DIVINITES ÉTRANGÈRES.
sèment sous le taureau, qui est entouré par les deux crépuscules, sous la forme de jeunes Phrygiens tenant un llainbeau. Le culte mystérieux
Fig. 80"?. — OEon ou Protogonos.
de Mithra, après avoir eu de nombreux adhérents sous l'empire romain, se tondit et se transforma peu à peu sous l'influence des idées mystiques qui prévalurent à cette époque.
Un bas-relief du musée Britannique nous montre une figuve qui est généralement prise pour une victoire, mais qui est une sorte de Mithra féminin égorgeant le taureau comme le véritable Mithra (fig. 803).
Œon. — L'art à cette époque perd complètement sa valeur personnelle, et devient une sorte d'hiéroglyphe destiné à symboliser un dogme. On voit alors apparaître l'étrange figure d'OEon ou Protogonos, le Temps, le premier-né, qui sans cesse crée, détruit et renouvelle toute chose. Cette vilaine divinité est comme un résumé de tous les emblèmes qui avaient cours chez les païens et dont l'ensemble produit un être monstrueux, conçu sous l'influence des idées orientales, et où on ne retrouve plus rien du génie grec. Sa tête de lion, dont la gueule ouverte est armée de dents terribles, est surmontée de la tête à\m serpent dont les replis enlacent tout le personnage. Sa puissance irrésistible est marquée parla
DIVINITES DE LA PERSE.
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foudre qu'on voit sur sa poitrine, et les ailes qu'il a au dos expriment sa rapidité. Il tient d'une main le sceptre qui montre son empire sur le monde, et de l'autre la clef avec laquelle il ouvre et ferme l'année.
Fig. 803. — Une victoire sous la forme de Mithra égorgeant le taureau.
Une grappe de raisin sous son bras exprime la fécondité. Le coq, le caducée, le marteau et la tenaille qu'on voit à ses pieds, sont les emblèmes de la vigilance, de l'activité, etc. C'est une conception absolument barbare, bonne pour les initiés, mais à laquelle Tart e.st absolument étranger.
DIVINITÉS DK L'INDE.
iirahiii. — I.a iiiei' de lait.— La Triiiiourli. — Naissance de liraliina. — Création des êtres. — Formation des castes. — Châtiment de Brahma. — Siva. — Les incarnations de Vichnou. — Rama et Ravana. — Krichna. — Naissance de l)()uddha. — Le Bouddlia renonce au monde.— Les épreuves du Bouddha. — -Moi't (lu Bouddha.
Brahm. — Brahm est le dieu suprême qui enveloppe tout le système religieux des Hindous. Il est unique, sans commencement ni fin, tout-puissant et parfait. «Brahm, disent les Védas, est Féternel, Tètre par excellence, se révélant dans la félicité et dans la joie. Le monde est son image ; mais cette existence première qui contient tout en soi est seule réellement subsistante. Tous les phénomènes ont leur cause dans Brahm; pour lui, il n'est limité ni par le temps ni par l'espace; il est impérissable, il est l'âme du monde, l'âme de chaque être en particulier. L'univers est Brahm, il vient de Brahm, il subsiste dans Brahm et il retournera dans Brahm. Brahm est l'être existant par lui-même, il est la forme de la science et la forme des mondes sans fin. Tous les mondes ne font qu'un avec lui, car ils sont par sa volonté. Cette volonté éternelle est innée en toute chose. Elle se révèle dans la création, dans la conservation et dans la destruction, dans le mouvement et dans les formes du temps et de l'espace. »
Fifj;. 80 i. — liraliiii avant sa révélation (d'après un monument liindou).
Brahm, l'Etre suprême, tout ce qui est, tout ce qui a été, tout ce qui sera, est, avant sa révélation première, caractérisé dans l'art
DIVINITES DE LIN DE.
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caractérisi' clans l'art par le manteau qui l'enveloppe et le pied qu'il porte à sa houche. L'ensemble du personnage prend dans cette attitude
l''ig. 8(J.'i. — Brahm se révélant pour le première fois (d'après un nioiuimeiU hindou).
une silhouette arrondie, emblème de l'éternité plongée dans sa propre essence (fig. 804).
