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nymphes voient leurs sources taries, les fleuves ne peuvent plus rouler leurs eaux. Neptune en courroux veut trois l'ois sortir de la mer ses bras nerveux ; et trois fois, la chaleur Toblige à chercher un refuge dans ses profondeurs. (Ovide.)

Jupiter, voyant que l'embrasement du monde allait être universel, veut faire tomber ses pluies sur la terre, mais il ne trouve plus ni nuages ni vapeurs. Il prend alors sa foudre et foudroie Phaéton, qui tombe de son char(fig. 253). Le malheureux Soleil, accablé de la douleur que lui cause la mort de son fils, se refusait à éclairer la terre, à qui l'embrasement seul servit de lumière pendant quelque temps, et il ne reprit ses fonctions que sur un ordre absolu de Jupiter.

Les sœurs de Phaéthon. — Les sœurs de Phaéthon conçurent un tel chagrin de la mort de leur frère que pendant quatre mois elles ne

Fig. 254. — Phaétuse (d'après une statue de Théodon, musée du Louvre).

purent quitter son tombeau. Comme elles ne cessaient de pleurer en ce lieu, elles sentirent bientôt que leurs pieds prenaient racine et que leur corps se couvrait d'écorce. Les larmes qui coulaient de ces nouveaux ar-

bres s'ondiircirent au soleil ci devinront autant de grains d'aïubre. L'Eridan les reçut et c'est là qu'on allait les prendre pour faire les bijoux dont se paraient les dames romaines. (Ovide.)

On voit sur quel([ues monuments les Iléliades, sœurs de PliacMbon, ^qui pleurent la mort de leur frèr(> et commencent à être métamorphosées en peupliers. Rubens a fait sur la chute de Phaéthon un tableau (jui se trouve à Vienne dans la galerie Lichtenstein. Dans sa décoration de riiôtel Lambert, Lesueur avait peint IMiaéthon qui demande à conduire le char du Soleil. Enfin une jolie statue de Théodon, au musée du • Louvre, nous montre Phaéthuse, l'une des sœurs de Phaétlum, au moment de sa métamorphose (fig. 254).

Le roi Cycnus. — Le roi Cycnus, qui était un ami de Phaéthon, fut témoin de ces prodiges. 11 fut même tellement frappé de la catastrophe arrivée au fils du Soleil que, par haine du feu, il était toujours plongé dans l'eau froide. Comme il ne quittait pas l'eau, son corps finit par changer: ses cheveux devinrent des plumes blanclies, son col s'allongea démesurément, ses doigts se réunirent par une membrane rou-geâtre, un bec lui tint lieu de bouche et de grandes ailes poussèrent de chaque côté de son corps : les dieux l'avaient métamorphosé en cygne.

L'antiquité nous a laissé quelques monuments de cette fable. Quelquefois on voit Phaéthon étendu pendant que le char encore entier est au milieu des airs, ou bien le char brisé ne montre qu'une roue et les chevaux épouvantés fuient en désordre. Dans d'autres, le malheureux conducteur est encore sur son char, mais le mouvement des chevaux qui se cabrent peut faire prévoir sa chute. Un bas-relief de la villa Borghèse représente en plusieurs scènes l'histoire de Phaéton (fig. 236). Dans un coin, sur un lieu élevé, nous voyons Hélios, le Soleil, portant la couronne radiée et tenant en main un flambeau et une corne d'abondance. Son jeune fils, placé devant lui, lui demande la permission fatale et aux deux coins du monument on voit les deux vents opposés, qui soufflent en sens inverse. Les chevaux s'emportent, entraînant le char disloqué : deux seulement sont encore attelés, et sont un peu maintenus par Castor et Pollux, les deux cavaliers divins, reconnaissables à leur bonnet conique. Dans la partie inférieure on voit dans le coin à droite, la Terre à demi couchée et près d'elle les génies des trois saisons : en face est la Mer tenant une rame, et à qui un génie présente un coquillage. Entre elles, Jupiter et Junon représentent les divinités de l'air. Puis le fleuve Elridan,le dos tourné à la mer, reçoit Phaéthon dans sa chute. Cycnus pleure la mort de son ami et amène le cygne dont il va prendre la forme; il est suivi de son fils et des trois sœurs de Phaéthon, qui vont être changées en peupliers.

