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Alors s'engage le grand combat. Indra, fortifié par les offrandes des hommes, s'avance au-devant des audacieux qui le provoquent. Des coups redoublés de la foudre que lui a fabriquée Twachtri, le dieu forgeron et charpentier de la mythologie aryenne, il brise et déchire les membres de ses ennemis ; les eaux prisonnières s'échappent et tombent sur la terre qu'elles fécondent (1).

(1) Cependant les ^/i/, Vritra, etc., ont aussi leur foudre, avec laquelle ils répondent à celle A' Indra; sans quoi il n'y aurait pas eu lutte véritable. Dans la niytliologic grecque, les nuages orageux sont personnifiés sous les noms de Ti/phaon, Othos, Ep/iiallès, Porphyrion, Alcyonée, Encelade, Antée,Perihotes, Pélorc, Minias, Gradon, Clutios, etc. Un mythe étrange à première vue nous montre Typhaon enlevant à Zeusses muscles et sa foudre, qu'il caclie dans une caverne — le nuage sombre —. Le nuage, en effet, en cachant le soleil lui ôte sa force pour un moment. A la même idée répond la conception des Cyclopes, ennemis de Zeus. A côté des Cydopes, ou-

La description de cette lutte revient très-souvent dans les Védas. C'est le principal titre de gloire à"Indra. Nous ne nous y arrêterons pas, parce qu'il n'y a 1;Y aucune obscurité possible. L'histoire de la même lutte représentée dans la mythologie grecque par les combats des Titans et des Géants contre les dieux de l'Olympe et par la plupart des travaux à'Héraclès, la lumière de l'air, une des formes d'Agni, le feu du sacrifice — est également d'une tr.ins-parence telle que toute explication serait superflue.

La prédominance d'Indra sur tous les autres dieux est formellement affirmée dans un grand nombre d'hymnes d'un beau mouvement lyrique.

« Le dieu qui est né le premier et qui, justement honoré, a par ses œuvres fait briller les autres dieux; qui par sa force et sa puissance fait trembler le ciel et la terre, peuples, c'est Indra. Celui qui a consolidé la terre ébranlée, qui a frappé les nuages irrités, qui a étendu les espaces de l'au' et affermi le ciel, peuples, c'est Indi'a. Celui qui a tout formé à son image et qui communique le mouvement aux êtres inanimés, peuples, c'est Ind?'a. Celui qui n'est méchant que pour frapper sans relâche le pécheur et l'impie ; qui ne saurait pardonner à l'insolence et qui terrasse le Dasi/ou, peuples, c'est Indra. Celui qui de sa foudre a frappé Rohin escaladant le ciel, peuples, c'est Indra. » [Rig-Véda, s. II, 1. 6, h. 4, v. 1, 2, 9, 10, 12.)

Mais cette suprématie à'Indra n'a pas été acceptée sans difficulté par les autres dieux, non plus que celle de Zens dans la mythologie grecque. Un curieux dialogue entre Indra et les Maroids a gardé la trace de cette révolu-lion religieuse.

LES MAROUTS. — « Indra, maître des hommes pieux, d'où viens-tu, grand et unique? Que veux-tu? Toi qui es notre compagnon, tu peux nous répondre avec bonté. 0 dieu que portent des chevaux azurés, dis-nous, que veux-tu ? »

INDRA. — « Les cérémonies, les prières, les hymnes, les libations, les ofl'randes, tout est à moi. Je porte la foudre. Des invocations, des chants se sont fait entendre. Mes chevaux m'amènent. Voilà ce que je veux ici. »

LES MAROUTS. « Et uous, sur Ics puissauts coursiers que voici plaçant nos corps légers et brillants, nous joignons nos splendeurs aux tiennes. Et tu veux, Indra., t'approprier nos offrandes ! »

INDRA. « Et comment ces offrandes seraient-elles pour vous, ô Marouts, puisque vous reconnaissez ma supériorité en réclamant mon secours pour détruire Ahi? Je suis grand, fort et redoutable, et de mes traits, funestes à tous mes ennemis, c'est moi qui ai tué Ahi. »

LES MAROUTS. — « Tu as bcaucoup fait. Dieu vaillant, en venant nous seconder de ta force héroïque. Mais, ô puissant Indra, nous aussi nous pouvons beaucoup, quand à notre tour nous voulons prouver notre vaillance.»

