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mes d'animaux qnCIlc pionait pour rcliapper à ceux qui prétendaient à sa main. Mais pivs d'elle, le vieux Morphéc verse sur son corps une liqueur soporifique pour faciliter l'entreprise de Pelée, Derrière Pelée on voit au premier plan le vieux Nérée, père de Thétis, couronné d'algues marines et tenant une conque. Il est couché et a auprès de lui Protée, \ieillard barbu tenant un gouvernail, et Amphitritc debout et à demi nue. Dans le [)lan supérieur, on aperç^-oit Apollon, Diane, Mercure et Proserpine. Au côté droit du monument, la Terre à demi couchée au premier plan lient une corne d'abondance et retourne la tète pourvoir Thétis placée près d'elle. Au-dessus on voit plusieurs divinités : Junon, qui a la place d'honneur parce qu'elle préside au mariage, puis Minerve, Vulcain et Bacchus. Jupiter et Neptune sont absents (fig. 041). Un autre bas-relief représente plusieurs divinités se rendant aux noces de Thétis et de Pelée et leur apportant des présents. Les époux sont assis à droite et Thétis porte le voile nuptial. Vulcain offre à Pelée une épée et un bouclier. Minerve un casque et une lance. Puis les Saisons apportent du gibier et des fruits pour le banquet, et à l'extrémité du monument l'Amour chasse la Discorde qui venait pour troubler la fête (fig. 640). Cette avanie que l'Amour fait à la malencontreuse déesse devait avoir des conséquences incalculables.

La pomme de discorde. — Tous les dieux avaient été convoqués pour les noces de Thétis et de Pelée : la Discorde seule n'était pas invitée. Furieuse d'un pareil outrage, elle résolut de troubler le festin des immortels. Ayant cueilli une pomme d'or dans le jardin des Hespérides, elle vint la jeter sur la table du festin et mit ainsi le trouble entre les déesses qui voulurent aussitôt s'en emparer. Jupiter, ne pouvant les mettre d'accord, décida que la pomme appartiendrait à la plus belle ; mais ne voulant pas qu'un dieu fût le juge des autres divinités, il ordonna à Mercure d'aller porter la pomme au berger Paris et de le charger de prononcer le jugement.

Le berger Paris. — Le berger Paris était fils de Priam et d'Hé-cube. Peu de temps avant sa naissance, sa mère rêva qu'elle portait dans son sein un flambeau qui allait brûler la ville de Troie. Les devins consultés répondirent que l'imfant qu'Iiécube allait mettre au monde était destiné à causer la ruine de sa patrie. Priam résolut de le faire mourir et chargea le berger Agélaûs d'exposer le nouveau-né sur le mont Ida. Pendant cinq jours, une ourse se chargea d'allaiter l'enfant, et Agélaiis, frappé de ce prodige, reprit l'enfant et l'éleva chez lui. Devenu grand, Paris, qui est également connu sous le nom d'Alexandre, se distingua entre tous les autres bergers par son adresse et surtout par sa beauté.

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LA GUERRE DE TROIE.

Un miroir otriis({nc nous montre Mei'cui'c arrivant devant Paris qui est assis ; il tient une lance au lieu de la houlette de berger que la tradition lui attribue ; Mercure est seul (fig. 042). l'^n le voyant arriver, le berger a\ait été un peu etfrayé. « Le divin iils de Maïa, dit Cohithus, cherchant à le rassurer lui parla ainsi : <( Bannis la crainte et laisse là tes bi'chis. V iens juger des divinités qui ont quitté le ciel pour comparaître (h>vanl t(»i. Ndis (picUe est celle dont la beauté te paraît préfé-

