Выбрать главу

Fig. 238. — Le Pédagogue et un des Hls de Xiobé (d'après un groupe antique).

plus pure et la plus élevée : la tradition poétique nous apprend que la malheureuse mère, devenue muette par l'excès de sa douleur, a été transformée en rocher, et l'artiste en s'y conformant évitait ainsi les contractions disgracieuses du visage. Les statues de ce groupe ont été retrouvées à Rome près de la porte Saint-Paul, et sont maintenant à Florence. Mais il y a dans d'autres musées des statues isolées très-célèbres, notamment celle de Munich. La mort des Niobides est fréquemment représentée sur les sarcophages (fig. 236), et figure sans doute la prière muette d'une mère qui a perdu ses enfants d'une mort subite. Cette tragique légende était dans l'antiquité le type des coups imprévus de la destinée.

A P 0 L L 0 M BERGE R.

La nymphe Coronis. — La naissance d"Esculape. — La mort des Cyclopes. — Apollon chez Admcle. — Arislée.

La nymphe Coronis. — Apollon est armé dun carquois dont les flèches sont inévitables : c'est lui qui envoie les pestes cl -les épidémies. Mais c'est aussi lui qui guérit les maladies, et on l'invoque à cette occasion. Le titre de Dieu sauveur et réparateur des maux convient parfaitement au soleil personnifié ; néanmoins la puissance médicale d'Apollon est surtout apparente dans son fils Esculape, qu'il avait eu de la nymphe Coronis. Apollon était fort épris de cette nymphe, mais le corbeau lui ayant rapporté qu'elle en aimait un autre, ce dieu, dans un accès de jalousie, la perça d'une de ses flèches. Il s'en repentit ensuite et changea Coronis (mot qui veut dire corneille) en l'oiseau qui porte ce nom ; puis, pour punir le corbeau de son babillage, il le rendit noir, au lieu de blanc qu'il était auparavant. C'est depuis cette aventure que ces deux oiseaux sont consacrés à Apollon.

La naissance cVEsculape. — Quand Coronis mourut, elle allait mettre au monde un enfant, (ju'ApoUoii retira de son sein et qui fut Esculape, dont le centaure Chiron fit l'éducation.

La fille de Chiron^ Ocyrhoé qui avait le don de prophétie, s'écria en le-voyant: i( Grandis pour le soleil du monde, jeune enfant ! Souvent les mortels te devront l'existence. Il te sera même donné de ressusciter les morts. Mais pour l'avoir essayé une fois, en dépit de l'ordre établi par les dieux, la foudre de ton aïeul t'empêchera de le tenter encore. » (Ovide.) La prophétesse voyait juste, puisque Esculape devait être foudroyé par Jupiter pour avoir ressuscité Hippolyte ; mais ceux qui savent lire l'avenir ne doivent pas toujours le révéler, et Ocyrhoé paya chèrement son langage indiscret. Elle sent bientôt qu'elle s'est attiré le courroux des dieux et s'aperçoit qu'elle est transformée en cavale. Elle veut gémir et ne pousse que des hennissements. Ses doigts se collent ensemble, ses ongles réunis s'arrondissent en sabots, sa bouche s'agrandit, son cou s'allonge, le bas de sa robe se change en queue et ses cheveux épars forment la crinière, qui flotte à droite sur son cou.

Le bruit se répandit bientôt que l'enfant qui venait de naître à Epi-

dniirc savait guérir toutes les maladies et même ressiiseiter les morts. Esculape a fait un grand nombre de guérisons merveilleuses ; mais ce sont surtout ses résurrections i\m ont fait sa ré[)utati()ii. Ouand il (Mit ressuscité Ilippolyte, le fils de Thésée, ({u'un monstre marin avait tué, Pluton se plaignit à Jupiter qu'on empiétait sur ses droits, en lui retirant ses sujets, et le maître des dieux, trouvant cette plainte fondée, foudroya Esculape.