INDRA. — « Marouts, c'est moi qui ai tué Vriti^a, et je n'ai eu besoin que de

vriors de Vulcain, qui fabriquent la foudre pour Zeu>i, il y a les Cydopes pasteurs — qui guident les nuages — et dont le plus connu est Pohjphème, le bruyant, qui habite une caverne au haut d'une montagne, mais qui aime Galatée. forme secondaire à'Amphitrite, qui personnifie d'abord les eaux du nuage et plus tard celles de la mer, parce que la pluie, née de la mer, y retourne en tombant du ciel.

ma colère et de ma t'oice d'Indra. C'est moi qui, la foudre à la main, ai ouvert un chemin à ces eaux qui font le bonheur de Manou (l'homme). »

LES JUROUTS. « 0 Maghavcui, nous n'attaquons pas ta gloire. Personne, ô dieu, de ceux qui connaissent tes exploits, ne peut se croire ton égal. Aucun être présent ou passé ne saurait te valoir. Tu es grand ; fais ce que tu dois

faire. »

INDRA. « Ma force est assez grande pour que seul je puisse exécuter tout ce qu'il me plaît de tenter. Je suis redoutable, ô Maroids ; je sais ce que j'ai à faire, moi, Jndra, maître de vous tous. 0 Marouts, l'éloge que vous avez fait de moi m'a flatté, et surtout votre attention à me laisser votre part du sacrifice. Indra est généreux et fêté par de nombreux hommages. Soyez mes amis et développez vos corps. Ainsi, brillant à mes côtés, prenez dans les offrandes et dans les hymnes la part qui convient à votre rang. 0 Maruuls, vos couleurs sont merveilleuses. Resplendisso-ns ensemble et couvrez-moi de vos corps, comme vous l'avez fait jusqu'à présent. » [Rig-Véda, s. II, 1. III, h. 8, v. 3

à 13.)

La conception à'Indra comme souverain du panthéon aryen, marque la fm d'une période de formation mythologique, exactement comme chez les Hellènes la souveraineté attribuée à Zeus. Jusqu'au commencement de cette période, la religion des Aryas comme celle des Grecs est singulièrement obscure et confuse. Divers indices donnent à penser que le chaos, d'où part la mythologie grecque se rapporte au temps où les hommes adoraient la nuit et les génies des ténèbres par des sacrifices humains. On sait en effet que toutes les religions semblent avoir commencé par des cultes sanguinaires, en rapport avec le caractère des divinités qui dominaient alors, et l'histoire nous les montre s'adoucissant progressivement, à mesure que la civilisation arme l'humanité contre les misères et les dangers des premiers temps. Les dieux des hommes sont d'abord ceux qui les font le plus souffrir, car ce sont surtout ceux-là qu'ils ont intérêt à gagner, et pour les gagner il n'y avait pas d'autre moyen que de leur offrir volontairement les victimes que réclamait leur cruauté. Le sphinx égyptien, avec son corps de lion et sa figure de femme voilée, représente la nuit avec ses dangers et ses terreurs, de même chez les Grecs les antiques Erinnyes, Lafone, les Titans, les Géants, Cybèle, Bhéa, etc., sont des personnifications chez lesquelles domine le même caractère. Ce sont des divinités chthoniennes, dont l'importance diminue progressivement. Cronos lui-même, le soleil, est une divinité chthonienne, car il est considéré comme fils de la Terre, et fait partie de la famille des Titans.

Mais l'hostilité des deux conceptions ne s'accuse pas tout d'un coup. Nous trouvons dans les Yédas des hymnes où la Nuit est présentée comme la mère ou la sœur des dieux. Chez les Grecs, les Titans sont parfois considérés comme les protecteurs des hommes. l'rométhée est un Titan ; Latone — lèto, l'obscurité — enfante Phœhus ei Diane. Cronos est le père de Zens. Les substitutions de culte se font toujours ainsi par transitions plus ou moins longues. Cette époque est caractérisée par l'hymen de la Terre et du Ciel, les deux grands-parents. Mais à la fln la lutte éclate infailliblement. Zeus chasse son père du ciel, et frappe les Titans, personnification des nuages. Indra combat