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Mort des prétendants. — Cependant Télémaque arrive et Ulysse se fait connaître à lui. Ils conviennent de cacher son retour; le héros reste dans le palais comme s'il était un suppliant. Ulysse avait un arc Cameux qu'il avait laissé à Ithaque pendant ses vingt années d'absence. Pénélope, obsédée par les prétendants qui avaient exigé qu'elle fixât enfin

son choix, leur déclara qu'elle épouserait celui qui pourrait tendre l'arc et traverser avec une flèche douze piliers de fer : elle savait bien qu'aucun des princes ne pourrait y parvenir.

Après le banquet, chacun veut essayer à son tour l'arc du héros, mais ils échouent l'un après l'autre par l'impossibilité absolue où ils sont de s'en servir. Un vieux mendiant se présente alors dans la salle du banquet, et demande à essayer aussi ses forces et son adresse. Les prétendants sont indignés de tant d'audace, car aucun n'avait reconnu Ulysse sous les haillons qu'il portait. Mais déjà le héros a saisi son arc et ce n'est pas seulement pour montrera ses ennemis son adresse; car, aidé de son fils Télémaque et de quelques serviteurs demeurés fidèles, il extermina les prétendants qui avaient pillé sa maison pendant son absence.

Cependant Pénélope s'était retirée avec ses suivantes au fond de son appartement. Quand la vieille nourrice Euryclée vint lui annoncer le retour d'Ulysse et la mort des prétendants, elle refusa d'y croire. Etant descendue pour voir Tétranger, elle trouve un homme couvert de haillons assis contre une colonne et le regarde en silence, croyant pourtant le reconnaître, mais doutant encore que ce fût lui. Une peinture d'IIer-culanum nous montre Pénélope debout et contemplant le héros qu'elle n'a pas vu depuis vingt ans(fig. 748), Ulysse, voyant ses hésHations, lui parle de la chambre nuptiale et du lit qu'il avait lui-même taillé dans un bois d'olivier. Nul autre n'avait jamais pénétré dans cette chambre, qui était restée telle qu'Ulysse l'avait laissée vingt ans auparavant. Pénélope alors reconnut qu'elle parlait à son époux et tomba dans ses bras. Ulysse quitta ses vêtements déguenillés et alla revêtir des habits somptueux : Minerve lui rendit les traits et l'éclat de sa jeunesse, et, à côté de son épouse chérie, il régna paisiblement sur Ithaque.

ÉNÉE ET LES TROYENS.

Départ d'Énée. — Les pénates. — La tempête. — Énée et Didon. — Mort de Didon. — La sibylle de Cumes. — Énée et Turnus. — Nisus et Euryale. — La truie blanche. — Mars et Hhéa Sylvia. — La louve de Romulus. — Enlèvement des Sabines. — Romulus déifié.

Départ d'Énée. — Pendant l'incendie de Troie, Énée, après avoir l'ait de \ains efforts pour repousser les Grecs, voulut emmener sa famille et quelques compagnons pour aller s'établir dans une contrée étrangère. Anchise, son vieux père, était décidé à mourir sur place plutôt que d'abandonner ses foyers, et toutes les remontrances d'Enée ne parvinrent pas à vaincre sa répugnance. Mais les dieux voulurent montrer par un prodige la protection qu'ils accordaient au héros. Au moment oi^i la femme d'Enée, Creuse, cherchait à retenir son mari pour

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Fig. 7 4!). — Énée est retenu par un heureux présage (d'après une miniature du Vinjile

du Vatican).

l'empêcher de combattre encore, une flamme légère s'éleva sur la tète de leur enfant, Ascagne, et, effleurant mollement ses cheveux, sembla se jouer sur son front. Dans l'effroi que causa cette flamme au premier moment, on jeta d'abord de l'eau sur la tète de l'enfant, mais le vieil Anchise vit^là un effet de la volonté des dieux elles hautes destinées qu'ils réservaient à cet enfant : il déclara aussitôt à Enée qu'il était prêt à le suivre partout oîi il irait. Une miniature du Virgile du Vati-

can (fig. 749) montre Enée qui yient de prendre les armes pour voler au combat. Sa femme Creuse se jette à ses pieds et le supplie d'employer sa valeur à défendre elle, son père et son fils. Deux serviteurs, coiffés de bonnets phrygiens, versent de l'eau sur la tête du jeune Asca-gne, pour éteindre la flamme que ses parents y voyaient briller, et le vieil Anchise lève ses mains vers le ciel étoile pour remercier les dieux de l'heureux présage qu'ils lui manifestent par cette flamme.

