Выбрать главу

Fig. 307. — Dédale et Icare (d'après un tableau de Landon).

lissait la cire qui devait les attacher; il regardait même quelquefois en badinant l'ouvrage de son père. Dès qu'il fut achevé, Dédale en fit l'essai, et ayant pris l'essor, se tint suspendu au milieu des airs ; ce fut de là qu'adressant la parole à Icare, il lui parla de la sorte : « Aie soin, mon fils, de voler toujours dans le milieu des airs; si tu descendais trop bas, l'humidité de l'eau appesantirait tes ailes ; si tu t'élevais trop haut, la chaleur du soleil les brûlerait ; tiens donc un juste milieu entre ces deux extrémités. »

Après cette exhortation, il lui attacha en tremblant, et la larme à l'œil, les ailes qu'il avait faites pour lui et lui apprit en peu de mots de quelle manière il pouvait s'en servir. Enfin, il Tejnbrasse pour la dernière fois, et monte avec lui sur la tour d'où ils prennent tous deux leur vol. Landon a représenté cette scène (fig, 307).

DEDALE.

:}o5

« Frappé d'étonnement à la vue diiii prodij^e si inouï et voulant les considérer plus à leur aise, le pêcheur qui les prend pour des dieux, s'appuie sur sa ligne, le berger sur sa houlette, et le laboureur sur sa charrue. Déjà Dédale et Icare avaient laissé l'île de Sanios. consacrée

Fig. 308. — La mort d'Icare id"après une peinture d"Herculanum).

à Junon, celles de Délos et de Parcs, lorsque le jeune Icare, devenu plus hardi, commença à prendre l'essor, et abandonna son guide pour s'élever plus haut. L'ardeur du soleil ayant fondu la cire qui attachait les plumes de ses ailes, il eut beau remuer les bras pour se soutenir et appeler son père à son secours, il tomba pâle et tremblant dans la mer. Dédale, qui venait de perdre son fils de vue, l'appelle en vain : « Icare, mon cher Icare, où es-tu? qu'cs-tu devenu? » Il parlait encore, lorsqu'il aperçut son tils gisant au bord de la mer et les plumes de ses ailes qui flottaient sur l'onde. » (Ovide. )Sur une peinture d'Herculanum. Dédale est représenté volant dans les airs au moment où il aperçoit son fils mort (fîg. 308). Le sculpteur Slodtz a fait une statue d'Icare, qui a été son morceau de réception à l'Académie.

Après avoir rendu les derniers devoirs à son fils. Dédale alla a Cnmes, oii il fonda un temple d'Aiiollon. Il eonsacra à ce dieu ses ailes, et peignit toute son histoire sur les juurs du temple qu'il avait élevé. Il exécuta eneore en Sicile [tlusicMu-s ouvi-ages remarquables, entre autres un rocher très-élevé (pTil travailla i\c manière à pouvoir y bâtir une ville imprenable, parce qu'on ne pouvait y arriver que par un petit chemin étroit et tortueux que trois ou quatre hommes suffisaient à défendre.

Le portrait d'Hercule. — Comme sculpteur, Dédale passe pour être le premier qui ait écarté les jambes et ouvert les yeux de ses personnages. Il était très-lié avec Hercule, et pour faire une gracieuseté à ce h&ros, il modela son image, et la plaça sur le chemin qu'Hercule prenait habituellement quand il allait combattre les monstres. Il avait si bien exprimé la force du héros, et la statue qu'il avait IVtite semblait tellement vivante, qu'Hercule, croyant avoir affaire à un ennemi digne de lui, prit un énorme quartier de rocher, et le lança contre la statue qui fut pulvérisée.

Toute la fable de Dédale montre l'étonnemcnt que causaient aux premiers hommes les merveilles de l'industrie naissante. C'est à la môme pensée qu'on peut rattacher les histoires des Telchines et des Dactyles.

Les Telchines et les Dactyles. — Les Telchines. génies mystérieux qui se rattachent aux origines de l'industrie humaine, passent dans certaines traditions pour les premiers instituteurs du culte et les inventeurs des arts. Ils sont surtout très-habiles métallurgistes et savent donner aux métaux toutes les formes qu'ils veulent. Ce sont eux qui firent les premières statues des immortels, qui fabriquèrent la faux de Saturne et le trident de Neptune. Les Telchines sont en môme temps des enchanteurs très-versés dans la magie, qui prennent eux-mêmes toutes les formes qu'ils veulent, et ont la faculté de jeter le mauvais œil à leurs ennemis. On les croit originaires de l'île de Rhodes.

