cheveux bien frisés qui retombaient en boucle snr ses épanles.
La robe traînante. — Les vêtements longs étaient fort méprisés à Athènes oi^i on les regardait comme un signe de mollesse. Comme il passait près d'un temple d'Apollon qu'on achevait de bâtir, Thésée entendit les ouvriers qui disaient en riant : Oii va donc cette belle grande fille ainsi toute seule? Le jeune héros se sentit piqué de cette plaisanterie; il ne répondit rien, mais, ayant dételé deux bœufs qui étaient attelés près de là à un chariot couvert, il prit la couverture du chariot et la lança par-dessus le toit auquel les ouvriers travaillaient. Songeant ensuite qu'on ne l'aurait pas pris pour une fille, s^il s'était signalé par quelque exploit qui le rendît fameux, il résolut de ne pas entrer immédiatement dans Athènes, et de ne se montrer cà son père que lorsqu'il en serait digne.
L'arbre de Sinis. — Toutes les contrées du voisinage étaient alors infestées de brigands : Thésée prit la résolution de les détruire tous. Il se dirigea d'abord du côté d'Épidaure, où Périphètes, qui passait pour fils de Vulcain, gardait la grande route et assommait les voyageurs avec une massue d'airain. Il le tua et garda sa massue comme trophée. En-
THÉSÉE.
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suite il se rendit vers l'isthme de Corinthe qui était gardé par le brigand Sinis ; celui-ci courbait deux grands pins l'un contre l'autre, et les laissait se redresser après y avoir attaché ceux qu'il avait vaincus. Ces arbres, en se relevant, tiraient chacun d'un côté différent, et comme les
Fig. 6'27. — Sinis et Thésée (d'après une peinture de vase).
liens ne cédaient ]»as, les malheureux ainsi attachés étaient mis en pièces. Thésée le fit périr par le même supplice. Sur un bas-relief du musée Campana on voit Sinis lié à un pin et le héros qui s'apprête à le frapper. La même scène est figurée sur des vases (fig. 627-628). L'arltre
Fig. G'28. — Thésée tuant le brigand Sinis (d'après une peinture de vase).
<le Sinis est toujours représenté par un arbuste dans les monuments archaïques, parce que les artistes, qui ne se piquaient pas d'être paysagistes, se contentaient d'indiquer le sens de la légende et nullement d'en haduiie 1a réalité pittoresque.
Le lit de Procuste et le rocher de Sciron. — Le brigand l'rocuste a\ait inic manie singulière: il voulait ([ue tout le monde tut
HERCULE ET THESEE.
(le la iiK'iiic laillc (lUc lui, cl potii' cela il faisait coucher suc sou lit les vovaiicurs (|u"il aNait arrêtes. S'ils dépassaieut la mesure du lit. ou leur coupait rextrémité des jauibes, et si au contraii'o ils étaieut trop petits pour eu couviir toute la lougueur, ou les tirait avec des corde.s jusqu'à ce qu'ils eussent atteiut la grandeur voulue. Thésée en purgea la contrée, et courut ensuite après le brigand Sciron, qui était moins mania([ue, mais qui ne valait })as mieux.
Scir(Mi était très-gourmand, et il aimait particulièrement les tortues; pour en rendre la chair plus délicate, il les noiu'rissait de sang humain. IjCS voyageurs ([u'il avait dépouillés étaient anu'ués en haut d'un rocher et précipités de là sur le sol où étaient les tortues ([ui venaient aussitôt prendre leur repas et qui paraissaient très-friandes de cette nourriture. Thésée ayant pris Sciron le leur jeta en pâture. C'est toujours la peine du talion, expression primitiv(> de la justice chez les
Fig'. CrVJ. — La iiioi-t de Pi-ocnstP 'd'apiès uno pcinturo de vase).
hommes, qui reparaît dans ces légendes, et Thésée, comme Hercule, se fait le grand redresseur des torts, le protecteur des populations opprimées, et l'adversaire redoutable des ennemis du genre humain.
La coupe empoisonnée. — Après avoir ainsi purgé l'Attique des l)rigands qui la désolaient, Thésée pensa qu'il pouvait sans rougir se ju'ésenter devant son père, et arriva à Athènes qui était alors troublée par de graves dissensions. Les Pallantides, neveux du roi, cherchaient à s'emparer du pouvoir : ils étaient au nombre de cinquante et avaient de nombreux partisans, car personne dans la ville ne connaissait personnellement Thésée et beaucoup doutaient que le fils du loi fût encore vivant. D'un autre coté, le vieil Egée était complètement sous l'influence de la magicienne Médée, qui, se déliant de cet étranger, voulut le faire empoisonner avant que son père eût [»u le reconnaître. Mais le monarque athénien, ayant aperçu l'épée que Thésée portait avec lui, le reconnut pour son fils et lui arracha des mains la coupe empoi-