Nous retrouvons les As/vins, dans la mythologie grecque, sous la figure des Dioscures, Castor et Polliix.
Avec les Asivins se lèvent les brises du matin, les vents, les marouts. C'est l'avant-garde des grands dieux. Après eux paraît l'Ai^/we .• « Telle qu'une vierge aux formes légères, ô déesse, tu accours vers le lieu du sacrifice, jeune et riante, tu devances le soleil et tu dévoiles ton sein brillant. Pareille àla jeune fille que sa mère vient de purifier, tu révèles à l'œil l'éclatante beauté de tout ton corps. » [Riy-Veda, s. II, 1. 1, h. 2, v. 10 et II.)
L'Aurore est la mère des dieux, puisqu'elle les précède et les annonce à la terre. D'autres lois, elle est représentée comme l'épouse ou l'amante ou la sœur du soleil « dont elle reflète les rayons ». A son aspect, le monde entier se prosterne.
Le soleil se montre à son tour sous la forme d'un disque rouge et brillant qui semble raser l'horizon, aussi est-il souvent comparé à un nain. Mais avant même qu'il paraisse la nuit et les ténèbres s'enfuient vers l'occident ; la lumière, s'emparant subitement de l'espace, remplit le ciel, la terre et l'air : « Sourya, dieu aux larges rayons, s'élève sous la voûte du ciel ; il naît sous la forme d'un astre qui tue le funeste Vrùra. » {Big-Véda, s. YIII, 1. 8, h. 28, V. 2). — « Au milieu de tout ce monde immortel, apparaît le fils ailé de Sacitri, Garouda, soumis aux ordres de son père. » [Rig-Véda, s. VIII, 1. 8, h. 7, V. 3). — « Savib'i, le dieu à l'œil d'or, éclaire les huit régions de la terre, les êtres qui habitent les trois mondes. » '{Rig-Véda, s. I, 1. 3, h. 3, v. 8.) « Savitri, aux cheveux brillants, couronné des rayons du soleil, a élevé à l'orient sa lumière immortelle. A sa vue, Pouchan, sage gardien de tous les mondes, commence sa course. » {Rig-Véda, s. YIII, 1. 7, h. 20, v. l.) « Pouchan traverse l'océan de l'air sur ses vaisseaux d'or. » {Rig-Véda, s. IV, 1. H, h. 11, V. 3.) « Brillant Aj^/eZ/rt/?, viens vers nous, comme le berger vers
de rencoiiti'c des deux bâtons, était une fossette, dans laquelle l'ofliciant introduisait la pointe du prainantlia, autre bâton aiguisé auquel on inipriniait, à laide d'uni.' lanière disposée en ai'chet, une rotation rapide qui ne tardait pas à l'enflamnicr au point de contact.
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sa brebis perdue. » [Rig-Vikla, s. I, 1. 2, h. 4, v. 13.) « J'ai vu le Parleur d'abord incapable de marcher, puis traversant les airs, et enfin disparaissant. Par la même voie, mais en sens inverse, il roule et roulera demain entre le ciel et la terre. » {Biy-Vérla, s. VIII, 1. 8, h. 35, v. 3.) « Vichnou, sauveur invincible, gardien des devoirs sacrés, en trois pas, a fourni sa carrière. » {Rig-Véda, s. 1, 1. 2, h. 3, v. 18.) « Le noble dieu qu'on appelle Asoj^-a s'élève par un mouvement insensible et vient comme porté par des ailes se révéler aux cieux. « [Rig-Véda, s. 1, 1. 3, h. 3, v. 7.)
On voit par ces citations combien l'astre de la lumière portait de noms dillérenls. Il serait facile d'en ajouter encore un grand nombre, tels que Hausa, B/taga, Viuaswal, Gandarva, etc. ; mais h quoi bon? Au fond, c'est toujours le même être que désignent ces noms divers, mais le même être considéré à des points de vue divers et dans des fonctions différentes. Soiinja, le brillant, est l'astre lui-même; Hansa, le cygne, l'oiseau blanc qui vole dans les airs et nage sur les eaux; Vichmu, le voyageur, rappelle surtout la course du soleil dont les trois stations marquent le matin, le midi et le soir ; Savilri, le producteur, rend aux objets leur forme détruite par la nuit; Pouchan, le nourricier, entretient la vie des êtres. Ce sont en somme de simples épithètes, de même que Vivaswat, le possesseur de tous les biens, B/uiga, le fortuné; mais peu à peu ces épithètes se sont transformées en noms propres, et ont fini par constituer des divinités séparées ayant chacune leurs légendes et leurs mythes particuliers. C'est ainsi que les religions naturalistes sont progressivement arrivées à cet encombrement et à celte confusion qui les rendent parfois si obscures.
