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Krichna était un admirable musicien et charmait par ses accords les monstres des forets. Une peinture le montre jouant de la flûte en compagnie de Radha, son épouse, qui l'accompagne avec le même instrument. Ils dansent en même temps qu'ils font de la musique, et huit couples à peu près semblables se meuvent circulairement autour d'eux. Six musiciennes célestes, rangées trois par trois de chaque côté, forment un concert de divers instruments. Creuzcr voit dans cette composition une scène astronomique : Krichna est le soleil, Radha personnifie la lune, et les corps célestes se meuvent autour d'eux dans une danse harmoni([ue (fig. 821).

Selon les Brahmanes, la neuvième et dernière incarnation de Vichnou, celle de Bouddha, doit encore être suivie d'une dixième qui est à venir. Mais la doctrine de Bouddha est devenue un culte spécial, qui domine dans l'Asie orientale, et qui est tout à fait indépendant de Brahma, auquel l'Hindoustan est seul resté fidèle. Ces divergences ont amené naturellement des différences notables dans les récits relatifs à la vie mythologique de Bouddha.

Naissance de Bouddha. — Le Bouddha, neuvième et dernière incarnation de Yichnou, vint au monde dans l'illustre famille des Cha-kias, d'où était issu le roi Soudadani. Ce prince épousa xMaia ; celle-ci, bien que vierge, conçut par l'influence divine un fils, qui naquit au pied d'un arbre, sans toucher la terre, car Brahma le reçut dans une coupe d'or Plusieurs dieux, incarnés dans des rois, vinrent le saluer à sa naissance, et l'un d'eux, incarnation d'Indra, lui versa sur la tête l'eau divine.

On voit sur une peinture le Bouddha sur le sein de sa mère Maia (lig. 822); l'enfant-dieu, aussi bien que sa mère a la tête ceinte d'une auréole. Des otîrandes de fruits sont déposées sur une table et les types des principales espèces d'animaux sont rassemblés dans une boîte placée à terre. Suivant l'usage établi dans la race des Chakias, on mena l'enfant dans un lieu sacré, pour le présenter à une image divine, mais

DIVINITES DE L'INDE.

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l'image s'inclina d'elle-même en le voyant, et les spectateurs saluèrent le nouveau-né du titre de dieu des dieux.

L'enfant grandit et sa sagesse devint en peu de temps plus qu'humaine. Quand il fut homme, ses parents désirèrent le marier, mais il avait pour le mariage une répugnance extrême. Les parents insistèrent

Fis. 8;'2. — Bouddlia sur le sein de M;Ma.

néanmoins : fils docile, il se soumit, à la condition toutefois, qu'on trouverait une jeune fille possédant les trente-deux vertus principales. En cela, il n'était pas trop exigeant, lui qui possédait les cinquante-huit perfections morales, et qui en outre était doué des quatre-vingts beautés visibles; cependant une jeune fille comme celle qu'il demandait était presque introuvable. C'était bien là-dessus que comptait le jeune prince, mais il fut déçu dans son.espérance, car à force de chercher dans tout

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DIVINITES ETRANGERES.

le royaume, on trouva une personne qui remplissait les conditions voulues, et ou la lui amiMia. Cette union fut heureuse^ et deux beaux enfants, un garçon et une (ille, vinrent eomJ)ler de joie la famille. Tout le peuple était ravi et fondait les plus belles espérances sur l'avenir que lui préparait le règne d'un tel prince.

Le Bouddha renonce au monde. — Un jour que toute la cour était réunie, le jeune prince, qui, toujours plongé dans d'austères méditations, parlait généralement fort peu, déclara que toutes les jouissances qu'on pouvait trouver rlans la vie, étaient loin de faire la conipen-

Fig. 82-3.

Bouddha.

sation des quatre misères inévitables qui sont les peines de la naissance, de la vieillesse, de la maladie et de la mort. Tout l'auditoire était dans l'admiration, mais fondit en larmes, quand le prince, comme conclusion de son discours, annonça qu'il renonçait aux vanités du monde et allait se retirer au désert. Le roi, croyant qu'il reviendrait sur sa décision, mit des gardes autour du palais pour l'empêcher de sortir, mais il trompa leur vigilance et partit, abandonnant en môme temps ses enfants, sa femme, ses parents, ses amis, ses sujets et tout ce qu'il avait.