Fig. G42. — Mercure et Paris (d'après un miroir étrusque)

rable et donne-lui cette pomme ; ce sera pour elle un prix bien doux. » A peine avait-il achevé que Paris, promenant ses regards timides sur les immortelles, s'était mis en devoir déjuger quelle était la plus belle. Il comparait l'éclat dont brillaient leurs yeux, les formes du cou, l'or qui lelevait la parure de chacune, l'élégance du pied, rien ne lui écha[q)ait. Minerve, s'approchant de lui avant qu'il eût pu prononcer et le saisissant par la main, tandis qu'il souriait à la vue de sa beauté, lui parla ainsi : <( Approche, fils de Priam ; ni Tépouse de Jupiter, ni la reine des Amours, ne méritent d'arrêter tes regards ; que la déesse de la valeur, que Pallas seule obtienne de toi des éloges. C'est à toi, dit-on, qu'est commis le soin de gouverner et de défendre les murs de Troie, apprends que je peux mettre en toi la délivrance de ton peuple et te sauver des furies de Bellone. Décide en ma faveur, et je t'instruirai dans l'art de la guerre, je t'égalerai aux j)lns vaillants guerriers (fig. 645). »

«Comme Minerve disait ces mots, Junon prit la parole, et s'adressant à Paris : « Si tu m'adjuges, dit-elle, le prix de la beauté, je te promets de te faire régner sur l'Asie entière. Laisse les soins belliqueux. Qu'importe la guerre au souverain dont la puissance n'est pas contestée? Les rois commandent également aux })lus vaillants et aux plus lâches de tous les mortels. Ce ne sont pas toujours les favoris de Minerve qui sont assis au

LA POMME DE DISCORDE.

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plus haut rang. Ceux qui suivent Bellone avec le plus d'ardeur périssent les premiers ! » Ainsi la reine des immortels cherchait à séduire son juge en lui promettant le pouvoir suprême.

Vénus parla h son tour, et pour paraître avec plus d'avantage, elle

Fig. 04i. — Mercure conduisant les déesses (d'après une peinture de vase'.

commença par délier les agrafes qui attachaient sa tunique. Dès qu'elle fut en liberté, elle se redressa, sans rougir de ce qu'elle allait faire ; et puis dénouant sa ceinture où résident les tendres Amours, elle présenta

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V\i;. (jiô. — -Minerve devant Paris i^d'ajjrés une peinture anti(|ue).

sa gorge nue, en étala complaisamment toutes les beautés ; puis, s'adres-sant au berger avec un sourire de volupté : « Jouis, dit-elle, jouis de tous hîs charmes que j'offre à ta vue. Ne méritent-ils pas bien la préférence sur les travaux guerriers? et leur possession ne vaut-elle pas mieux

LA GUERI! K DK TROIE.

que celle de tous les sceptres et de tous les royaumes d'Asie ? Les fatigues des combats me sont étrangères. Eh ! ([u'ai-je affaire de l)oucliers? Les femmes se distinguent suitout par l'éclat de leur beauté. Je ne donne pas la valeur; mais je veux te donner une compagne charmante. Ce n'est pas sur un trône que je te ferai monter, mais je te ferai monter au lit d'Hélène. Tu ne quitteras Troie que pour aller former à Sparte les nœuds les plus fortunés. »

«A peine la déesse avait-elle achevé, que Paris lui adjugea le prix de la beauté : elle re(;ut de ses mains la pomme qu'elle avait tant souhaitée, source fatale de divisions et de combats. » (Coluthus.)

Le jugement tle Paris a été fréquemment représenté, mais l'interprétation très-différente qui en a été donnée dans l'art des anciens et dans

Fig. (iiG. — Juiieniciil di^ Paris (d'après Flaxniaii)

celui des modernes, modifie complètement le sens de celte fable. Primitivement c'est une fable purement morale^ qui montre le mépris qu'avaient les Grecs d'Europe pour leurs voisins d'Asie, qu'ils regardaient comme des efféminés incapables d'estimer les vertus viriles. Le Phrygien Paris pouvait en donnant le prix à Minerve acquérir la valeur guerrière qui assurait l'indépendance de son pîiys ; en le donnant à Junon il acquérait la puissance et devenait roi de l'Asie. Il a mis au-dessus de tout la volupté que lui offrait Vénus ; c'est pour cela que Troie est tombée^ et que la Grèce, protégée par Minerve et Junon, a toujours été au-dessus de l'Asie.

Coluthus dans son récit nous montre Vénus dénouant sa ceinture devant le berger Paris, et plusieurs écrivains anciens ont raconté le fait