Les mêmes talents sont donnés aux Dactyles, génies phrygiens, qui enseignèrent aux hommes la fonte des métaux et la mise en œuvre du fer et de l'airain. Ils sont aussi très-redoutés comme magiciens et les fables qui les concernent, aussi bien que les Telchines, présentent la plus grande confusion. Elles se rapportent assurément aux anciennes corporations d'ouvriers qui se formèrent, quand on a commencé à se servir des métaux, et dont les procédés de travail prenaient aux yeux des populations un caractère très-prononcé de magie.

MINERVE.

Naissance de Minerve. — Yulcain et Minerve. — Pandrose. — Dispute de Minerve et Neptune. —^*Type et attributs de Minerve. — Le casque et TÉgide. — Le géant Encelade. — Minerve et l'Amour. — La flûte de Marsyas. — Minerve ouvrière. — Minerve et Arachné. — La fête des Panathénées.

La naissance de Minerve. — Métis, la réflexion personnifiée, îfNait été la })remiére é|M)iis(' de Jupiter. Ce fut elle qui donna au vieux Saturne un breuvage pour lui faire rendre les jeunes dieux qu'il avait avalés. Comme elle élait enceinte, elle prédit à Jupiter qu'elle aurait d'abord une fille et ensuite un fils qui deviendrait maître du ciel. Le roi des Dieux, effrayé de cette prédiction, avala Métis. Quelque temps

Fig. 30D. — La naissance de Minerve (d'après un miroir étrusque}.

après, il fut pris d'un violent mal de tète et pria Vulcain de lui fendre la tète avec sa hache.

A peine Jupiter eut-il reçu sur la tète le coup de hache de Vulcain, que de son cerveau jaillit, armée de toutes pièces, sa fille Minerve, nouvelle incarnation de la sagesse divine. Cette fable d'un caractère tiès barbare et par conséquent très-ancien est représentée d'une façon naïve sur un bas-relief antique où par extraordinaire Vulcain est représenté imberbe (fig. 310).

Sur un miroir étrusque on voit llithyie, la déesse des accouchements.

qui assiste le roi des dieux et tire de sa tète Minerve, qui sort armée de son casque et de sa lanee. De l'autre côté est Vénus qui paraît venir aussi en aide à Jupiter et derrièie laquelle on voit perchée sur un arbre la colouihe (jui lui est consacrée. Ces divinités portent leurs noms gravés sur le miroir en langue étrus([ue (fig. 309).

Le même sujet décorait un des frontons du Parthénon, mais il est proJjable que la naissance était conçue tout autrement. Malheureusement, il ne reste l'ien de la partie centrale du fronton où cette scène était représentée.

Jupiter est la voûte du ciel d'où l'éclair jaillit lumineux et subit; comme il est aussi le maître des dieux, sa sagesse ne s'y reprend pas à deux fois pour sortir de son divin cervetiu. Minerve devait donc naître tout armée et pourvue de tous ses attributs. C'est ainsi que les statues nous la montrent, souvent avec la lance et le bouclier, mais toujours avec le casque et l'égide.

Lucien a raconté la naissance de Minerve sous forme de dialogue :

« VuLCAiN. Que faut-il que je fasse, Jupiter? J'arrive, par ton ordre, armé d'une hache bien affilée et qui })ourrait au besoin couper une pierre d'un seul coup.

Jupiter. A merveille, Vulcain : fends-moi la tète en deux.

VuLCAiN. Tu veux m'éprouver? ou bien es-tu fou? Donne-moi un ordre sérieux, dis ce que tu veux que je fasse !

Jupiter. Je te Lai dit, fends-moi la tète ; frappe de toutes tes forces et sans tarder : je ne puis vivre avec les douleurs qui me déchirent le cerveau.

VuLCALN. Prends garde, Jupiter, que nous n'allions faire une mauvaise besogne ; ma hache est affilée ; elle te fera veni?r du sang et ne t'accouchera pas à la façon de Lucine.

Jupiter. Frappe toujours, Vidcain, ne crains rien; je sais ce qu'il me faut.