la Nuit et foudroie .iA«', Vviira, Souchna, tous les génies des ténèbres, tous les fils de la terre et de robscurité confondus sous le nom de Bakchasas.
Alors commence la grande période des mytbologies aryenne et grecque. Zens, le dieu de l'atmosphère lumineuse, épouse Hère, la personnification de l'atmosphère obscure du ciel étoile de la nuit (1); le même mythe se reproduit sous la forme du Cygne et de Léda, du Tam'eau et d'Europe, de Plirixos eid'Hellr. fo, gardée par le bouvier aux cent yeux, Arr/us — le ciel étoile — est également une personnification de la lune, considérée comme symbolisant la nuit. La pluie d'or que fait tomber le dieu dans le sein de Danaé s'explique d'elle-môme quand on sait que dans le Véda Danou est un des noms de la terre.
La plupart des légendes qui se rapportent à Apollon s'expliquent tout naturellement parle spectacle des phénomènes qui se produisent au lever du soleil. 11 semble poursuivre l'Aurore, qui disparaît par le fait môme de son approche. Le serpent Python n'est également que le nuage orageux qui obscurcit le soleil, et que les traits du dieu précipitent sur la terre.
Les mythes de cette nature sont en général d'une transparence qui dispense de toute explication. Il suffit d'être averti, et les citations que nous avons empruntées aux Védas suffisent à cet égard. Nous ne nous y arrêterons donc pas, non plus qu'aux mythes qui se rapportent à l'eau, à la moisson, aux troupeaux; ils sont suffisamment clairs par eux-mêmes et d'une interprétation facile.
§ II. — LES DIEUX MÉDIATEURS.
A côté des mythes qui sont nés de la contemplation des phénomènes célestes, il y en a une multitude d'autres qui, bien que provenant d'une source différente, finissent par se substituer aux premiers. De là résulte une complexité d'autant moins facile parfois à débrouiller que cette série de mythes appartient en réalité à une période postérieure et qui suppose un état mental tout nouveau. Nous voulons parler des mythes qui se rapportent au feu terrestre, à la flamme du sacrifice.
Nous avons vu que les Aryas obtenaient le feu par le frottement rapide d'un bâton dont la pointe était engagée dans une fossette creusée dans l'arânî. Ce bâton s'appelait praniantha. C'est précisément ce mot que nous retrouvons dans la légende de ProméUiée, apportant aux hommes le feu du ciel dans un roseau creux. Nous nous bornons à indiquer ce rapport en quelque sorte
(0 Ce caractère de Hère se manifeste nettement par ses tentatives de révolte contre /.eus, par sa haine contre Apollon, Hercule, Vulcubi. La légende même de la voie lactée, l'épithète de Déesse aux grands yeux et Tattribution du paon rappellent évidemment le ciel étoile. Du reste jusqu'au jour où l'on fit naître les dieux de la flamme du sacrifice, l'association primitive des divinités lumineuses et obscures fut permanente. C'est un des caractères des deux premières générations divines. Dans la première on confond sous le nom de Titans, fils de la Terre et de Cronos, les astres, la nuit, les nuages ; dans la deuxième, celle que marque l'avènement de Zeits, Indra, la lumière est encore sœur ou fille de la nuit. La distinction ne s'opère complètement que par la troisième révolution, celle qui rattache à la cérémonie sacrée la naissance des divinités célestes. Chez les Égyptiens.'/s«s aux draperies noires, l'épouse à'Osiris, la lumière, mère à'Hurpoirate. le soleil levant, et d'Horus, le soleil roi, est également la Nuit, comme Latone.
extérieur et matériel. On comprendra plus lard, quand nous aurons exposé toutes les transformations du Soma et û'Af/NÏ, combien la légende grecque est identique à celle des Aryas (1).
Une fois le feu allumé dans Yaroni, on place le jeune dieu sur des herbes sèches et quand il a commencé aies consumer, on l'arrose de beurre clarifié et de la liqueur alcoolique du soma. Alors la flamme s'élance en crépitant et lance de tous côtés des reflets ardents. C'est le soma ({ui produit cet effet, et cela a suffi pour qu'on en fît un des dieux principaux du panthéon aryen, sous le nom de Soma et iVJndou.
