APOLLON ET DLVNK.
ter sa fcninio. et revint an hoiit di' (|iiel(|iie temps avec un yisage et une tonrnnic dillei-enle. il liouxa l'roeris en larmes, et ne voulant voii-personiu', mais (jnand elle eut appris (]iril était arrivé un étranger qui se disail ami de son niaii, elle raecueillit dans l'espoir d'entendre an
Fig. 281. — L'Aurore et Céphalc (d'après une peinturc de vase).
moins parler de celui qu'elle aimait et qui l'avait quitfée. Céphale, curieux de pousser l'aventure jusqu'au bout, fit tant qu'il finit par faire consentir Procris à accepter lui nouvel hymen ; mais à peine avait-elle prononcé le oui, que Céphale reprit sa première et véritable figure. Procris confuse s'enfuit dans les bois et prit la résolution de ne plus revoir son époux et de se consacrer au culte de Diane.
L'Aurore s'applaudissait de son stratagème, et espérait bien remplacer Procris dans le cœur de Céphale. Mais Diane ne l'entendit pas ainsi : elle remit à Procris un carquois et des flèches merveilleuses qui atteignaient toujours le but, et l'ayant rendu(> complètement méconnaissable en lui donnant un aiitre visage, elle lui enjoignit d'aller tenter sur Céphale la môme épreuve que Céphale avait faite sur elle. Procris obéit et, s'étant approchée de Céphale qui ne pouvait la reconnaître, elle lui montra ses flèches merveilleuses, qu'elle voulait apporter en dot à son époux. Enfin elle s'y prit si bien qu'elle amena Céphale à lui proposer un hymen, et dès qu'il eut consenti, elle reprit son [)remier visage.
La réconciliation eut lieu; mais Procris, jalouse de l'Aurore dont elle connaissait la passion, prit le parti d'accompagner son mari, partout oii il irait, menu? à la chasse. Un jour qu'elle était ])armi les broussailles, Céphale entendant un bruit qu'il prit pour celui d'une biche, lança son dard et tua la malhem'euse Procris. Désespéré, il alla se jeter dans la mer, près du })i'omontoire de Leucade,
Les mythologues présentent Céphale comme une des nombreuses personnilications que prend le soleil levant dans la mythologie grecque ; il est aimé à la fois par l'Aurore et par la Rosée (Procris), mais il ne peut pas s'unir à l'Aurore, quoi qu'elle fasse, tandis qu'il cherche avidement la fraîcheur que donne la Rosée, seulement il la tue par ses ravons desséchants.
L'AURORE.
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liubens a fait une nioH do Procris. Lo peintre allemand Elzoimer, qui vivait à la fin du xvn' siècle, a montré un style tudesquc dans sa composition de Céphale et Procris. Au milieu d'un paysage, où chaque feuille et chaque herbe sont minutieusement étudiées, on voit Céphale
Fig. 28?. — Pi'ocris et son chien (d'après une pierre gravée antique).
occupé à ramasser des simples, pour guérir Procris qu'il vient de blesser. Le Hollandais Poelenburg a mieux co.mpris son sujet : sa Procris est vraiment jolie, et le mouvement gracieux qu'elle fait en mourant semble un reproche adressé à son amant qui a pu la confondre avec une biche.
Le géant Orion. — La Fable ne s'en est pas tenue là pour l'Aurore et elle lui prête encore d'autres aventures. Il paraît qu'elle avait plu au dieu Mars, et Vénus, par jalousie, lui suscita des désagréments. C'est ainsi qu'elle lui inspira inie passion pour le géant Orion. Ce géant était venu au monde dans des circonstances tout à fait exceptionnelles.
Son père était veuf et sans enfants; il avait promis à sa femme mourante de ne pas se remarier. Jupiter, ISeptune et Mercure vinrent un jour dans sa cabane lui demander l'hospitalité,- et le brave homme leur sacrifia un bœuf qui était tout son avoir. Touchés de sa piété, les dieux lui promirent d'exaucer le souhait qu'il ferait, et le souhait du vieillard fut d'avoir un enfant sans le concours d'aucune femme. Les dieux, qui ne sont jamais embarrassés, lui ordonnèrent d'enterrer la peau du bœuf qu'il avait sacrifié, et de n'y plus toucher pendjuit neuf mois, A l'époque voulue, le })etit nouveau-né fut trouvé dans la terre à la place de la })eau de boMif et reçut de son père le nom d'Orion.
