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Le résultat de cette conception devait être et fut en effet de donner aux ministres de celte parole créatrice un pouvoir absolu sur l'univers entier, sur les dieux comme sur les hommes. Ainsi se constitua cette caste brahmanique dont le pouvoir se maintient encore aujourd'hui sur les populations de l'Inde.

Les Véda^ ne nous font pas assister à cette dernière évolution religieuse, mais ils nous permettent de l'entrevoir :

« Celui qui connaît le Père avec ses rayons inférieurs, sait aussi connaître tout ce monde avec les supérieurs. Marchant sur les pas de nos poètes, qui peut ici célébrer ce dieu d'oii est née l'âme? Il en est, dit-on, qui viennent vers nous et s'en retournent, qui s'en retournent et qui reviennent..... Le Souverain, maître de l'univers et rempli de sagesse, est entré en moi, faible et ignorant, dans ce lieu où les intelligences obtiennent, avec la science, la jouissance paisible de ce fruit doux comme l'ambroisie.... Je te demande oii est le commencement de la terre, où est le centre du monde ; je te demande ce que c'est que la semence du coursier fécond ; je te demande quel est le premier patron de la parole ?

« Cette enceinte sacrée est le commencement de la terre ; ce sacrifice est le centre du monde, ce Soma est la semence du coursier fécond, cept-êtreest le premier patron de la parole. » [Rig-Véda, s. Il, 1. 3, h. 7, v. 18, 19, 21, 34, 35.)

Il ne peut y avoir aucun doute sur le sens de cette dernière phrase, qui se trouve confirmé au verset 45 : « Ceux qui sont nés de prêtres instruits connaissent les quatre sujets qu'embrasse la parole sainte ; quant aux autres, trois de ces sujets leur échappent. »

C'est d'ailleurs dans ce verset qu'on trouve pour la première fois le mot Brahmâna. Il n'est pas probable cependant que la caste brahmanique fût dès lors constituée, mais il est manifeste que tout était prêt pour sa constitution.

Nous laisserons là cette question, qui n'a pas d'analogue chez les Grecs ni chez les Romains (1). La théorie même du Xo'yoç divin ne fait pas partie, à vrai dire, de leur religion, malgré les développemenls que lui a donnés

(1) Ce qui s"en rapproche le plus, c'est l'iastltutioii des mystères. Les initiés recevaient certaines explications que l'on cachait au vulgaire; l'hiérophante surtout possédait une science des mythes qu'il ne partageait avec personne. Théodoret [Therap., lib. I, p. 412, t. IV, éd. Schulz; dit en propres termes : « Tous les initiés ne connaissent pas ce que sait l'hiérophante ; la plupart ne voient que ce qui est représenté. Ceux qui s'appellent prêtres accomplissent les rites des mystères; mais l'hiérophante seul sait la raison de ce qu'il fait et la découvre à qui il le juge convenable. » Il y a loin de \h à l'institution de la caste brahmanique. Il est vrai que, au dire de

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Platon et l'application qu'en lit plus tard à Athènè ^lius Aristide. Il est d'ailleurs évident que les Grecs ont été amenés à cette théorie par déduction loi^ique, mais que la religion aryenne n'y était pas encore arrivée lorsque se détachèrent du centre commun les émigrations qui vinrent s'établir en Grèce et en Italie. Dans ces conditions il peut donc y avoir similitude, il n'y a plus transmission.

.^ III. — MYTHES DIVERS.

Pour ne pas embarrasser l'exposition qui précède, nous avons dû laisser de côté un certain nombre de rapprochements qui ont cependant leur importance. Nous allons maintenant reprendre le plus brièvement possible les parties de la mythologie grecque et latine qui nous paraissent avoir le plus besoin d'explication, en suivant l'ordre même qu'a choisi M. Ménard.

Le Ciel fécondela Terre par les pluies et la chaleur. C'est le premier couple divin. Tout naît de cette union, non-seulement les plantes et les arbres, mais les nuages et les astres, confondus sous le nom de Titans. Cronos — que l'on identifia plus tard avec le Temps et Saturne — n'est autre que le Soleil, considéré comme fils de la Terre, d'oii il semble sortir le matin et dans ,1e sein de laquelle il rentre le soir. C'est le dieu créateur, le Krànan des Yédas, de la racine har, faire, créer, d'où vient le grec xp-Kivstv.