C'est par cette déification du soma, de la libation, que commence la révolution qui transformera toute la religion des Aryas et subordonnera les dieux du ciel à ceux qui vont naître de la cérémonie sacrée.
Le soma, extrait par les hommes d'une plante des montagnes, est par là même fils de l'homme et enfant de la terre. Pour sauver les hommes, il veut que ses membres soient piles dans un mortier, d'où coule la liqueur aimée des dieux. Mais quand on le verse sur le foyer, c'est lui qui, s'élançant sous la forme d'une flamme brillante, s'élève jusqu'au ciel qu'il illumine; c'est à lui que l'aurore et le soleil empruntent leur éclat ; c'est lui qui chasse les ténèbres et crée tous les mondes. Alors il est le souverain du ciel, et sa flamme devient le feu de la foudre.
« Les mains vont chercher la plante d'où s'extrait le soma. Heureusement industrieuses, elles traitent comme une victime cet enfant de la colline qui, pour notre bonheur, sous la pression des doigts, rend un jus savoureux et pur. » [Rig-Véda, s. IV, 1. 2, h. 11, v. 4.) — « En faveur de l'homme purifié par la piété, il couche entre les deux plateaux du pressoir les fibres de la plante qui le produit. Il quitte son premier corps (2), et pour passer dans la coupe du sacrifice, il prend une forme qui s'allonge et jaillit. » {Rig-Véda, s. YII, 1. 2, h. 7, v. 1, 2.) » Soma monte sur le char du grand Sourya, qui parcourt le monde. » {Rig-Véda, s. VII, l. 2, h. 11, v. 1.) « Soma, père des Prièt^es, du Ciel et de la Terre, àWgni, du Soleil, à.'Indra et de Vichtioii. » {Rig-Véda, s. VII, 1. 4, h. 6, V. 5.) « Tous les êtres sont nés de ta semence céleste. Tu es le roi du monde entier. Tout est soumis à ton empire. 0 pur Indou, c'est
(1) Il est manifeste que c'est la foudre, le nuage orageux qui le premier a donné le feu aux hommes. C'est pourquoi Promét/tée est un Titcm. Plus tard, quand on apprit aie produire par le frottement du pramantha et de Vai'caii, les caractères du feu céleste et du feu terrestre se mêlèrent dans les mythes avec une foule d'autres conceptions se rapportant aux mêmes faits. Le feu bienfaiteur, qui par le sacrifice ramène le jour, finit par être considéré comme le créateur de l'homme et le rival de Zens et à'iiidra. Mais en même temps persiste le souvenir du feu apporté par le nuage, ennemi du ciel ; de là l'idée de Prométhée cloué sur le Caucase et rongé par l'aigle, image de la foudre. Mais il est délivré par Héraclès, autre personnification du feu du sacrifice, à'Ayni, tjuand Agyii à son tour est devenu le dieu suprême. Chez les Grecs nous trouvons une autre complication. Promét/tée, le feu plastique, finit par n'être plus que le créateur du corps de l'homme. C'est Athèné, autre personnification du feu de l'éclair et de l'intelligence, qui donne à l'homme la raison. Ces révolutions religieuses, très-faciles à établir à l'aide des Védas, sont beaucoup moins sensibles dans la mythologie grecque. Cependant on en trouve des traces nombreuses dans les luttes A'Apollon, de Bacchus, d'Héraclès et dans les tragédies d'Eschyle.
(2) De là l'idée d'une double naissance, qui se retrouve dans le niyUie de Dionysos, la forme grecque du So})ia des Aryas.
toi qui possèdes la plus grande puissance. En toi se trouve la vertu de toutes les ondes; tu réunis en toi tous les biens. Tu aflermis le ciel et la terre. 0 dieu pur, de toi dépendent les astres et le soleil. » {liig-Véda, s. Vil, 1. 3, h. ll,v. 28, 29.)