cl une Inii^iio qucuo lui sortit du corps. En mcnie temps il était (k■^t'llu (>\tiviueuK'nt petit et si petit (ju il alla se cacher dans un trou de la miiiaille. H était transformé en lézard.. Cette étrange aventure a fourni a Prudhon le sujet d'un dessin, où on voit Cérés, lançant un regard coun-oucé sui- le jeune garçon, dont les membres affectent déjà la forme
Fig. n2. — Attributs de Cérès avec médaille de Tralles, etc. (composition du G. de Saint-Aubin).
écrasée d'un reptile. Le peintre allemand Elzlieimer a vu dans cette scène, une occasion de peindre ces effets de lumière qu'il aimait tant. L'intérêt de son tableau consiste surtout dans le contraste qui résulte de la lumière artificielle produite par la torche que tient la vieille femme, avec la pâle clarté de la lune qui argenté le paysage. Cet ouvrage, un des meilleurs de l'artiste, fait paitie du nuisée de Madrid.
Cérès, cherchant toujours inutilement sa tille, résolut de s'adresser à la n\ nqtjie Cyane qui était la compagne de l*roserpine ; mais la nymphe, devenue fontaine, avait peidu la faculté de parler. Elle s'e\j)liqua pourtant par ([uelques signes, et lit voira cette mère aflligée la ceinture de sa tille (pii flottait encore sur l'eau.
La déesse, avertie par le Soleil, finit ])ar découvrir ({ue ce n'était pas
sur la terre quelle devait chercher sa fille, et, ue pouvaut plus icteiiir sa rage et sa douleur, elle se présenta à Jupiter, le visage baigné de larmes, et déclara que, si Proserpine ne lui était pas rendue, la terre, désormais inféconde, ne produirait plus ni fruits ni moissons.
Craignant les maux qu'une pareille menace attirerait aux hommes, Jupiter consent à ce que Proserpine revoie la lumière : « Elle reviendra dans rOlympe, dit-il, pourvu toutefois qu'elle n'ait rien mangé depuis qu'elle est dans les enfers; car c''est ainsi que les Parques l'ont réglé. » Malheureusement Proserpine n'avait pas gardé une rigoureuse abstinence depuis qu'elle était devenue reine des enfers, et elle avait cueilli une grenade dans le jardin de Pluton.
Or le jeune Ascalaphe, fils de TAchéron, l'avait aperçue et alla conter la chose à Pluton, ce qui mit obstacle à son départ. Indignée contre cet indiscret, la déesse jeta sur lui de l'eau du Phlégéthon, et le changea en une espèce de monstre, qui n'a que le bec, des plumes et de gros yeux. Pour avoir vu ce qu'il ne devait pas voir, Ascalaphe était devenu un 1n-boii, l'oiseau qui voit clair la nuit.
Le différend qui s'éleva a ce sujet entre Cérès et Pluton finit pourtant par s'arranger, et il fut convenu que Proserpine resterait chaque année six mois avec sa mère, et six mois dans l'intérieur de la terre auprès de son époux. C'est pour cela que la terre qui pendant la moitié de Tannée produit des fruits et des moissons, demeure stérile pendant les six autres mois.
Proserpine aux enfers. — Proserpine, la fille de Cérès, que Pluton a ravie, est la reine des enfers. Elle ne passe que la moitié de
Fig. 173. — Proserpine et Pluton.
l'année dans son royaume, et sur les monuments, nous voyons Mei'cure qui vient la chercher pour ramener la végétation sur la terre. La figure du Printemps personnifié, qui tient des fleurs dans le pan de sa robe, est placé derrière Mercure, pour indiquer la mission du messager des dieux.
Cette histoire figure souvent sur les sareophages, parce que Proserpine londue à la lumière, après avoir été dans le séjour des morts, présentait une allusion naturelle à la \ie Itilure. Un vase célèbre du musée de Berlin montre une Cérès assise avec un sceptre, tandis que Proserpine. <ielton( près d'elle, tient deux (lambeaux, l'un élevé et l'aulre baissé.
