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Le magnifique tombeau connu sous le nom de Sarcophage des Muses, au Louvre, a été découvert au commencement du xvni^ siècle, à une lieue de Rome, sur la route d'Ostie. Le bas-relief principal représente les neuf Muses, caractérisées par leurs attributs distinctifs. Calliope tenant son sceptre et en compagnie d'Homère et Erato en conversation avec Socrate sont les sujets des deux bas-reliefs qui ornent les faces latérales. Sur le couvercle est représenté un festin bachique, par allusion aux joies de la vie future (fig, 224 et 225).

LES MUSES.

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Les filles de Piérus. — Les neuf filles de Piérus, roi de Macédoine (les Piérides), tiraient une telle vanité de leur talent de musiciennes, qu'elles résolurent de défier les Muses. Elles chantèrent le combat des Géants, en ridiculisant beaucoup les dieux, qui avaient été obligés de se changer en animaux pour échapper au redoutable Typhaon. En entendant médire ainsi d'Apollon, les Muses, ses compagnes, eurent peine à retenir leur indignation. Mais comme toutes les nymphes de la contrée avaient été convoquées pour être juges du concours, il fallut donner la réplique, et après avoir préludé sur son luth, Calliope chanta le mystérieux enlèvement de Proserpine. La Muse sortit victorieuse de la lutte, mais, méconnaissant le jugement des nymphes qu'elles avaient demandées pour arbitres, les Piérides s'oublièrent jusqu'à vouloir frapper les Muses sacrées de l'Hélicon. Leur châtiment ne se fit pas attendre, car elles furent changées en pies ; conservant toujours la même vanité et la même envie de parler, elles font retentir les forêts de leurs cris importuns et de leur voix enrouée. On reconnaît dans cette tradition la passion qui caractérise les rivalités d'école dans les arts.

Un charmant petit tableau du Louvre, autreiois attribué à Perino del

Fig. ri'i

Sirène.

Vaga, et maintenant au Rosso, met en présence les Muses et les Piérides, au pied d'un tertre ombragé où les divinités sont venues les entendre et juger leur différend. x

Les Muses victorieuses des Sirènes. — Les Sirènes participent à la fois de la femme et de l'oiseau ; seulement les monuments primitifs ne leur donnent que la tête et les bras d'une femme avec le corps d'un oiseau (fig. 228), tandis que dans une époque postérieure on leur a donné un corps de femme avec les pattes et les ailes d'un oiseau (fig. 227). Les dieux leur ont donné des ailes pour aller à la recherchtî de Proserpine, quand cette déesse fut enlevée par Pluton.

APOLLON ET DIANE.

Les Sii'ônos, que l'on coiisidrrait coiiiiiic les IMiisps delà mort, étaient trlèbresj)ar la douceur de leurs (liants. Kllcs passaient leur vie surles rochers, où elles faisaient |iérii' les navigaleiiis (inClles avaient attirés

Fig. 2'28. — Sirène.

j»ai- leui-s chants. Homèce appelle les Sirènes, séductrices de tous les hommes qui s'ap})rochent d'elles : « Celui, dit-il, qui, jioussé par son imprudence, écoutera la voix des Sirènes, ne verra plus son épouse, ni ses enfants chéris, qui seraient cependant charmés de son retour; les Sirènes couchées dans une prairie le captiveront de leurs voix harmonieuses. Autour d'elles sont les ossements et les chairs desséchées des victimes qu'elles ont fait périr. » [Odyssée.)

Les Sirènes osèrent se mesurer avec les Muses, mais celles-ci sortirent victorieuses du combat et plumèrent les pauvres Sirènes. Cette scène

l'ig. 2"2'J. — Les Sirènes plumées par les Muses (bas-reJief antique).

ligure sur un bas-relief antique. C'est en souvenir de leur victoire que les Muses portent quelquefois des plumes sur la tcte. Il paraît que les Sirènes se sont jetées à l'eau de désespoir : c'est peut-être pour cela que les artistes modernes, les confondant avec les Tritonides^ leur donnent toujours la forme de femmes-poissons.

CHAPITRE VU

ORPHÉE.