(( L'ambre, si vous en croyez la Fable, dit Lucien, provient des larmes versées par les peupliers de TElridan, qui sont les sœurs de Phaéthon, changées en arbres, à force de pleurer le malheureux jeune homme, et distillant des pleurs qui forment l'ambre. Convaincu de la réalité de ce récit des poètes, j'espérais que, si un jour je me trouvais près de rÉridan, j'irais tendre le pan de ma robe sous l'un de ces peupliers et que je recueillerais quelques-unes de ces larmes ambrées. Il n'y a donc pas longtemps, qu'obligé d'aller dans ce pays pour un tout autre objet, je me mis à remonter rF]ridan; mais je n'aperçus ni peupliers ni ambre, quoique attentif à bien regarder autour de moi. Les habitants du pays ne connaissent pas même le nom de Phaéthon. Je m'informe, je demande quand est-ce que nous allons arriver aux peupliers qui distillent de Fambre. Les bateliers se mettent à rire et me prient de leur expliquer nettement ce que je veux dire. Je leur raconte alors l'histoire de Phaéthon. « Quel est donc le menteur, me disent-ils, quel est l'imposteur <( qui vous a raconté cela? Nous n'avons jamais vu de cocher tomber ici « de son siège, et nous n'avons pas les peupliers que vous dites. Croyez-« vous, si cela était, que nous nous fatiguerions à ramer pour deux « oboles et à remonter les bateaux contre le courant du fleuve, tandis « qu'il ne tiendrait qu'à nous de nous enrichir en recueillant les larmes <( de ces peupliers? » (Lucien.)

DIANE, SŒUR D'APOLLON.

Type et attributs de Diane. — Diane chasseresse. — Le châtiment d'Acléon. — Le? nymphes de Diane. — Diane et Calisto.

Type et attributs de Diane. — La sœur d'Apollon, Diane (Arté-mis), répond à la lune, comme Apollon an soleil. La ressemblance du croissant de la lune avec un arc d'or lui a fait donner les attributs d'une chasseresse. L'arc et le flambeau la caractérisent. La coiffure habituelle de Diane est une chevelure nouée en une seule touffe der-

Fig. 256. — Diane (d'après une statue antique du musée de Naples).

rière la tète ou sur le front, selon la mode dorienne. Originairement, elle est enveloppée dans de longs vêtements, et c'est ainsi qu'elle est figurée dans les représentations archaïques (fig. 256). Plus tard, son vêtement se modifie : dans la grande époque de l'art elle est vêtue de la courte chemise dorienne. Les bras et les jambes nus, elle court dans les bois en compagnie de ses nymphes. Elle est souvent sur son char

DIANE, SŒUR D'APOLLON.

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traîné par des biches ou des cerfs, ou bien debout et marchant rapidement suivie de son animal favori. Plusieurs monnaies représentent la déesse ou ses attributs.

Fig. 257. — Diane (d'après une monnaie antique).

Fig. 258. — Le cerf, attribut de Diane (sur une monnaie antique).

L'hymne antique de Callimaque décrit exactement les désirs et les attributions delà déesse : « Chantons Diane... (malheur aux poètes qui Toublient!) Chantons la déesse qui se plaît à lancer des traits, à poursuivre les daims, à former des danses et des jeux sur la cime des montagnes. Rappelons ce jour où Diane, encore enfant, était assise sur les genoux de Jupiter, et lui adressait sa prière. « Accorde, ô mon père ! accorde l'i ta fille de rester toujours vierge et de porter assez de noms divers pour que Phébus ne puisse le lui disputer. Donne-moi, comme à Phébus,

un arc et des flèches Non, mon père, ce n'est point à toi d'armer ta

fille ; les Cyclopes s'empresseront bientôt de me fabriquer des traits, de me forger un carquois. Mais donne-moi l'attribut distinctif de porter des flambeaux et de revêtir une tunique à franges qui ne me descendra que jusqu'aux genoux pour ne me point embarrasser à la chasse. Attache à ma suite soixante filles de l'Océan qui soient toutes à l'âge où on ne porte point encore de ceinture '. Que vingt autres nymphes destinées à me servir aux heures où je cesserai de percer les lynx et les cerfs, prennent soin de mes brodequins et de mes chiens fidèles. Cède-moi les montagnes. Je ne demande qu'une ville à ton choix ; Diane descendra rarement dans les villes. J'habiterai les monts, et n'approcherai des cités qu'au moment où les femmes, travaillées des douleurs aiguës de l'enfantement, m'appelleront à leur aide. Tu sais qu'au jour de ma naissance, les Parques m'ont imposé la loi de les secourir, parce que le sein qui m'a porté n'a point connu la douleur et sans travail a déposé son fardeau. » (Callimaque.)