La révolte des Titans contre le Ciel marque une première évolution dans les conceptions religieuses. Cette évolution eut pour effet d'élabhr une distinction profonde entre les divinités lumineuses, localisées dans le ciel, et les divinités purement terrestres ou chthoniennes ; les premières furent la Lumière, le Soleil, la Lune, l'Aurore, etc. ; les autres, la Nuit, les Orages, les Nuages, etc. La Lumière devint le dieu suprême sous les noms à'Indra, Zens, Jupiter, et une lutte de tous les jours éclata entre ces dieux et ^es enfants de la terre.

Il importe cependant de faire à ce sujet une observation sans laquelle il serait difficile de comprendre la mythologie antique. La lumière etla chaleur ne sont pas toujours bienfaisantes pour l'homme, non plus que l'obscurité, l'orage ne lui sont toujours malfaisants. Aussi celte distinction générale entre les divinités bonnes et les puissances funestes se mêle-t-elle d'une foule de restrictions et même de contradictions Au milieu des malédictions qui poursuivent le nuage, voleur des eaux — les Aryens disent : des vaches, parce que la vache est pour eux l'emblème de la fécondité — on trouve de nombreuses invocations au nuage, qui apporte la pluie et rafraîchit la terre desséchée. De là des mythes qui semblent en opposition avec la conception générale et qui embarrassent les explication-^. Mais il suffit de signaler cette difficulté pour qu'elle disparaisse.

Hkpiiaistos CV^ulcain). —*Dans la mythologie grecque, le feu est personnifié par Vulcain, qui rappelle surtout Tivachtri, le dieu forgeron et charpentier

Plataniuc \Quœst. rom., § 112), dans les premiers temps de la Grèce, les principaux sacerdoces constituaient de véritables royautés, auxquelles on n'appelait que les membres des familles les plus importantes. Mais cela ne dura pas, et d'ailleurs ne suffit pas h constituer une théocratie dans le sens complet du mot.

du Rùj- Véda. 11 est lils de Hèfà, ratmosphère nocturne, parce quVjn rallume le matin, et de Zeus, le feu céleste. Mais sa mère le hait, parce qu'il est la lumière et qu'elle est l'obscurité. Il est boiteux, parce que la flamme est tortueuse ; aussi est-elle souvent représentée par un serpent. Il est lancé du ciel dans la mer, c'est-à-dire dans les nuages remplis d'eau, mais il est ramené au ciel par Dionysos, le feu du sacrifice qui rend la lumière à l'univers. Il est l'époux de Aphrodite ou Vmus, la personnification de la libation sacrée, qui aspire à s'unir au feu du foyer, exactement comme Indra est l'époux de Saraswali. La même conception se reproduit sous mille formes différentes. ^rès, autre personnification du feu destructeur, qui combat l'obscurité de la nuit ou des nuées, est également uni à Vénus, d'où résulte sa rivalité avec Vulcain. De là des fables étranges, quand les rapports primitifs de ces conceptions sont oubliés et que la personnalité de chaque divinité, en se précisant, leur attribue une fonction et un caractère spécial.

Aphrodite (Vénus). — La naissance si étrange d'ApimoDiTÈ exprime simplement l'affinité qui existe entre la libation et le feu du sacrifice.La mer où tombe le sang d'Ow«/?osn'est autre que le Samoudra, la mer d'airain, où l'on amasse le beurre clarifié ou le soma. La coquille d'où sort Aphrodite est celle qui sert de cuiller pour verser la libation sur le foyer. L'eau féconde qui découle de ses cheveux tordus, les plis mouillés de sa robe symbolisent également la libation sacrée qui donne naissance à la lumière et au monde. Pitho, qui l'accompagne, n'est autre que l'hymne du sacrifice; son sein découvert'explique son caractère de nourrice, et l'enfant qui la suit et qui est son fils, que Jupiter la force à cacher dans les bois, où il tette le lait des bêtes féroces ;Eros, l'amour maître du monde, c'est encore A(jni, qui vient de naître de VArani, qui se nourrit du suc des plante^ sauvages et qui déjà commande aux dieux! V Aphrodite grecque est la Saràswati aryenne, avant la modification qui en fit la personnification de la parole sacrée.