La lyre d'Orphée. — Orphée et Eurydice. — Orphée aux enfers. — Eurydice perdue. Orphée déchiré par les Bacchantes.

La lyre d'Orphée. — Les Muses sont des divinités vierges, qui ^n'aiment que la |)oésie et les vers. Vénus demanda un jour à son fils Cupidon, pourquoi il ne les avait jamais percées de ses flèches. «Je les respecte, ma mère, répondit l'Amour, car elles sont respectables, toujours en méditation, et toujours occupées de quelques chants; mais je m'approche souvent d'elles, séduit par leurs mélodies. » (Lucien.)

La chasteté des Muses était proverbiale dans l'antiquité; mais dans le langage allégorique, on disait d'un très-grand poète ou d'un très-grand

Fig. 230. — Orpliée.

musicien, qu'il était l'enfant des Muses. C'est à ce tiire qu'Orphée était appelé fils de Calliope et d'Apollon. Orphée exprime mythologique-ment le ravissement que la musique causait aux peuples primitifs. Sa voix mélodieuse et sa lyre enchanteresse opèrent partout des prodiges. Quand les Argonautes partent à la recherche de la Toison d'or, le navire A/'go, qui devait les conduire, demeuiait iuunobile sur la plage; au

APOLLON ET DL\NE.

son (\i'\i\ lyro <l'Or|>li(''0, il <^liss(> de liii-inrinc siii' les (lots. Les arbres se peuelierit poui-entendre le divin iiiiisicien, les roelieis changent de place j)oiii mieux l'écouter, les fleuves suspendent leur cours, les bêtes féroces, subitement adoucies, viennent ramper à ses pieds (fig-. 230).

Homère et Hésiode ne parlent pas d'Orphée, et Aristote met.en doute son existence historicjue ; mais les platoniciens ont attaché une grande importance à ce personnage, qui devient à leurs yeux un savant j)oëte et théologien, initié aux doctrines de l'antique Egyjite, et fondateur poiH- la Grèce des mystères de Cérès. Bien qu'il ;ut été déchiré par les Ménades, il passe aussi pour avoir propagé le culte de Bacchus.

Orphée et Eurydice. — Un charmant bas-relief antique nous montre Orphée se retournant pour voir Eurydice que Mercure lui amène (fig. 232). Eurydice, qu'il aimait passionnément, avait été piquée par un

Fig. 231. — Orpliée aux enfers (pierre gravée).

serpent, et le poëte résolut de l'aller chercher parmi les ombres. Aux accents de sa lyre, les obstacles disparaissent comme par enchantement. Les ombres oubliaient leurs travaux et leurs tourments, pour s'associer à ses larmes. Tantale ne songeait plus à la soif, Sisyphe ne roulait plus son rocher, les Danaïdes laissaient là leur tonneau, les vautours ravis ne déchiraient jtlus le cœur de Tityus, et la roue dlxion ne tournait plus. Les Furies elles-mêmes devenaient sensibles et s'attendrissaient devant la douleur d'Orphée. Pluton, subjugué par les accents du malheureux époux, consentit à lui rendre son Eurydice, mettant toutefois pour condition qu'il ne la regarderait pas avant d'être sorti des enfers. Mais au moment où Eurydice, suivant son époux, avait déjà

ORPHEE.

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franchi tous les obstacles, Orphée, qui n'avait [)lus qu'un pas a faire pour rentrer dans le pays do la lumière, oublia son serment et tourna la tête pour voir sa bien-aimée. Eurydice lui tend les bras, et Orphée veut la saisir^ mais elle disparaît dans les demeures souterraines en lui disant un éternel adieu.

Fig. 232. — Orphée et Eurydice.

Orphée déchiré par les bacchantes. — Après avoir ainsi perdu son Eurydice, Orphée pleura sept jours entiers sur les bords de l'Achéron sans vouloir prendre aucune nourriture ; il se retira dans la Thrace, fuyant les hommes et vivant parmi les animaux, que ses chants plaintifs attiraient près de lui. Les bacchantes pourtant découvrirent sa retraite et tentèrent de l'engager sous les lois d'un second hymen ; irritées de ses dédains, elles l'assaillirent avec des hurlements, et cou-