Выбрать главу

Avec Soma, nous entrons dans la série des dieux médiateurs, ;\ la fois hommes et dieux, qui peu à peu absorberont toutes les divinités du ciel védique.

Dans la mythologie grecque, Soma se retrouve sous la forme de Dionysos^ de Bace/iHS — sanscrit B/iakc/in, sacrifice, oblation — naissant au milieu des flammes qui consument sa mère, de la même manière que Asclépi'os ou Esculape. La liqueur soma est surnommée dans le Yéda vinas^ aimée. Ce surnom est resté dans le vaoi vinimi, oîvo;; seulement on l'a appliqué au jus du raisin, quand les migrations aryennes sont arrivées dans les contrées oiii poussait la vigne.

La complexité de la conception d'où est sorti le dieu Soma, à la fois terrestre et céleste, fils de Thomme et père des dieux, né de la flamme avec laquelle il se confond, et créateur des mondes qu'il illumine, qui se sacrifie pour le salut des hommes, à la fois sacrificateur et victime, explique les Mystères qui vinrent en Grèce s'ajouter au culte public de Biouysos.

Dionysos naît d'une mère mortelle, que consume le feu. C'est la plante d'où sortie soma ; elle est clairement désignée par l'cpithète ou le surnom de Thyoné donné à Sémélé. On avoulu voir aussi dans Sémélé, Sélèuè, la lune, qui disparaît devant les feux du soleil. Ce n'est pas impossible. On sait que les anciens attribuaient une grande influence à la lune sur la croissance et les vertus des plantes ; et la récolte de VAsclejn'as acida ne devait se faire qu'avec le concours de certaines circonstances, parmi lesquelles la lune jouait un grand rôle. Ces croyances se retrouvent dans les superstitions populaires. Une fois né et mort sous cette première forme, Soma renaît ou ressuscite au milieu des flammes du sacrifice, qui le transportent au ciel dans le corps lumineux à'Indra.

Pendant la guerre des Géants, Dionysos est tué et son corps est mis en pièces. Mais Démêler réunit ses membres dispersés, et leur rend la vie. C'esi un mythe qui se rapporte encore à Soma. Quand les tiges de Vasclepias acida ont été coupées et broyées, le dieu terrestre est offert en sacrifice aux divinités du ciel, qui vont combattre la Nuit ou l'Orage, et renaît sur l'autel de terre, en une flamme brillante, produite par la liqueur qu'on verse sur le feu.

Dionysos est associé à la Lune, représentée pavAriadné, comme Soma, comme Apollon. Il est représenté vêtu d'un costume oriental, qui ne laisse aucun doute sur son origine aryenne. On lui consacre le lierre, qui rappelle la plante sarmenteuse d'où il est né, et la férule ou narthex, dans laquelle f-ro-mét/iée, avant lui, a apporté le feu sur la terre. Plusieurs des bas-reliefs que reprodiwt M. Ménard nous le montrent auprès du foyer sur lequel des Nymphes ou Bacchantes versent les libations. Quant aux luttes qui ont signalé la substitution du culte des divinités nées du sacrifice à celui des dieux du ciel, elles se retrouvent dans une foule de légendes qu'il serait inutile de répéter ici.

Ce mouvement, qui tendait à ramener la source des religions du ciel sur la

APPENDICE. ^"'•^

terre se continua en se marquant de plus en plus parle développement analogue et bientôt supérieur que prit la conception d l,^/»- njms-\e feu du sacrifice l'étincelle née de VArani. Par un enchaînement qui paraît d abord bien étrange, mais dont la logique s'impose à l'intelligence, Agni peu à peu remplace/nrfm et devient le dieu par excellence, jusqu'à ce que la même révolution religieuse le dépasse à son tour, et à la royauté d'Agm, le feu, substitue la souveraineté de Brahma, l'hymne sacré, la parole créatrice. Agm est d a-bord un dieu purement humain, c'est le feu domestique : <^Agm naît d abord dans nos maisons. » (Rig-Véda, s. III, 1. 4, h. 8, v. 11.) Transporté dans le foyer sacré, il devient le messager des hommes vers les dieux : « Agm surnommé Soummùhlha (bien enflammé), amène pour nous les dieux vers celui qui offre l'holocauste; prêtre et sacrificateur, consomme le sacrifice. [Rig-Védn s I 1 I h. 13, V. I.) «Messager, tu te places entre la race céleste et la race humaine. » [Rig-Véda, s. III, 1. 4, h. 9, v. 2.) « A^m', sur ton char glorieux amène les dieux, toi, sacrificateur Ilita, toi que Mamu a constitue » (Rig-Véda, s. I, 1. I , h 13, v. 4.) « Agni est né de VArani. Sa mère n a pas de mamelle pour l'allaiter, et cependant il est bientôt assez fort pour remplir sa grande mission de messager. » ^Rig-Véda^ s. VIII, 1. 6, h. 10, v. 1.) « Le soleil s'échauffe des feux du sacrifice. » {Rig-Védu, s. II, 1. 7, h. I, v. J.) « Agni le messager, le sacrificateur en qui sont tous les biens, le prêtre qm accomplit l'œuvre sainte, c'est A^n^" que, dans leurs invocations, les hommes appellent sans cesse ; Agni, le maître du peuple, le ministre des holocaustes, l ami du monde ; Agni, éveille les dieux avides, va leur porter cette nouvelle et reviens avec eux t'asseoir sur le couza. » {Rig- Véda, s. I, 1. 1, h. 12, v. 1, l, 4.j