Ici commence la vie solitaire du Bouddha, et chacune des stations qu'il a faites pendant ses pieuses méditations est devenue un lieu de pèlerinage. Après avoir dit adieu au monde, il rasa ses cheveux, et quitta ses riches vêtements pour prendre ceux d'un anachorète. De là le nom qu'on donne à cette station : « La place sainte du dépouillement des orne-ynents. »

Pendant que le saint prie dans le désert, le roi des singes lui apporte pour ses repas du miel et des figues sauvages que le saint arrose avec de l'eau bénite ; mais le singe, ravi de voir ses présents acceptés, est

DIVINITÉS ÉTRANGÈRES. Hol

comme frappé de folie, fait mille gambades extravagantes, et finit par tomber dans un i)uits où il se noie. De là une nouvelle station sacrée qui se nomme : « Ln place sainte des aliments offerts par le singe. »

L'ennemi du saint, Dewa-Dath, ayant découvert sa pieuse retraite, conduit dans le voisinage un éléphant qu'il enivre de vin de coco, et aux défenses duquel il attache des épées tranchantes dans Tespoir que l'animal furieux tournera sa rage contre l'ermite. Mais l'ermite n'a besoin que de lever ses cinq doigts ; l'éléphant est apaisé et dompté : de là le nom de : « La place sainte de réléphant furieux et dompté. »

Des femmes de mauvaise vie s'approchent du saint qu'elles essayent de séduire; mais à son aspect elles se sentent émues, au point qu'oubliant leur projet^ elles se prosternent et adorent sa sagesse. Le lieu oii s'est passée celte scène, s'appelle : « La place sainte de la victoire remportée sur rimpudicité. »

Sa réputation de sainteté se répandit bientôt parmi le peuple et les esprits simples ; mais les grands et les incrédules soutenaient qu'il avait perdu la raison. Après avoir vécu six années nouvelles dans la retraite, le saint déclara à ses cinq disciples qu'il allait accomplir un jeûne, et en effet pendant quarante-neuf jours et autant de nuits il demeura en prière sans vouloir prendre aucune nourriture. Alors ses disciples l'adorèrent et le supplièrent de prendre possession du trône des saints passés, établi à Bénarès. 11 fit trois fois le tour de ce lieu et s'assit sur le trône : à cette occasion on établit : « La place sacrée du trône primitif des saints. »

Ce fut là, dans la ville sainte, au milieu d'un peuple immense, que le saint fut appelé Bouddha (c'est-à-dire intelligence suprême) et qu'il prêcha sa doctrine au peuple. 11 confondit les plus savants de ses adversaires qui tous s'inclinèrent devant sa haute sagesse.

Les épreuves du Bouddha. — Comme il avait parcouru tous les degrés de la science humaine un génie lui apparut et lui demanda si pour approcher plus près de la vérité il accepterait les souffrances corporelles. Le Bouddha accepta, et le génie lui ordonna d'allumer mille bougies dont le feu allait brûler sa chair. Pendant qu'il endurait cette horrible souffrance, le génie lui enseigna les quatre premières vérités primordiales, savoir : — « Tous les trésors peuvent être épuisés. — Ce qui est élevé est exposé à une chute. — Ce qui est réuni peut être dispersé. — Ce qui vit est assujetti à la mort. »

Quand il fut guéri de ses plaies, le Bouddha pensa qu'il n'avait pas payé trop cher la connaissance des vérités qu'on lui avait enseignées, et souhaita une nouvelle é|>reuve. Un second génie vint vers lui et lui ordonna de s'enfoncer mille clous dans le dos. Pendant que durait ce supplice il lui révéla quatre vérités nouvelles, savoir : « Tout ce qui est visible doit périr. — Tout ce qui est créé est assujetti à une fin

inalliciireiisc. — Toute croyance appartient au royaume du néant. — L'univers n'existe que dans l'imagination. »