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Vulcain. C'est malgré moi, mais je vais frapper ; car que faire quand tu l'ordonnes?... Que vois je? Une jeune fille armée de pied en cap! Tu avais là, Jupit(!r, un grand mal de tête! Il n'est pas étonnant que tu te sois montré irascible, quand tu portais toute vivante, sous la membrane de ton cerveau, une jeune fille de cette taille, et cela, tout armée ; nous ne savions pas que tu avais un camp au lieu de tête. Mais vois donc, elle saute : la voilà qui danse la pyrrhique, agite son bouclier, brandit sa lance, est saisie d'enthousiasme. Ce qui est plus fort, c'est (lu'elle est devenue tout d'un coup fort belle et bonne à marier. 11 est vrai qu'elle a les yeux gris, mais son casque rachète ce défaut. Ainsi Jupiter, pour prix de l'accouchement, donne-la-moi pour épouse.

Jupiter Tu me demandes l'impossible, Vulcaiii; elle veut rester

MINERVE.

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toujours vierge ; moi cependant je ne m'oppose pas à ce que tu désires. VuLCAiN. C'est tout ce que je demandais ; le reste est mon aiîaire; je vais l'enlever. » (Lucien.)

Vulcaiu et Jupiter.

Naissance d'Érechthée. — Vulcain se mit aussitôt en devoir d'aller trouver Minerve, et, ne doutant pas qu'elle ne fût à l'Acropole, il se rendit droit à Athènes. Dès qu'il l'eut aperçue, il marcha au-devant d'elle et voulut arranger l'affaire. Mais la déesse le reçut dune façon qui lui ôta toute envie de recommencer. Le pauvre forgeron en conçut un extrême dépit; pour montrer qu'il pouvait se passer d'elle, il résolut de se marier sur-le-champ, et s'adressa à la Terre, qui est très-bonne personne, et qui l'accepta malgré ses mains noires. De cette union naquit Érechthée, qui devint plus tard roi d'Athènes. Ce qui a fait naître cette fable singulière, c'est que les Athéniens, déjà placés sous la protection de Minerve, tenaient absolument à se rattacher par quelque lien au dieu du feu, qui préside à l'industrie des métaux.

La Terre n'eut pas plutôt produit Érechthée qu'elle laissa le petit nouveau-né sur le sol, sans s'en occuper plus que si c'eût été une couleuvre ou un ver de terre. Minerve, qui l'aperçut, en fut touchée de compassion, et l'ayant pris, elle le mit dans une corbeille et l'emporta dans son sanctuaire. Mais, malgré son bon cœur, elle ne pouvait se défendre de ses préoccupations guerrières, et comme elle montait à l'Acropole en portant sa corbeille, elle s'aperçut que sa ville n'était pas assez fortifiée du côté du couchant. Elle entra dans la maison de Cécrops, qui avait trois filles, Pandros*, Aglaure et Hersé, et, leur ayant confié le panier, qui était très-bien fermé, elle leur défendit de l'ouvrir pour voir ce qu'il contenait, et partit aussitôt chercher une montagne qu'elle jugeait nécessaire pour fortifier sa ville. Quand elle fut partie, Aglaure et Hersé, piquées par la curiosité, \oulurent ouvrir

yco

VULCAIX ET MINERVE.

le j)anicr. iiialgrc les remontrances de Pandrosc. Mais une eorneille, (jiii avait vu la chose, vint la raconter à Minerve, qui tenait déjà la montagne daas ses bras, et dans sa surprise la laissa tomber; c'est là l'origine du mont Lycabète.

Pandrose. — La déesse conçut une telle affection pour Pandrose, que non-seulement elle lui confia l'éducation de son petit protégé, mais encore elle voulut que Pandrose reçût après sa mort les honneurs divins. Ouand Ereclitliée fut roi d'Athènes, il s'empressa d'obtempérer à ce vœu, mais, associant dans sa reconnaissance la tille de Cécrops et la déesse qui l'avait jecueillie, il éleva un temple en deux parties dont l'une fut dédiée à Minerve et l'autre à Pandrose. Cet édifice fut brûlé par les Pecses, comme tous les monuments d'Athènes, et celui qui existe aujourd'hui a été élevé après les guerres médiques.