Agni se sacrifie -pour les hommes, comme Sonia, avec lequel il se confond souvent : « Agni a dit : « Quand pour être tourmenté je quitte mon repos bienheureux, quand j'entre au sein de VArani, c'est par amitie pour les hommes. » (Rig-Véda, s. VIII, l. 7, h. o, v. 2.) ^ ^ • ^

Sa naissance est violente; c'est par la force quon l'arrache du sem de sa mère : « 0 Agni, tu étais caché dans le bois ; les Angiras t ont découvert dan. ta retraite mystérieuse. Tu nais obéissant àla force puissante qui agite le bois de VArani. 0 Angiras, voilà pourquoi on l'appelle enfant de la force. » {R>g-Véda s IV, l. I,' h. 3, V. 6.) « Agni existe, lors même qu'il ne parait pas, dans la suprême demeure du ciel, dans le séjour de/>«/..« i^^^ -^^^^^^ diti (2). {Rig- Véda, s. VII, l. o , h. 19, v. 7.) « Agm meurt et renaît. La moit éllblie pour les hommes l'est aussi pour les Dévas. Son corps est livre à Fama (3). )) f/?/^-FeWrt, s. VII, 1. 6, h. 8, v./i, 5.) , , •, -.^..n

Mais lorsque A,n.- s^éteint dans le bûcher, il renaît dans le soled qui parait au moment où s'achève le sacrifice. {Rig-Véda. s II, L 2, h. 10 v. 4, o^

Cette coïncidence de la fin du sacrifice avec l'apparition ^es dieux du cel explique la transformation que va subir Agni, de même que celle .p. a sul)ie

■^ D'abord c'est lui qui dissipe Tobscurité de la nuit : « 0 Agni, tes rayons

(,) Bakcha, le môme que T.acktri. considéré comme lu,bitant le -;^;:^;;^;;;';;;!;f ""•

(2) Aditi, la terre, le foyer sacré, c'est-à-dire que Acjm habite le ciel, 1 air et la terre.

(3) Yamu, le dieu souterrain, Pluton.

protecteurs ont vu ma cécité et m'ont délivré du mal. » {/iig-Véda, s. Il, 1.2, h. 1 1, V. 3.) Mais comme c'est là précisément la fonction principale des dieux, Agni, qui les remplace dans cette fonction, les remplace bientôt dans toutes les autres : « Honorons TKtre bienfaisant qui est notre père et qui renferme en lui tous les dieux.» [Iliy-Véda, ?. III, 1. 7, h. 18, v. 6.) « Il vient de naître, et déjà il est le seul maître du monde. » [Rig-Véda, s. YIII, 1. 7, h. 2, V. 1.) « A</?//, l'enfant des libations, par sa grandeur et sa force vivifiante, a donné naissance ù, tous les mondes dont il est le maître. » {/iig-Véda, s. II, 1. 7, h. 12, V. 2.) '( Agni, ta forme est au ciel, sur la terre, dans les plantes, dans les ondes; cette lumière éclatante que tn as jetée sur l'étendue de l'air se développe comme un océan. Elle forme l'œil du monde. » {Rig-Véda, s. III, 1. 1, h. 16, V. 2.) « Quand les libations sont vennes, portant dans leur sein Le germe universel et enfantant Agni, alors s'est développée l'âme unique des dieux. » {/Iig-Véda, s. VIII, 1. 7, h. 2, v. 7.)

Cette dernière citation est très-curieuse. Elle nous montre que les Aryas étaient arrivés à concevoir le feu, Agni, comme le principe universel des choses, comme la source de toute vie, de tout mouvement. Cette idée du reste se trouve fréquemment exprimée dans des hymnes qui doivent évidemment être considérés comme les moins anciens du Rig-Véda. « Agni, toi qui es la vie de tous les êtres ! » {Rig- Véda, s. I, 1. i, h. 6, v. 6.) « Lorsque je pense que cet être lumineux est dans mon cœur, les oreilles me tintent, mon œil se trouble, mon œil s'égare en son incertitude. Que dois-je dire? que dois-je penser? {Rig-Véda, s. IV, 1. 5, h. 8, v. 6.)