Выбрать главу

Un monument antique nous fait voir comment Vénus tint la promesse qu'elle avait faite à Paris, de lui donner la plus belle des femmes. C'est l'Amour lui-môme qui conduit Paris (Alexandros) chez Hélène, l'épouse de Ménélas. Vénus, assise auprès d'Hélène, montre l'étranger du doigt. La fille de Tyndare semble hésiter, mais se rend grâce à la statue de Pitho (la Persuasion), placée derrière elle (fig. Ool).

(388

LA GUERRE DE TROIE.

Dans un autre monument, les Muses elles-mêmes assistent à la scène et semblent se préparer à célébrer Thyménée. On y voit Polym-nie appuyée sur une colonne dans une attitude pensive, Euterpe

Fig. G51. — Paris est conduit par l'amoiu- dans le palais d'Hélène.

jouant de la flûte, et Erato présidant aux chants amoureux (fig. 650). Mais ici encore c'est l'Amour qui introduit Paris dans la demeure d'Hélène, près de laquelle on retrouve également Vénus.

Fig. 653. — iMiibarqncnicnt d'IIclènc (d'après un bas-rcliof antique).

Le départ d'Hélène sur le vaisseau phrygien fait aussi le sujet d'un joli bas-relief. Deux Troyens l'amènent devant Paris assis près du navire, et Vénus placée entre eux tient un flambeau allumé. Le pilote du navire placé près du gouvernail attend le signal du départ.

CHAPITRE m

LES ROIS GRECS.

Décision des princes grecs. — Ulysse et Palamède. — L'éducation d'Achille. — Achille chez la fille de Lycomède. — Sacrifice d'Iphigénie. — Le denn Calchas.

Décision des princes grecs. — Agamemnon et Ménélas, fils d'Atrée, roi d'Argos, furent chassés du royaume après la mort de leur père et se réfugièrent à la cour de Tyndare, roi de Sparte. Celui-ci avait deux filles, Clytemnestre qui épousa Agamemnon et Hélène que sa beauté avait rendue tellement célèbre qu'elle fut demandée par tous les princes grecs. Ménélas fut préféré à ses nombreux rivaux ; mais avant de faire son choix Tyndare avait fait jurer à tous ceux qui prétendaient à la main de sa fille qu'ils respecteraient sa décision et défendraient les droits de celui qui serait possesseur d'Hélène.

Aidés de Tyndare, Agamemnon et Ménélas marchèrent contre Thyeste qu'ils chassèrent ainsi qu'Egisthe. Agamemnon fut reconnu pour maître du royaume ; et Ménélas devint roi de Sparte après la mort de Tyndare. Ce fut pendant un voyage que fit Ménélas en Crète, pour recueillir un héritage, qu'Hélène fut enlevée par Paris. Comme tous les princes grecs qui prétendaient à la main d'Hélène avaient fait serment de défendre le mari qu'elle choisirait, Ménélas fit appel à leur concours pour venger l'outrage qu'il avait reçu. Les princes grecs résolurent de combattre, et Agamemnon, le plus puissant d'entre eux, fut nommé chef de l'armée.

Ulysse et Palamède. — Une ambassade avait été envoyée d'abord à Troie, pour réclamer Hélène. Mais cette ambassade fut inutile, car Priam répondit qu'ils ne devaient attendre aucune satisfaction, parce qu'ils n'en avaient donné aucune pour Tenlèvement de sa sœur Hésione ; d'ailleurs il avait accueilli Hélène comme sa belle-fille. Les Grecs irrités ne songèrent plus qu'à la vengeance. Dans une assemblée générale, les princes grecs décidèrent qu'on irait attaquer Troie. Les principaux d'entre eux étaient Agamemnon, roi de Mycènes et généralissime de l'expédition, Ménélas, les deux Ajax, Diomède, Ido-

LA GUERRE DE TROIE.

menée, Nestor, Philoctète, Protésilas, F'alanuMle, etc. Ce dernier qui était Tami de Ménélas et uii des plus ardents [>runioteurs de la guerre, fut député auprès d'Ulysse pour hâter son départ. En effet, lorsque les

Fig. Gô3. — Ulysse contrefaisant rinsensc (d'après une pierre gravée antique).

princes grecs réclamèrent le concours d'Ulysse, celui-ci, qui ne voulait pas renier sa promesse, mais qui ne se souciait nullement de quitter sa femme Pénélope, pour entreprendre une guerre lointaine, contrefît

Fig. Gôi. — Achille et le centaure Cliiron.

l'insensé; et quand on vint le chercher, il se mit à labourer le sable du bord de la mer, en y semant du sel. Palamède découvrit la feinte en mettant le petit Télémaque, enfant d'Ulysse, dans le milieu du

Fig, GÔ5. — -Mi-ni-las cl'apix's une statue antique',

sillon. Ulysse, pour ne pas blesser son fils, leva le soc de la charrue, et fit connaître par là que sa folie n'était que simulée.