Brahm. considéré comme l'être se révélant pour la première fois, a|>parait sous la forme d'un personnage qui est homme d'un côté et
Fig. 800. — Maya et Kania sur le perroquet.
femme de l'autre (fig. 805). Le côté masculin a la jambe pliée dans l'attitude des saints en méditation, et tient à la main un collier de perles qui va rejoindre son pied et exprime la chaîne des êtres. Le
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DIVINITES ETRANGERES.
côté féminin on Maya est an contraire dans l'attitude de la danse, et soutient de sa main le voile magique où est dessiné le modèle ou prototype de toutes les créatures vivantes.
La mer de lait. — De Maya est sortie laaner de lait, matière pie-mière de toutes choses qui Si'écoule de son sein en deux ruisseaux (fig. 807). Parée du voile des idées, elle est entourée d'une auréole d'oi!i partent trois rayons, emblème des trois personnes divines qui constituent la Trimourti. Les monuments la montrent portant sur son sein l'enfant Kama, qui répond à l'Amour des Grecs. Elle est alors portée
rig. 807. — Maya et la mer de lait.
sur le perroquet, monture ordinaire de Kama. Sur l'étendard de Maya, on voit l'œil de la Providence, et sur celui de Kama le poisson Minas, symbole de la fécondité. Comme l'Amour grec, Kama est un jeune enfant armé d'un arc : cet arc est en canne à sucre, et les cinq flèches que le jeune dieu porte dans son carquois répondent au\ cinq sens (fig. 806). La Trimourti. — Une multitude de divinités ou de génies personnifient les diverses formes, ou plutôt les diverses qualités du Dieu suprême. Sourya est le soleil, Agni le feu, Indra est le ciel, et les Gan-dharvas sont les nuages. Mais toutes ces divinités sont subordonnées à Brahm, l'Etre par excellence, qui paraît sous la forme d'une trimourti
DIVINITES DE L INDE.
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<*omposée de Brahma, le principe créateur, Siva, le principe destructeur, et Vichnou, le principe conservateur.
Les trois personnes de la Trimourti apparaissent quelquefois sous la l'orme d'un personnage unique pourvu de trois têtes. Dans la figure 808,
l'ia:. 808.
La Trimoui-ti <^ii une -^culc ii,^u^o ;i )i-oi;> l<^lii-i.
Brahma, avec sa longue 1)arbe, est celui qu'on voit au milieu: il tient d'une main la chaîne des êtres et de l'autre l'urne qui contient l'eau féconde. Les deux visages de profil sont Siva et Vichnou.
On voit sur une peinture les trois personnes de la Trimourli, ren-<lant leurs hommages à la mère des dieux assise dans le sanctuaire d'une pagode, dont Ganesa, le dieu à tête d'éléphant, occupe l'entrée. Indra aux cent veux et Indrani, son épouse, sont en dehors des deux côtés de la pagode. Les trois personnes de la Trimourti, occupent chacune une fonction spéciale dans l'ordre harmonieux de l'univers, et ont chacune aussi une légende particulière (lig. 809).
Naissance de Brahma. — Un jour Vichnou était porté sur les eaux, et sa femme la belle Lakhmi était assise à ses côtés : le grand serpent Amenta, sur lequel il reposait mollement, dressait au-dessus de lui ses sept têtes pour former un parasol. Du nombril du dieu sortit une fleur de lotus et sur cette fleur était assis Brahma, le principe créateur, reconnaissable à ses quatre tètes (fig. 810). Brahma regarde de tous côtés et ne voit que les eaux. Plein d'éton-nement, et ne comprenant pas encore le mystère de son origine, il reste absorbé dans la contemplation. Une voix inconnue lui ordonna de prier; il pria et vit le Dieu suprême dont il était une émanation sous la forme d'un homme avec mille têtes, il se prosterna, et Dieu, dissipant les ténèbres, lui ouvrit h^ spectacle de son être où sont contenues toutes les formes, où gisent endormies toutes les créatures.