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Ajax et Ulysse. — Pour honorer la mémoire d'Achille, on fit des jeux solennels et ses magnifiques armes placées au milieu du camp lurent la récompense promise au vainqueur. Ulysse et Ajax étaient désignés entre tous les concurrents, mais il était difficile de choisir entre eux. Ils plaidèrent chacun leur cause devant les chefs grecs réunis, et une dispute violente s'engage entre les deux héros. Ajax, soldat loyal et sans artifices, avait en horreur les stratagèmes habituels d'Ulysse, et il accusa son adversaire de manquer de courage. « 0 Jupiter! s'écria-t-il, c'est à la vue de nos vaisseaux que nous ])laidons, et c'est Ulysse qu'on met en parallèle avec moi, lui qui n'a pas rougi de fuir devant les feux dont Hector menaçait notre flotte, tandis que moi, je les ai bravés, je les ai repoussés ! 11 y a sans doute moins de danger à faire des discours imposteurs qu'à combattre Tépée à la main ! Mais il m'est aussi difficile de bien parler, qu'à Ulysse de bien agir; et je remj)orte par l'intrépidité dans les combats autant qu'il excelle dans l'art de la parole. Cependant, ô Grecs! je ne pense pas qu'il soit nécessaire de vous

LA GUERRE DE TROIE.

rappeler mes exploits, car vous les avez vus. OnX'lyssc raconte les siens, qui n'ont eu que lui seul et la nuit pour témoins. » (Ovide.)

Fig. 700. — Dispute pour les armes cVAchille (sculptée sur une coupe d'argent antique).

Démence d'Ajax. — Les chefs grecs allaient donner le prix à Ajax, mais quand Ulysse parla à son tour, son habileté enleva tous les suffrages. Ne pouvant contenir sa honte et son chagrin, Ajax per-

Fig. 707. — Ulysse contompknt les armes d'Achille (d'après une pierre gravée antique\

dit complètement la tète; frappé de folie furieuse, il transperçait de son épée les paisibles moutons, qu'il prenait pour ses ennemis. Enfin, dans un accès de délire, il se tua lui-même. Le devin Calchas n'hésita pas à attribuer la fin tragique du héros à Timpiètè qu'il avait toujours montrée. Déjà, disait-il, au sortir de ses foyers, Ajax montra sa dé-

LES ALLIÉS DE PRL\M,

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mencc en n'écoutant pas les avis de son père. Celui-ci lui disait : « Mon fils, sois jaloux de vaincre, mais toujours de vaincre avec Tappui des dieux. » Et lui répondait, dans son fol orgueil : « Mon père, avec les « dieux, un lâche même peut obtenir la victoire ; moi je me flatte d'ac-« quérir cette gloire sans leur aide. » Tel était son superbe langage. Une autre fois, quand la diviue Minerve le pressait, Texhorfait à tourner son bras meurtrier contre les ennemis, il lui répliqua par ces paroles arrogantes et impies : « Déesse, cours assister les autres Grecs; pour « nous, jamais l'ennemi ne rompra nos rangs. » C'est par ces discours et cet orgueil plus qu'humain qu'il s'est attiré la colère implacable de la déesse. » (Sophocle.)

Fig. "08. — Mort d"Aja\ i^d'après une peinture de vase).

Malgré l'opposition de Calchas, prétendant que le corps de celui qui avait mis fin lui-même ta ses jours ne méritait pas d'être brûlé, les funérailles d'Ajax, sur la proposition d'Ulysse, se firent avec une grande pompe. Ulysse déposa en pleurant sur le tombeau les armes d'Achille, cause de la catastrophe; Teucer, frère d'Ajax, les refusa. Après le naufrage d'Ulysse, ces armes enfouies au fond de la mer furent rapportées parles flots jusqu'au tombeau d^Ajax. La mort d'Ajax est figurée sur uu \ase peint {l\'^. 708).

