Cet hymne nous donne l'explication des principaux aspects sous lesquels Diane est représentée dans l'art. On lui donne l'épithète de chasseresse, quand elle poursuit le gibier; elle est appelée Diane YAfca-
1. I.es jeunes filles ne commenraient à porter des ceintures qu'après avoir atteint l'àare nubile.
APOLLON ET DIANE.
dirn)if\ lorsqu'elle se liaigne rnee ses ii\Mi]>lies dans les (Vais riiisseanx de l'Arcadie, Diane Lucifer, lorsqn'elle porte des llanibeaux (fig. 259), Diane Ilithyie, lorsqu'elle préside à la naissance des petits enfants.
Fis. 339. — Diane Lucifer,
Diane chasseresse. — Considérée comme déesse de la chasse, Diane est toujours armée de ses flèches et de son carquois. Catulle la présente comme la souveraine des montagnes, des bois et des fleuves; c'est tou-
Fig. 2G0. — Diane (d'après un buste antique^.
jours dans les vallées profondes, sous l'ombrage des forets ou sur le bord des ruisseaux que nous la voyons apparaître dans Virgile, dans Horace et en général dans tous les poètes. Sur les bas-reliefs, les mon-
Fig. 201. — piaiu; il lu biclu' ^d'après uiil- statue aiitiiiur, musée du Louvre).
DIANE, SŒUR D'APOLLON.
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naies et les pierres gravées, Diane est presque toujours représentée en habits de chasse. Habituellement elle a Tattitude d'une personne qui court, tenant de la main gauche un arc et portant la droite au carquois quelle a sur l'épaule, comme pour en tirer une flèche. Ses cheveux sont relevés et noués sur le front, ou bien forment une seule touffe placée derrière la tè(e ou sur le sommet (fig. 200). Sa robe ne descend pas tout à fait jusqu'aux genoux et laisse une partie de la cuisse à découvert. On voit que c'est un costume fait pour ne gêner en rien la rapidité de la course. Souvent la déesse est accompagnée d'un chien ou d'un cerf, mais alors le cerf, aussi bien que le chien, semble lui-même poursuivre d'autres animaux : il figure là comme compagnon de Diane, dont il symbolise l'agilité.
Parmi les nombreuses représentations que l'art antique nous en a laissées, la plus célèbre est la Diane à la biche d.u Louvre (fig. 261). Elle est
^ Fig. 2G2. — Diane (statue en b"o;izj dj lieu loiu statue du Louvre).
coiffée d un diadème et ses cheveux sont noués sur l'occiput. La déesse, qui est représentée au moment d'une course rapide, est vêtue d'un chiton court finement plissé qui laisse à nu les bras et les jambes. Son manteau, placé en écharpe sur l'épaule, vient se nouer en manière de ceinture autour de sa taille. Sa main droite tire une flèche de son carquois, tandis que la gauche tenait probablement un arc. La biche Cérinée,
APOLLON ET DIANE.
dont le. cornes étaient .lor, accompagne la déesse, dont elle etai a-timal favon. 11 existe plusieurs répétitions de ce type, rna.s la statue du Louvre est de beaucoup la plus belle.
Les slatuai.es modernes ont fréquemment représente ^^^"^ ^^^^ resse, et ils ont eu quelquefois le tort de la montrer entièrement nue. La
ToruooononoanaL
Fis;. 5G3.
Diane (daprès un groupe de Jean Goujon, musée du Louvre).
nu moi
dite d'une femme «lui court i.rète difficilement à la plastique : néan-ns lloudon a fait une gracieuse figure avec sa Diane chasseresse,
qui ua d-autres vêtements que son arc et sa ûèche (fig. 2Cr2). Dans son chef-d'œuvre du Louvre (fig. 2G3), Jean Goujon s'éloigne moins de la
Fig. 264. — Diane de Gabies (statue antique, musée du Louvre).
tradition mythologique, puisque la déesse est représentée dans l'attitude du repos et caressant son cerf au sortir du bain. Les tresses ornées de bijoux, que l'artiste amis dans ses cheveux, sont unecoiffnro du seizième siècle, mais rien ne prouve que le visage soit, comme on Ta dit, un portrait de Diane de Poitiers.
Le châtiment d'Actéon. — Dans l'art antique, Diane ne paraît jamais nue, par la raison que, quand elle se baigne, aucun œil humain ne peut la regarder impunément : l'histoire d'Actéon en est la
Fig. 2C5. — Actéon dévoré par ses chiens (d'après une statue antique du musée Britannique, à Londres).
preuve. « Dans un vallon consacré à Diane et ombragé de pins et de cyprès était un antre sombre et obscur ; quoiqu'il eût été formé par la seule nature, on l'aurait pris aisément pour un ouvrage de l'art. L'on y voyait une voûte de rocailles et de pierres ponces; à la droite de cette arcade coulait avec un doux murmure une fontaine d'eau claire, entre deux rives couvertes d'herbe et de gazon. La déesse des forets, quand elle était fatiguée de la chasse, venait ordinairement se baigner dans ce charmant ruisseau. Lorsqu'elle arrivait, elle donnait à ses compagnes son arc. ses flèches et son carquois, tandis que d'autres nymphes lui défaisaient sa chaussure et lui atta-
APOLLON ET DL\NE.
cliaient SOS longs cheveux. Un joui le chasseur Actéon, se promenant dans h> hois, fut conduit par son mauvais destin dans le lieu où la déesse se haiiiiiait ; il ne fut pas jdutO)! arrivé près de la fontaine (jue les nym-j)iies,se voyant exposées nues aux regards d'un homme, remplissent la
Fig. 2GG. — Actéon (d'après un bas-relief antique).
forêt de leurs cris et se rangent autour de Diane pour la cacher ; mais la déesse, plus grande que ses nymphes, les dépassait de toute la tète. Une rougeur subite couvrit son visage qu'elle cacha aussitôt, et, n'ayant pas ses flèches, déposées sous un buisson, elle lança quelques gouttes d'eau
Fig. 267. — Diane surprise par Actéon (d'après un tableau de Lesueur).
sur la tète d'Actéon, en disant : « Va maintenant, si tu le peux, te vanter d'avoir vu Diane au bain. » Au même moment la tête du malheureux chasseur se couvre d'un bois de cerf, son cou et ses oreilles s'allongent, ses bras deviennent des jambes longues et menues et tout son corps se
couvre d'un poil tachcl(^^u même temps son cœur est saisi d'une timidité inconnue, et preucfnt la fuite, il s'étonne de la rapidité de sa course. I^tant arrivé au bord d'une rivière, il aperçoit sa tète dans le cristal de l'eau et voit qu'il est métamorphosé en cerf. Il veut crier et ne trouve pas de paroles humaines pour s'exprimer. Pendant qu'il gémissait ainsi, ses propres chiens l'aperçoivent et toute la meute fond sur lui. 11 veut s'enfuir, mais il est atteint et déchiré dans les lieux mêmes où tant de fois il avait chassé. » (Ovide.)
L'art ne représente jamais Actéon sous la forme d'un cerf, mais seulement avec des rudiments de cornes qui commencent à pousser. C'est ainsi qu'il apparaît dans une statue antique du British Muséum
Fig. 268. — Diane et Actéon (d'après un tableau de l'Albane).