Fig. 17 4. — L'enlèvement de Proserpine (d'après un groupe de (iirardon. parc de Versailles)
pour indiquer que la déesse' passe alternativement de l'ombre souterraine à la lumière. L'enlèvement de Proserpine et son retour aux enfers, ont fourni à Praxitèle le sujet de deux groupes en bronze, ([ui furent très-célèbres dans l'antiquité.
L'art moderne a aussi fourni son contingent à cette fable dont Rubens a fait le sujet d'un tableau capital. Dans la fameuse décoration du château du T, près de Mantoue, Jules Romain a peint avec son énergie habituelle le rapt de la jeune déesse, que Pluton emporte sur son char.
L'Albane a conipiis la scène tout autrement. La figure de Pluton ne pouvait plaire que médiocrement à l'artiste qu'on a appelé l'Anacréon dv la peinture. Aussi a-t-il relégué la scène d'eulèvement au second plan, et l'ait de Vénus l'héroïne de son tableau. Cette déesse avait fait des l'eproches à son fils Cupidon, de la tranquillité dont il laissait jouir Pro-serpine, et c'est pour ne i)lus encourir un reproche de ce genre, que ce petit dieu avait percé Pluton de sa flèche. On voit donc dans le ciel Cu{tidon, trèi-fier de son succès, qui accourt embrasser sa mère en hii montrant ce qui se passe, tandis que sur le devant les amours joyeux e\écutent des rondes autour des arbres. C'est ce qui fait que ce tableau, ([ui est au musée de Milan, est connu sous le nom de Danse des amours, bien qu'il ait trait a l'enlèvement de Proserpine. Dans l'École française, nous signalerons le groupe en marbre e\écuté par Girardon, sur un dessin de le Brun ; il est placé dans le bosquet de la Colonnade au milieu du |>arc de Versailles.
Le châtiment d'Érésichthon. — Il faut honorer Cérès, car elle a pour les impies des châtiments terribles. Un bois lui était consacré, bois planté d'arbres toulTus impén étrablesau jour. Le fils de Triopas, Krésichthon, conçut le funeste projet de l'abattre et s'y rendit avec vingt esclaves armés de haches et de cognées. Cérès, voyant tomber ses arbres chéris, vint sous lestraits de sa prêtresse prévenir Érésichthon que le bois était consacré. Mais l'impjc la menace de sa hache, si elle ne se retirait pas, et ajouta qu'avec les arbres de la déesse, il se bcàtirait un palais pour y vivre dans les festins. La déesse alors se montre à lui dans toute sa grandeur, et chacun prend la fuite. Erésichthon est pris bientôt d'une faim cruelle, insatiable, que rien ne peut apaiser. Plus il mange, plus il veut manger; vingt esclaves sont occupés à lui préparer des mets, douze autres à lui verser à boire, car l'injure de Cérès est l'injure de Bacchus, et toujours Bacchus partage le courroux de
Cérès.
Retiré au fond de son palais, Érésichthon, passant tout le jour à table, y dévore mille mets. Plus il mange, plus s'irritent ses entrailles. Tous les aliments y sont engloutis sans effet comme au fond d'un abîme. Telle on voit la neige fondre aux rayons du soleil, tel et plus promptement encore, on le vit dépérir. Bientôt les fibres et les os seuls lui restèrent. Sa mère et ses sœurs en pleurèrent, le sein qui l'avait allaité en soupira, et ses esclaves en gémirent. Son vieux père Triopas arrachait ses cheveux blancs. « Ah ! disait-il, que n'est-il tombé plutôt sous les traits d'Apollon! Que ne l'ai-je enseveli de mes mains! Faut-il que je le voie dévoré par la faim ! Pour moi j'ai tout épuisé. Mes bergeries sont vides, mes étables sans trou[ieaux, et mes esclaves ne suffisent plus à le servir. Il a tout consumé, jus([u'aux cavales ([ui traînaient son char, jusqu'aux
coursiers qui lui avaient valu tant de gloire dans les jeux et dans les combats, jusqu^au taureau que sa mère engraissait pour Vesta ! »
Tant qu'il resta quelque ressource à ce malheureux père, son foyer fut seul témoin de sa peine. Mais quand Erésiclithon eut absorbé tout son bien, on vit le fils d'un roi, tristement assis dans les places publiques, mendier les alimeîits les jilus Ails. ((^allim.vqi e.)