Apollon chez Adméte. — Apollon, furieuv de voir (|ue Jupiter avait foudroyé son fils Esculape. prit son carquois et ses flèches, et s'en alla tuei- tous les Cyclopes, ouvriers chargés de fahiiipier la foudre. Ju})iter le bannit du ciel et Apollon, réduit à la condition d'un mortel, fut obligé, pour gagner sa vie, d'aller garder les trou[)eaux d'Admète, roi de Thessalie. Il alla ensuite avec Neptune élever les murs de Troie pour Laomédon, qui lui refusa son salaire quand l'ouvrage fut terminé. Apollon s'en vengea en envoyant une épidémie dans le pays. Enfin, après qu'il eut vécu quelque temps sur la terre, dans un(^ condition assez humble, Jupiter lui pardonna et lui permit de remonter dans l'Olympe.

L'Albane, qui ne pouvait admettre ([u'un dieu comme Apollon fît longtemps les fonctions de berger, nous le montre au moment où Mercure vient lui annoncer sa délivrance et la fin de son exil. Le dieu, qui tient d'une main sa lyre et de l'autre son bâton pastoral, aperçoit au loin les Muses rassemblées sur les bords de l'IIippocrène , et Pégase au sommet de l'ilélicon ; dans le ciel, les divinités de l'Olympe, portées sur des nuages, s'apprêtent à lui faire accueil.

Le pasteur Aristée. — Le pasteur Aristée est une divinité qui préside aux troupeaux, mais sa mission spéciale est surtout l'éducation des abeilles. Il était fils d'Apollon et de la nymphe Cyrène-Apollon,, ayant aperçu cette nymphe, en devint épris et désirant savoir qui elle était et quelle était sa famille, il alla le demander au centaure Chiron, qui était devin. Celui-ci parut étonné de la question. « Tu me demandes, dit-il, l'origine de cette nymphe. Toi qui connais l'impérieuse destinée de tous les êtres, toi qui comptes les feuilles que la terre au printeiups fait éclore et les grains de sable que les Ilots et les vents roulent dans les tleuves et dans les mers, toi dont l'œil i>erçant découvre tout ce qui est, tout ce qui sera ! Mais puisque tu l'ordonnes, je vais te répondre : le sort te conduit en ces lieux pour être l'époux de Cyrène et la transporter au delà des mers dans les délicieux jardins de Jupiter. Là, sur une colline qu'entourent de riches campagnes, s'élèvera une cité puissante, peuplée d'une colonie d'insulaires dont tu l'établiras souveraine.

« En ta faveur, la vaste et féconde Libye recevra avec empressement

Fig. 239. — Aristce (d';!])!-!';; une statue antique du Louvre).

cette nymphe destinée à donner des lois à une contrée également célc-bre par sa fertilité et par les animaux féroces qu'elle nourrit. Elle y mettra au jour un lils que Mercure ravira aux l)aisers de sa mère pour le confier aux soins de la Terre et des Heures aux trônes étincelants. Ces déesses recevront Tenfant divin sur leurs genoux, feront couler sur ses lèvres le nectar et lambroisie et le rendront immortel comme Jupiter et Apollon. Il sera la joie de ses amis, veillera à la garde de nombreux troupeaux, et son goût pour les travaux des chasseurs et des bergers lui méritera le nom d'Aristée. » (Pixdare.)

Le berger Aristée fut surtout grand éleveur d'abeilles, mais c'est comme bon pastcnr qu'il apparaît ordinairement dans l'art. De nombreux monuments le représentent rapportant une brebis sur ses épaules et les artistes chrétiens ont adopté ce type qui paraît fréquemment dans leurs productions. Dans les catacombes de Rome, Jésus-Christ est représenté sous la forme et avec les attributs du berger Aristée.

ESCULAPE.

Esculape et Hvgio. — Le .serpent dEsculape. — Le temple d'Lpidaïue. — Les ti'aitemenls d'Esculape. — Esculape à Rome. — Hercule et Esculape.

Esculape et Hygie. — Esculape apparaît dans l'art sous les traits d'un homme mùr avec une expression douce et riante, debout et la chevelure nouée avec un ruban; il lient à la main droite un l)àton autour duquel s'ônroule le serpent. Il est souvent associé à un jeune garçon, Téiesphore (fig. 240), le génie de la guérison, ou à sa fdle Hygie,