Le héros raconte lui-même dans VE?iéideàe Virgile les circonstances qui accompagnèrent son départ. « Anchise, mon père, levant avec joie ses yeux et ses mains vers les astres, s'écrie : « Puissant Jupiter ! « s'il est des prières capables de te tléchir, jette seulement un regard sur « nous ; et si notre piété le mérite, ô père des humains, accorde-nous ton « secours et confirme ce présage.» A peine le vieillard a parlé, le tonnerre retentit à gauche ; une étoile tombant de l'éther, court et rayonne au milieu des ténèbres. Nous la voyons s'abaisser sur le faîte du palais, puis cacher son éclnt radieux dans la forêt de l'Ida en nous montrant le chemin. Un long sillon de lumière a marqué son passage, et l'odeur du soufre fumant remplit tous les lieux d'alentour. Alors mon père, vaincu, se lève, invoque les dieux, et adore l'astre sacré : « Plus de « retard, s"écrie-t-il, je te suis, et j'irai où tu me conduiras. Dieux de « mes pères, sauvez ma famille, sauvez mon petit-fils! Ce présage vient « de vous, et Troie est encore sous votre protection. Je cède, ô mon fils ! « et ne refuse plus de te suivre. » Il dit, et déjà la flamme plus éclatante se fait entendre avec plus de force, déjà l'incendie roule de plus près ses tourbillons : « ïlàtez-vous, m'écriai-je, ô mon père ! placez-vous « sur mes épaules, je vous porterai, et ce fardeau sera léger pour moi. « Quels que soient nos destins, pour nous même péril, pour nous même « salut. Que le jeune Iule (le même qu'Ascagne) marche près de moi, et « que ma femme suive de loin mes pas. Et vous, serviteurs fidèles, écou-(( tez et retenez ces paroles : hors des murs, sur la colline, est un ancien « temple de Cérès, maintenant abandonné ; à côté, s'élève un cyprès, que, « depuis longues années, a respecté la piété de nos pères; c'est là que, (( par des chemins divers, nous nous réunirons. Vous, mon père, prenez « dans vos mains ces vases sacrés et les dieux de la patrie. Moi, qui sors « à peine d'un combat si terrible et d'un carnage récent, je ne puis les « toucher sans crime, avant qu'une eau vive m'ait purifié. »

« A ces mots, je jette sur mes épaules, et sur mon cou que j'abaisse, la fauve dépouille d'un lion, et je m'incline pour recevoir mon précieux fardeau. Le jeune Iule s'attache à ma main droite, et suit son père à pas inégaux. Creuse marche derrière moi. Nous avançons à travers les plus sombres chemins ; et moi que n'avaient pu émouvoir ni les traits lancés de toutes paris, ni la foule menaçante des bataillons grecs, maintenant un souffle m'épouNanle, le moindre bruit m'inquiète et me tient

en suspens, et je crains également pour mon compagnon et pour uion

fardeau. »

Le départ d'Énéc forme le sujet de plusieurs représentations dans l'art ancien et moderne. Une peinture d'IIerculanum nous montre cette scène, traitée en caricature, avec les personnages figurés en chiens (lig. 752).

Fig. 750. — Énée portant Anchise (statue de Lepautre).

Un tableau du Louvre, autrefois attribué au DominiquincI maintenant catalogué sous le nom de Léonelle Spada (fig. 751), représente le môme sujet qui a également fourni à Lepautre le motif d'un groupe célèbre (fig. 750). Dans toutes ces compositions, le vieil Anchise, porté sur les épaules d'Énée, tient dans ses bras les dieux pénates qu'il emporte.

Les pénates. — Ainsi protégé par les dieux, Enée aborda d'abord dans la Thrace, où il fonda avec ses compagnons la ville d'Enéas. De là, il se rendit dans l'île de Délos et consulta l'oracle sur la continuation de son voyage, mais il entendit mal sa réponse et se retira en Crète où il eut un songe. « Il était nuit, et tout ce qui respire sur la terre était plongé dans le sommeil, lorsque les images sacrées des dieux et les pénates de Phry-gie, que j'avais ravis aux flammes de Pergame et emportés sur les mers, m'apparaissent en songe, éclatants de la vive lumière que les pleins