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En effet, le héros a retiré sa lance du corps de l'Amazone })alpi-tante encore sous le fer qui l'avait transpercée. « 11 détache son casque aussi brillant que la clarté des cicux ou les rayons de l'astre du jour. La poussière et le sang n'avaient point défiguré les traits de cette reine guerrière et, malgré ses yeux éteints, on remarquait encore les grâces de son visage. Les Grecs qui l'environnent, étonnés de sa beauté, croient voir une déesse : étendue avec ses armes, elle ressemblait à l'intrépide Diane qui, lassée d'une course où elle a terrassé les lions, goûte à l'ombre d'un bois touffu les douceurs du sommeil. Vénus, pour exciter de vifs regrets dans l'àme du vainqueur, avait conservé à Penthésilée, même après sa mort, tous les charmes qui l'avaient fait admirer pendant sa vie. Achille commence à se reprocher de lui avoir donné le coup mortel, et de s'être privé du bonheur de posséder cette reine fameuse que sa taille et ses attraits rendaient semblable aux immortels. » (Qlintus de Smyrne.)

Achille et Thersite. — Achille laissait éclater bruyamment ses regrets. Le pauvre Thersite, qui n'avait pas une grande renommée dans les combats, mais que les Grecs connaissaient pour sa laideur et ses railleries, se permit à cette occasion une plaisanterie, a laquelle le héros répondit en lui fracassant la tête d'un revers de main.

Un bas-relief d'une basse époque nous montre Achille tenant dans ses bras le corps inanimé de Penthésilée, et tournant la tête comme pour regarder Thersite qui.est gisant à ses ^lieds (^fig. 098). La mort de ce malheureux a causé une querelle entre Achille et Diomède qui avait des liens de parenté avec Thersite : elle fut heureusement apaisée, sans quoi elle aurait pu devenir funeste pour les Grecs.

Combat d'Achille et de Memnon. — Après la mort de Penthésilée, les Troyens accablés de tristesse avaient perdu tout espoir et se tenaient enfermés dans la ville sans oser en sortir. On agita même dans l'assemblée s'il ne valait pas mieux abandonner la ville et se ré-

LES ALLIES DE PHL\M.

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fugier sur une terre étrangère. Le vieux Priaui pourtant rendit un peu d'espoir aux assiégés en leur annonçant l'arrivée prochaine du puissant

Fig. 099. — Le corps d"Antiloque rapijorté sur le char de Nestor.

roi des Ethiopiens, Meninon, fils de l'Aurore. Le héros \int en effet, suivi d'une puissante armée, et Priam lui fit présent d'un magnifique

Fig. 700. — Combat d'Achille et de Memnoii ^d'après une peinture de vase).

vase d'or, œuvre de Vulcain, et qui lui venait de son père Laomédon. La présence de Meninon ranima encore une fois le courage des

LA GUERRE DE TROIE.

Troyens. Les Grecs, surpris de se voir attaqués de nouveau, courent aux armes de leur côté et un combat s'engage. « Memnon, semblable à ces (U'aux destructeurs qui menacent la vie des infortunés mortels, se jette sur les Grecs, et laisse parmi eux des traces sanglantes de sa fureur. Il blesse d'un javelot dans la poitrine le vaillant Pbéron et perce d'un autre le brave Ereutbus. Ces deux guerriers conduits par Nestor étaient venus de Thrium, leur patrie, sur les bords de l'Alphéc. Il tourne aussitôt ses armes contre Nestor lui-même. Pour arrêter la colère du vainqueur. Antiloque, fils de Nestor, dirige contre lui sa longue pique ; mais le coup, esquivé par Memnon, terrasse à côté de lui Pyrraside, l'un de ses plus fidèles Ethiopiens; irrité de cette jierle, le (ils de l'Aurore se jette sur Antiloque. Celui-ci, le voyant approclicr, lance contre lui une pierre énorme, que l'épaisseur du casque de son ennemi rend inutile. Memnon frappé lïea devient que [dus furieux; il se jette une seconde fois sur Antiloque, et lui perce le sein d'un dard aigu, qui pénètre jusqu'au cœur, où les plus légères atteintes sont toujours suivies d'une

Fig. 701. — La posée des âmes (d'après un miroir étrusque).

prompte mort. » (Quintus de Smyrne.) La mort d'Antiloque est figurée sur un monunuMît antique. On voit Nestor et les guerriers qui l'accompagnent placer siu^ un char le corps d'Antiloque, pour le rap|>orter dans le camp des Grecs et lui donner la sépulture (fig. G99). La mort d'Anti-lo([ue consterna tous les Grecs, et le vieux Nestor surtout était inconsolable de la perte de son fils. Son grand tige ne lui permettait guère de se mesurer contre Memnon, et ce fut dans Achille qu'il voulut lui trouver un vengeur. Antiloque était de tous les Grecs celui qu'Achille chérissait le plus depuis qu'il avait perdu Patrocle. Le héros abandonne aussitôt la poursuite des Troyens qu'il avait déjà vaincus, et les phalanges qu'il était prêt à attaquer. La vue du corps d'Antihxjue \c transporte de colère et il court sur Memnon qu'il blesse d'abord à l'épaule droite. Mais le fils de l'Aurore n'en devient que plus redoutable.