Parrhasius d'Ephèse, peintre contemporain de Phidias, avait fait un tableau d'Ulysse contrefaisant l'insensé, qui était très-célèbre à Athènes. Le même sujet avait été traité par Euphranor. Pline nous a laissé une description de ce tableau, où le héros était représenté conduisant une charrue à laquelle il avait attelé ensemble un bœuf et un cheval. Deux hommes enveloppés dans leur manteau veillaient sur les manœuvres d'Ulysse. Le même sujet se trouve sur une pierre gravée (fig. 633). Palamède a posé le petit Télémaque devant le sillon où les bœufs doivent passer, et Ulysse par son effroi trahit le rôle de fou qu'il s^était imposé pour ne pas aller à la guerre de Troie. Seulement Tar-tiste a attelé à la charrue deux bœufs, au lieu d'un cheval accouplé avec un bœuf, conformément à la tradition.

L'éducation d'Achille. — Il est assez remarquable que les deux chefs qui ont le plus contribué à la chute de Troie, n'aient pas été prêts

Fig. GÔ6. — Éducation d'Achille (d'après une pierre gravée).

dès le début de l'expédition. Mais Achille, qui était alors fort jeune, ignorait ce qui se passait ; sa mère le cachait soigneusement, et ce fut une circonstance imprévue qui décida son départ.

Quand on se croyait prêt à partir le devin Calchas déclara que l'armée ne pouvait réussir dans cette périlleuse entreprise que si, parmi les princes qui la commandaient, il y avait un Myrmidon descendant d'Eaque ; Pelée était alors roi des Myrmidons et descendait d'Eaque. Achille était né de son union avec la néréide Thétis. A sa naissance sa mère l'avait plongé dans le Styx, dont les eaux avaient la propriété de rendre invulnérable ; seulement comme elle le tenait par le talon, cette partie du corps seule était restée vulnérable, parce qu'elle n'avait pas été mouillée. L'éducation d'Achille avait été confiée au centaure Chiron, qui le nourrissait avec la moelle des lions, et qui lui montrait à tirer de l'arc, à connaître les plantes qui guérissent les

LA GUERRE DE TROIE.

blessures et à chanter en s'accompagiiant de la lyre. L'éducation d'Achille est fréquemment représentée sur les monuments antiques, et notamment sur une belle peinture de Pompéi. On voit le centaure Chiron qui lui apprend à se servir de la lyre (fig. 654), et ailleurs il lui enseigne les vertus des plantes (fig. 657). Dans l'art moderne le joli tableau de Regnault, où Achille apprend du centaure à manier son arc, a été popularisé par la gravure. Mais ce qu'on ignore généralement, c'est que Carie Vernel, le père d'Horace Vernet, a servi de modèle

n

J

Fig. 657. — Éducation d'Acliille (d'après une peinture antique,'.

pour le torse d'Achille. Carie Vernet n'était pas alors le spirituel académicien dont les bons mots égayèrent tout Paris sous la Restauration, c'était un bel adolescent musqué, qu'on vit sous le Directoire figurer parmi les incroyables.

Eugène Delacroix a peint aussi une éducation d'Achille, mais il l'a conçue à un point de vue plus dramatique et moins sculptural. Le centaure, portant en croupe son élève, poursuit une lionne qui s'enfuit en grondant.

Achille chez les filles de Lycomède. — Comme Achille était Myrmidon et descendant d'Éaque, les princes grecs songèrent naturellement à l'emmener. Un oracle avait prédit qu'il se couvrirait de gloire, mais qu'il mourrait très-jeune. Sa mère Thétis, dès qu'elle entendit parler d'une guerre, ne songea qu'à lui cacher l'entreprise, et lui ayant mis des habits de femme, l'envoya chez Lycomède, roi de Scyros, qui avait plusieurs filles. « Là, dit le poète Bion, seul, caché parmi les filles de Lycomède, Achille apprenait à filer de la laine, au lieu de manier les armes, et ses blanches mains s'occupaient à des ouvrages de femme : il semblait être une jeune vierge. Il en avait toute la mollesse ; les roses brillaient sur ses joues et il cachait ses cheveux sous un voile. »