Dispute de Minerve et Neptune. — Athènes tire son nom d'Athéné (nom grec de Minerve), mais l'honneur de donner son nom à la ville que Cécrops venait de fonder fit naître entre Neptune et la

Fig. 311. — Minerve et Xeptuiie (d'après une Fig. 31-2. —Acropole (d'après une monnaie

médaille antique). antique.)

déesse une dispute célèbre. Cette dispute formait le sujet d'un des deux: frontons du Parthénon, qui furent sculptés par Phidias et dont les fragments mutilés font aujourd'hui partie du British Muséum à Londres. Elle figure également sur des monnaies antiques (fig. 311).

11 fallait mettre la ville nouvelle sous la protection d'une divinité. On décida qu'on prendrait pour protecteur de la ville le dieu qui produirait la chose la plus utile. Neptune, frappant la terre de son trident, créa le cheval et fit jaillir une source d'eau de mer, voulant dire par là que son peuple serait navigateur et guerrier. Mais Minerve dompta le cheval pour en faire un animal domestique, et ayant frappé la terre de sa lance, fit paraître un oliv-ier chargé de ses fruits, voulant montrer par là que son peuple serait grand par l'agriculture et l'industrie.

Cécrops, embarrassé, consulta son peuple, pour savoir à quel dieu il préférait se donner. Seulement, comme dans ces temps reculés on .n'avait pas encore imaginé que les femmes ne pouvaient pas tout aussi

bien que les hommes exercer des droits politiques, on fit voter tout le monde. Or, il arriva que tous les hommes votèrent pour Neptune, et toutes les femmes pour Minerve ; mais comme parmi les colons qui accompagnaient Cécrops, il y avait une femme de plus, Minerve l'emporta. Neptune protesta contre cette façon de juger le différend et en appela au tribunal des douze grands dieux. Mais ceux-ci firent venir Cécrops en témoignage, et le vote ayant été reconnu régulier, la ville fut consacrée à Minerve. Les Athéniens pourtant, craignant le courroux de Neptune qui avait déjà menacé de les engloutir, élevèrent dans l'Acropole un autel à V Oubli, monument de la réconciliation de Neptune et de Minerve ; puis Neptune fut admis à partager les honneurs de la déesse. Voilà comment les Athéniens devinrent un peuple navigateur en même temps qu'industrieux et agricole.

Minerve était pour les Athéniens la déesse par excellence et l'Acropole était la montagne sainte. L'Acropole figure sur une mounaie d'Athènes, assez grossière d'ailleurs (fig. 312). 11 n'y faut pas chercher une repré-

Fig. .313. — Minerve archaïque (sur une ancienne monnaie d'Atliènes).

sentation des édifices, mais on y voit dominer la grande Minerve de bronze, que les navigateurs saluaient de loin, comme protectrice de la cité. La confiance que Minerve inspirait, ne disparut que sous l'influence chrétienne, et un des derniers historiens païens, Zosime, ra-cont(> comment la déesse s'est montrée pour la dernière fois. « Alaric, dit-il, impatient de prendre Athènes, ne voulait pas s'arrêter à un autre siège. Il se hâta donc d'aller à Athènes dans l'espérance de la prendre, tant parce qu'il était fort difficile de défendre la grande étendue de ses murailles, que parce qu'il était déjà maître du Pirée, et qu'il y avait peu de provisions dans la ville. Voilà l'espérance dont Alaric se flattait. Mais cette ville si ancienne devait être conservée par la providence des Dieux au milieu d'un si terrible danger. La manière dont elle fut protégée est trop miraculeuse et trop capal»le d'inspirer des sentiments de piété, pour être passée sous silence. Lorsque Alaric se fut a[)-proché des murailles à la tête de son armée, il vit Minerve, telle qu'elle paraît dans ses images, faire le tour de la ville, et Achille tel que le décrit Homère apparut au haut des murailles. Alaric, épouvanté de ce spectacle, fit la pai\ et quitta la ville. » (Zosime.)

•M)û

VULCAIN Eï MINERVE.

Type et attributs de Minerve. — « A partir du jour, dit (MtlVicd Mullcr, où Phidias eut achevé de dessiner le caractère idéal de Miuerve-Athéué, un sérieuv plein de cabne, une force qui a conscience d'elle-même, un esprit clair et lucide, devim'cnt à tout jamais les principaux traits du caractèie de Pallas. Sa virginité la place au-dessus de toutes les faiblesses humaines, elle est troj) homme pour pouvoir s'abandonner à un homme. Le front [>ur, le nez long et fin, la ligne un peu dure de la bouche et des joues, le menton large et