Une des personnifications pour nous les plus étranges, c'est celle de la lumière elle-même, considérée indépendamment du soleil qui la produit. Nousavonspeine à comprendre cette distinction, et cependant elle se retrouve à l'origine de toutes les religions antiques. Dans le récit de la création de la Genèse, Dieu crée la lumière le premier jour, et c'est seulement trois jours après qu'il fait le soleil, la lune et les étoiles. La physique des stoïciens reproduit la même distinction entre l'éther lumineux et les astres qui lui empruntent leur éclat.
11 est de fait que la lumière persiste, même quand le soleil n'est pas visible, le matin avant son lever, le soir après son coucher, et dans le jour, quand les nuages le cachent.
Cette divinité spéciale de l'atmosphère et du ciel lumineux est Indi-a (de la racine ind, régner), Dyaus Pitar, le maître du ciel, qui fut pendant un temps le chef du Panthéon des Aryas et qu'on retrouve dansleZe^w des Grecs et le Jiqjiler des Latins. « Ce dieu, dont les dieux n'égalent pas les qualités divines par sa force, est le souverain de la terre et du ciel. >> [lUg-Yéda, s. I, l. 7, h. 6, V. 15.) « Quand il fut question de combattre, c'est toi, Indm, que les dieux élurent pour chef. » [Big-Véda, s. IV, l. G, h. 1, v. 8.) « Indra le créateur du monde. » [Rig-Véda, s. VIII, 1. 7, h. 14, v. 1.) « Indra, tu es puissant; tu as fait briller le soleil. Tu as tout créé; tu es le dieu universel, tu es grand. » [Big-Véda, s. VI, l. 7, h. 1, v. 2.) «Azurée est la voûte du ciel, azurée est la surface de la terre ; et c'est Indra qui a consolidé ces deux mondes azurés entre lesquels lui, le dieu azuré, circule pour les entretenir. »
{/(àj-Véda, s. 111, 1. 3, h. 5, v. 3.) « Quand Indra apparaît avec son corps en face du soleil, sa forme immortelle se distingue aisément. » {liig-Véda, s. III, 1. 5, h. 12, V. 14.) « Le ciel, le divin Asou?'a, s'incline de\uni Indra; devant Indi-a s'incline la grande terre. Tous les dieux, compagnons de sa félicité, reconnaissent ludra pour chef. » {Rig-Véda, s. II, 1. 1, h. 10, v. 1.; « Tous les dieux ne sauraient détruire les œuvres d'Indra. Il soutient le ciel et la terre ; il enfante le soleil et l'aurore. » {lïig- Véda, s. III, 1. 2, h. 3, v. 8. i « C'est lui qui par sa force souveraine a jadis fondé tous les mondes, qui a porté la lumière par toute l'étendue du ciel et de la terre et qui, dissipant les ténèbres, a repoussé leur funeste influence. » {Rig- Véda, s. II, 1. 6, h. 9, v. i ) « 0 bienfaisant Indra, tu nais pour recevoir nos libations et pour régner ; à peine es-tu né que déjà ta forme estimmense. » [Rig-Véda, s. 1,1. 1, h. 5, v. 6.) « /nf/ra est plus étendu que le ciel, plus grand que la terre. Océan aérien, il est comme la mer et reçoit dans son sein les vastes torrents du ciel. » [Rig-Véda, s. I, 1. 4, h. 9, V. 1 et 2.) « 0 magnifique Indra, l'immensité du ciel et de la terre dans ta main n'est qu'une simple poignée. »■ [Rig-Véda, s. III, 1. 2, h. 1, V. 5.)
Les citations analogues pourraient être multipliées à l'infini. Ce que nous avons rapporté suffit pour montrer qu'/nr/m, lapersonnification de la lumière qui éclaire et remplit « les trois mondes, » la terre, le ciel et l'air, est la grande divinité des Aryas, pendant toute la durée des temps où la lutte des ténèbres et de la lumière a été leur préoccupation principale. C'est le dieu des grandes batailles du jour et de la nuit, du ciel et des nuages.
Car, à côté des divinités nocturnes qui chaque soir renouvellent la guerre sans fin, il y a aussi les mauvais génies de l'orage, cachés dans les nuées sombres, ennemis des hommes auxquels ils enlèvent les eaux, ennemis des dieux et en particulier d'/??c?ra auxquels ils tentent de ravir la royauté du ciel. Ces génies funestes sont Ahi, le serpent, Vritra, le voleur, Souchna, le desséchant, Nirrifi, la disette, toute la troupe des Sanacas, des Rakchasas, qui personnifiaient pour les Aryas les terreurs que leur inspiraient la nuit et l'orage. Ils sont fils de la Terre, comme les Géants de la Fable grecque, car on les voit s'élever lentement du fond des vallées sous forme de vapeurs légères qui se condensent et s'amassent aux flancs des montagnes d'où ils s'élancent pour escalader le ciel.