Dovonii grand, ou pliilot giganfesciiic, puisque sa tcMc moulait jusqu'aux nuages, Oriou devint épris de Méiope, fille d'OEnopion, et la demanda en mariage. Irrité d'avoir essuyé un refus, il l'enleva. OEnopion supplia Bacclius de ne pas laisser cet outrage impuni ; le dieu envoya à Orion un profond sonnueil, pendant lequel OEnopion lui creva les yeux. Cependant un oracle ayant prédit à Orion qu'il lecouvrerait la vui' par les premiers rayons du soleil levant, il se Idiirna du coté de l'orient, et ce fut sans doute à cette occasion (jiie l'Aurore, qui l'aperçut, conçut pour lui une passion tellement Aive (pi'elle l'enleva.
Cette union ne fut pas de longue durée, car Apollon, s'étant aperçu que Diane avait un certain penchant pour Orion et craignant qu'elle ne s'y abandonnât, atTecta un jour de douter de l'adresse de sa sœur dans le maniement de l'arc, et, lui montrant sur la mer un point noir tpi'on distinguait à peine à l'horizon, il lui demanda si elle pourrait atteindre jusque-là. Diane envoya sa tléche, qui atteignit Orion à la tète, car c'était lui qui nageait dans la mer sans prévoir le danger ((u^il courait. C'est ainsi que l'Aurore, toujours malheureuse en amour, devint veuve une seconde fois. Au reste, Orion après sa mort fut transformé en une brillante constellation qu'on représente sous la forme d'un homme armé d'un glaive.
CHAPITRE XVl
LES CRÉPUSCULES.
Le cygne de Léda. — Castor et Pollu\. — Hilaire et Phœljô. partagée. — L"étoile du soir et celle du malin.
Liminortalili'
Le cygne de Léda. — Los crépuscules personnifiés, Castor et Pol-lu\, sont venus au monde dans un œuf. Une peinture d'Herculanum représente leur mère Léda, qui montre l'œuf contenant les petits enfants, à son époux Tyndare, roi de Sparte.
Fig. 283. — Castor et PoUux (pierre gravée;
Léda avait plu à Jupiter : le roi des Dieux, désirant s'approcher d'elle, se métamorphosa en cytrne et pria Vénus de se changer en aigle et de faire mine de le poursuivre à outrance. Le cygne ainsi poursuivi s'approcha des hords de l'Eu rotas, et au moment où l'aigle allait latttMndre, il se réfugia auprès de Léda, comme |)0ur lui demander protection. Léda ayant effarouché l'aigle avec sa main, le cygne commença à battre des ailes et resta près de sa protectrice, pour lui prouver sa joie et sa reconnaissance. Un grand nombre de monuments antiques, et surtout de pierres gravées, représentent Léda à côté du cygne. Les peintres modernes ont vu dans ce sujet un prétexte pour opposer les carnations blanches dune femme au plumage encore plus blanc du cygne. Corrége a montré Léda entourée de ses compagnes et jouant avec son cygne. Paul Véronèse et le Tintoret ont également représenté cette scène ; mais les Vénitiens ne se pi([uaient jtas d'une bien grande exactitude dans leurs rejirésentations mythologiques. Au lieu de faire passer l'aventure au bord de l'Eurotas, le Tintoret la place
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APOLLON ET DIANE.
dans une (.hanibri?, et Léda, trouvant sans doute ([u'un aussi grand oiseau doit être ineoniniode dans un appartement, semble ordonner à sa servante de le loger dans une eagc; à poulets où sont déjà dautres volailles : son petit eliien ja|>pe après le eygiie importun.
Castor et Pollux. — Castor et Pollux étaient jumeaux ; mais Castor, tils de Tyndare et de Léda, était mortel, tandis que Pollux, fils de .lupiter, avait le privilège de l'immortalité divine. Au reste, on les appelle indistinetementDioscures, c'est-à-dire fils de Jupiter, ou bien Tyn-daridcjB, c'est-à-dire fils de Tyndare. Les deux héros se distinguèrent dans la grande expédition des Argonautes. Pollux tua le terrible Amy-cus, fils de Neptune et roi des Bébryciens, qui était d'une force extraordinaire et obligeait les étrangers àj soutenir contre lui un combat au ceste : iiles tuait après les avoir vaincus. Cette lutte fameuse, et plusieurs victoires qu'il avait remportées aux jeux qu'Hercule fit célébrer en Elide,