de la mèinc nianièiv. Mais les artistes ont toujours montré les trois déesses complètement vêtues, même Vénus. Sur uu vase de style archaïque, nous les voyons suivre Mercure, qui va, accompagne de son chien, au-devant de Paris (fig. 6i3). Dans la période romaine, les déesses continuèrent à être vêtues. Une peinture antique, trouvée dans le tombeau des Nazons, à lîonie, nous montre Mercure i>résentant la pomme à Paris qui garde ses troupeaux dans un grand pâturage. Au fond, on voit les trois déesses assises et tenant toutes les trois une lance. Minerve semble caresser FAmour qui indique le berger du doigt. C'est un des rares tableaux antiques où le paysage soit dépourvu d'architecture ci conçu d'une façon rustique (fig. G47).
L'art moderne au contraire a constamment représenté les déesses nues. Flaxman a montré Vénus seulement avec la poitrine découverte ; les deux autres déesses sont vêtues, mais on voit qu'elles sont en train de se rhabiller (fig. 646). Raphaël. Rubens, et la plus grande partie des peintres représentent les trois déesses absolument nues, de façon que Paris semble décider quelle est la plus belle à un point de vue purement plastique. Vénus est une femme qu'il trouve plus belle que Minerve, mais le sens moral de la fable a complètement disparu, car entre ces deux femmes déshabillées et dépourvues par conséquent de leurs attributs, rien ne peut indiquer que l'une est la vertu guerrière et l'autre la volupté, que l'une assurera la sécurité de la patrie et que l'autre en causera la ruine, etc. Dans son joli tableau du Jugement de Paris, Rubens, pour affirmer davantage le caractère sensuel qu'il veut donner à cette fable, place dans le bois voisin des satyres, qui profitent de l'occasion pour regardera loisir les trois déesses toutes nues. Ces satyres sont très-heureusement trouvés comme rappel de ton, mais mythologi-quement jamais des satyres ne se seraient permis de regarder Minerve avec cette effronterie, et si le hasard la leur avait montrée, ils se seraient enfuis au plus vite pour ne pas encourir le courroux de la déesse.
CHAPITRE
I.E RAPT D'HÉLÈNE.
Les murs de Troie. — La vengeance de Neptune. — Hésione délivrée par Hercule. — La nymphe Œnone. — Hélène et Paris. — Départ d'Hélène.
Les murs de Troie. — Tros, le fondateur de Troie, avait trois fils, Ganymède, Assaracus et Ilus. Ganymède fut enlevé par Jupiter à cause de sa beauté : il sert d'échanson au roi des dieux et forme une brillante constellation. Assaracus fut le père d'Anchise qui fut aimé de Vénus : de leur union naquit Enée, un des plus vaillants défenseurs de Troie. Ilus bâtit la citadelle de Troie, qui prit de là le nom d'Ilion ; et son fils Laomédon songea à l'entourer de murailles. Neptune et Apollon, s'étant déguisés, se chargèrent de les construire : jusque-là on bâtissait en posant les pierres l'une sur l'autre et sans y mettre aucun ciment ; c'est ce qu'on appelle les constructions cyclopéennes. On imagina ensuite d'unir les pierres au moyen d'une sorte de terre mouillée qui se durcit en se séchant au soleil. Neptune, qui est l'eau, et Apollon, qui est le soleil, étaient donc particulièrement aptes à cette besogne. Mais avant de l'entreprendre, ils avaient fixé d'avance le salaire qu'ils recevraient.
La vengeance de Neptune. — L'ouvrage étant fini, le roi manqua à sa parole, refusa de satisfaire les dieux, et joignit le parjure à l'injustice. «^ Ton crime, dit Neptune, ne demeurera pas impuni. » La vengeance suivit de près la menace, et on vit dès ce moment couler les eaux de la mer vers le rivage de Troie avec tant d'impétuosité^ qu'en peu de temps tout le pays en fut couvert, les campagnes inondées, et l'espérance du laboureur ensevelie sous les flots. Peu content d'un châtiment si terrible, Neptune exigea encore que la fille de Laomédon fût exposée à la fureur d'un monstre qui devait sortir de la mer. (Ovide.)