I.i:S FATALITÉS IJE TROIK.

Un descendant d'Kaquo. — Les floches d'Hercule. — Le palladium. — Les chevaux de Rhùsus. — La mort de Troïle. — La blessure de Télophe.

Les fatalités de Troie. — La prise de Troie était, selon les devins, attachée à certaines conditions qu'on a appelées les fatalités de Troie, parce que si les Grecs parvenaient à les remplir, la ville devait néces-.sairement tomber entre leurs mains. Ces fatalités étaient les suivantes:

Fig. 700. — Philoctètc dans l'ilo de Lemnos (d'après une pierre gravée antique).

l" Avoir parmi les chefs de rarniée un descendant d'Éaque ; 2° être en possession des flèches dTIercule; 3° avoir le Palladium; 4° empêcher les chevaux de Rhésus, roi de Thrace, déboire l'eau du Xanthe ; 5° faire mourir Troïle, le plus jeune des fils de Priam, et détruire le tombeau de Laomédon ; G" avoir Télèphe, roi de Mysie, dans l'armée des Grecs. — Une fois que ces siv conditions seraient remplies, la ville assiégée ne devait plus pouvoir résister aux assaillants.

l°Un descendant d'Éaque. — La première des fatalités de Troie obligeait les Grecs à avoir parmi eux un descendant d'Eaque. C'est pour cela qu'Ulysse avait mis tant d'insistance à aller chercher Achille, et à le découvrir parmi les filles de Lycomède, oii sa mère l'avait caché.

LES FATALITES DE TROIE.

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Mais une lois Achille iiioii, la condition n'était plus remplie. On se rappela alors qu'Achille en partant pour la guerre avait laissé un iîls, Pyrrhus ou Néoptolème, qu'il avait eu de la belle Déidamie. Ce fils, qui par son père descendait d'Eaque, était tout à fait enfant lorsque la flotte était partie, mais, vers la dixième année du siège, il devait avoir atteint l'âge d'homme; on décida qu'Ulysse et Diomède partiraient dans un vaisseau à vingt rameurs, avec la mission de le ramener au camp. Ménélas, en souhaitant un bon voyage à. Ulysse, lui dit : « Si par tes conseils le fils du puissant Achille vient dans notre armée, si favorisé du ciel il nous fait vaincre et retourner heureux dans la Grèce, je promets de lui donner ma fille Hermione, et avec elle une riche fortune. Quel est le mortel qui ne doive rechercher mon alliance et désirer une épouse aussi accomplie? » (Quintus de Smyrne.)

Pyrrhus reçut les deux héros qui venaient le chercher, et partit sans tenir compte des larmes de sa mère Déidamie. A son arrivée sur le rivage de Troie, il se signala en tuant Eurypyle, prince mysien allié de Priam, qui s'était beaucoup fait redouter des Grecs.

Les flèches d'Hercule. — Fils de Pœan et célèbre par son habi-

h^té à tirer de l'arc, Philoctète avait été l'ami d'Hercure, et c'est lui qui

l'ig. 710. — Macliaon et Podalyre (d'après uiio cornaline antique).

avait allumé le bûcher du mont OEta. Pour le récompenser de ce service, Hercule lui laissa ses flèches trempées dans le sang de l'hydre de Lerne, mais en lui faisant jurer de ne jamais dire où était son tombeau. Philoctète viola son serment, en montrant avec le pied l'endroit où Hercule était enterré ; au même moment, une de ses flèches, étant tombée sur son pied, lui fit une cruelle blessure. Ses douleurs étaient si violentes qu'il poussait nuit et jour des cris affreux, et l'odeur qui s'exhalait de sa plaie était si insupportable, que les Grecs l'abandonnèrent dans lîle de Lemnos. où pendant neuf ans il vécut misérablement des produits de sa chasse. Il était parti pour accompagner les princes grecs dans leur expédition contre Troie, et quand vint la dixième