LES ALLIES DE PIUAM.

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Cependant les âmes des deux héros sont dans la balance, et la destinée s'est prononcée en faveur d'Achille, comme nous le voyons sur une peinture de vase, où on voit Meninon succombant sous les coups du héros grec

Fig. 702. — L'Aurore au tombeau de Memuoii (d'après une peinture de vase).

(fig. 700). Au-dessus on voit Mercure regardant une balance qu'on voit descendre du côté où est le fils de l'Aurore. Au-dessus de lui apparaît l'Aurore désespérée et s'arrachant les cheveux, tandis que la Parque, placée en face de Mercure, lui désigne du doigt celui qui doit demeu-

Fig. 703. — Acliillc retirant la flèche de Paris (d'après une pierre gravée antique.)

rer sur la terre et celui qui doit aller habiter parmi les ombres. Sur le col du même vase, on voit deux femmes coiffées de diadèmes radiés, et portant, l'une un flambeau allumé, et une cyste mystique, l'autre un vase avec lequel elle va faire une libation sur un autel funèbre. On peut voir ici, selon M. Guigniaut, une image de l'Aurore se rendant au tombeau de son fils Memnon, pour lui rendre les derniers devoirs (fig. 702). Un miroir étrusque nous montre également les âmes, ou plutôt les destinées d'Achille et de Memnon, sous la forme de petits guerriers armés de toutes pièces et placés chacun sur le plateau d'une balance que tient Mercure tandis qu'Apollon sembh> regarder ce qu'il va advenir de tout cela (fig. 701).

Mort d'Achille. — La mort de Momnoii devait être le dernier exploit d'Achille, car un trait lance par Paris (mais dirip:é par Apollon lui-même) vint frapper le héros au talon, seule partie de son corps qui

Fig. 704. — Achille soutenu par Ajax (d"après une pierre gravée antique).

était vulnérable, parce qu'elle n'avait pas été mouillée par les eaux du Styx. Il tomba, et les héros troyens s'élancèrent pour s'emparer de son

Fig. 705. — Les principaux événements de la vie d'Acliillc (d'après un bas-relief antique)

corps, mais Aja\ parvint à s'en saisir et eut l'honneur de le rapporter dans le camp des Grecs.

11 existe quelques monuments anciens relatifs à la mort d'Acliille, mais ils sont moins nombreux que ne pourrait le faire supposer l'importance du personnage. Sur une intaille, on voit le héros tombé sur le genou

droit cl en Iraiii d'aiTaclier la lli'clic (jii'il a rcriio de Paris (fig-. 703). Une cornaline étrusqne, dont la partie convexe montre une sirène, comme musc de la mort, représente Ajax, chargeant sur ses épaules Acliillc qni vient d'être tué (fig\ 701).

Les [)rincipau\ événements de la vie d'Achille sont représentés sur un piédestal de marbre dont M. Guigniant a donné la description suivante : [a, Thétis, assise sur un lit, vient de lui donner le jour ; — 6, la nourrice lave le nouveau-né dans un vase ; — c, Thétis plonge son fils dans les eauv du Sty\, figuré ici comme une vieille nymjdie appuyée sur une urne; — cl, elle remet Achille au centaure Chiron, qui doit lui donner l'éducation des héros ; — ^, le jeune prince est sur le dos du centaure, et poursuit un lion qu'il vient de blesser d'une flèche ; — /, Achille est caché sous des habits de femme, pariui les esclaves de Déidamie, fille de Lycomède roi de Scyros ; — g, Déidamie veut retenir Achille, mais il a déjà saisi un bouclier et une épée, et il se prépare à suivre Ulysse, qui ordonne à Agyrtès de sonner de la trompette pour exciter encore davantage sa jeune ardeur ; — //, Achille combat Hector, qui veut venger la mort de Polydore, son frère, étendu à ses pieds ; derrière eux est la porte Scée, et devant cette porte, le fleuve Scamandre, sous les tiaits d'un vieillard couché, a})puyé sur une urne et tenant dans sa main droite un roseau; — i, Achille nu, armé dun casque et d'une épée, vient d'attacher à son char, sur lequel il est monté, le corps d'Hector; il tient les rênes de ses chevaux, qui sont précédés par la Victoire, })ortantune palme et une couronne : dans le fond, où sont les murs de Troie, Priam, coiffé du bonnet phrygien, est spectateur de cette scène dont il frémit).