La délivrance d'Hésione. — La malheureuse Hésione, fille de Laomédon, fut donc exposée sur le rocher où elle allait être dévorée par le monstre. Laomédon promit à Hercule, s'il délivrait sa fille, des chevaux superbes qu'il tenait de Jupiter. Hercule en effet tua le monstre et délivra Hésione. Laomédon, selon son habitude, refusa la
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récompense promise, et Hercule furieux assiégea Troie, tua Laomédon, et donna Ilésiono à Télanion, le guerrier (|ni le premier avait pénétré dans la ville, il laissa à llésione la liberté de délivrer à son choix un des captifs, et elle choisit son jeune frère Podarcès, qui devint roi de Troie sous le nom de Priani. La délivrance d'Ilésione est figurée sur quelques monuments antiques, et entre autres sur une mosaïque provenant de la villa Alhani (lig. 048). On voit Hercule qui tient d'une;
Fig. Gi8. — Délivrance d llésione (d'après une mosaïque antique).
main sa massue et de l'autre l'arc et les flèches dont il s'est servi pour tuer le monstre. Son compagnon, Télamon, donne la main à Hésione et l'aide à descendre du rocher oii elle était attachée. Au bas est la mer avec le monstre percé d'une flèche. Dans l'art moderne Lebrun a fait sur le même sujet un tableau que la gravure a popularisé.
La nymphe Œnone. — Priam,^revenu à Troie, épousa Hécube et en eut un grand nombre d'enfants dont les plus célèbres sont Hector et Paris parmi les garçons, Cassandrc et Polyxène parmi les filles. La polygamie était en usage en Orient : suivant Homère, Priam avait cinquante fils, dont dix-neuf étaient nés d'Hécube, et un nombre égal de filles, ils avaient tous été élevés dans le palais de leur père, à l'exception de Paris qu'on croyait mort, parce qu'il avait été exposé à la suite du songe de sa mère.
Paris, au moment où il prononça son fameux jugement, n'avait donc pas encore paru à la cour du roi Priam et il vivait comme un simple berger. Sa beauté l'avait fait remarquer de la nymphe OEnone qui habitait le mont Ida et était devenue son épouse. Cette nymphe avait été autrefois aimée d'Apollon qui lui avait donné le don de la divination. Comme elle savait lire dans l'avenir, elle prédit ta Paris que s'il réalisait son idée d'enlever Hélène, il causerait le malheur de sa famille et la ruine de sa patrie. Mais Paris, ne voyant qu'une jalousie de femme
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LE RAPT D'HELENE.
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dans les sinistres prédictions d'OEnone, n'en tint aucun compte, et, voulant à tout prix réaliser son projet, il ne songea plus qu'à se faire reconnaître de Priam.
En ce moment des jeux solennels furent annoncés et un taureau devait être le priv du vainqueur. Paris se présenta et défit tous ses con-
Fig. C50. — Hélène reçoit Paris (d'après un bas-relief antiqvie).
currents, parmi lesquels étaient les fils de Priam. Paris alors se fit reconnaître en montrant les langes dans lesquels il avait été exposé, et sa mère, oubliant le songe qu'elle avait eu autrefois, l'accueillit dans son palais. Priam le reconnut aussi et le chargea bientôt d'une mission importante. On se rappelle qu'Hésione, fille de Laomédon et sœur de Priam, avait été emmenée par Télamon à qui Hercule l'avait donnée, après avoir pris Troie. Il s'agissait de demander une rançon pour ce rapt. Paris partit donc pour la Grèce, et il est probable qu'il n'obtint pas la réparation qu'il demandait et profita de l'occasion pour enlever Hélène en manière de représailles.
Hélène était la femme de Ménélas, roi de Sparte ; les mythologues ne sont pas d'accord sur les raisons qui la décidèrent à suivre son ravisseur. Quelques-uns prétendent que Vénus, voulant favoriser l'entreprise de Paris, donna à son favori les traits de Ménélas et qu'Hélène en le suivant crut accompagner son mari. Mais les artistes n'ont pas adopté cette version, et selon eux, c'est l'irrésistible beauté de Paris qui seule a pu la décider.