Les artistes modernes ont compris leur sujet tout autrement. D'abord ils montrent toujours Andromède dans un état complet de nudité. Paul Véronèse et Rubens font descendre le héros du ciel et il se précipite de haut en bas pour combattre le monstre, à peu près comme l'ar-
VULCATN ET MINEHYE.
fliango saint Miclicl (juandil terrasse lo driiion. Dans le groupe de Pugct ([ui est au Louvre, Pcrsée est occupe à déliei- Andromède, (ielle-ci, entièrement nue, appuie un de ses bras déjà libre siu' ccluiJMu bcros ffig. 345).
Fig. .34.J. — Persée et Andromède (groupe de P. Puget. musée du Louvre).
Pour indiquer les conséquences de cette délivrance, le sculpteur a imaginé de placer aux pieds d'Andromède un amour encbaîné comme sa maîtresse et qui ne peut manquer de sourire au libérateur. Ce groupe avait été commandé pour le parc de Versailles, et lorsqu'il fut présenté a Louis XIV, le roi en fut enthousiasmé. Quelques observations furent néanmoins faites à l'artiste, au sujet de la figure d'Andromède qui est
LA GORGONE.
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un peu petite pour le Persée, Cette statue est,en somme loin de valoir le Milon de Crotone, du même artiste, auquel le roi l'a pourtant trouvée très-supérieure.
Les noces de Persée. — La salle du festin était préparée pour célébrer l'union de Persée avec Andromède, et les convives du héros écoutaient le récit de ses exploits, quand tout à coup des hommes armés se précipitèrent en grand nombre au milieu du banquet où ils jetèrent aussitôt le désordre et la confusion. A la tête des envahisseurs était Phinée, qui, autrefois fiancé îi Andromède, ne voulait pas lavoir passer dans les bras d'un autre. Il s'avança vers Persée, le javelot à la main : « Tu vois, lui dit-il, un rival qui vient venger l'alTront que tu lui as fait en lui enlevant son épouse. Ni tes ailes, ni ce prétendu Jupiter que tu dis s'être changé en pluie d'or pour te donner le jour, ne te déroberont au châtiment que tu mérites. » En disant ces mots, il lance son javelot contre le héros qui pare le coup en se baissant.
Les amis de Persée veulent venir à son aide, mais ils sont en petit nombre, et le prince grec se voit bientôt assailli de toutes parts. Andromède s'écrie qu'elle ne vent d'autre époux que celui à qui elle doit
Danaé. Blinerve. Persée. Polyciecte.
Fig. 346. — Persée montre h Polydecte la tète de Méduse (d'après une peinture de vase}.
la vie, les femmes qui l'entourent poussent des gémissements horribles, mais rien n'arrête Phinée et sa troupe. Persée, entouré de tous côtés, cherchant à se défendre contre les traits qu'on lui lance, mais voyant que toute sa valeur serait inutile contre tant de monde : « Puisque vous m'y contraignez, dit-il, en montrant la tête de Méduse, je vais appeler à mon secours l'ennemi que j'ai vaincu. Vous qui combattez pour moi, détournez vos yeux. » Deux cents guerriers, qui fondaient sur Persée demeurent aussitôt immobiles, et un silence profond succède au tumulte.
Plusicui'S dos amîs du héros, oubliant ce qu'il leur avait recommandé, regardent de son côté et sont pétrifiés en môme temps que ses ennemis; le palais ne contient bientôt que des statues de pierre posées dans les attitudes violentes d'hommes (jiii combattent à outrance.
Après ces exploits Persée résolut de rentrer dans ses États, et, en passant à Sériphe, il tua le roi Polydecte, qui avait outragé sa mère Danaé. Le retour de Persée à Sériphe est figuré sur un vase antique ; le héros tient d'une main la harpe et se détourne pour ne pas voir la tête de Méduse qu'il présente à Polydecte ; celui-ci est sans doute en train d'être pétrifié. Minerve est debout en face de Persée, et derrière elle on voit Danaé qui assiste à la scène, et attend probablement sa délivrance (fig. 340).
Quand Acrisius apprit l'arrivée de Persée à Argos, il se souvint de l'oracle et se retira dans une ville voisine. Persée avait résolu de ne lui faire aucun mal, mais comme il y avait des fêtes dans cette ville, il s'y rendit pour prendre part aux luttes qui devaient avoir lieu. En lançant son disque, il frappa involontairement Acrisius, qui mourut du coup. Ainsi fut accompli l'oracle.
LE CHEVAL PÉGASE.
Pégase soigné par les nymphes. — La source Hippocrènc, — La Chimère et
Bellérophon.
' Pégase soigné par les nymphes. — Oiiaiid le héros Persée tua la Gorgone Méduse, le sang qui jaillit forma Pégase, cheval ailé, fils de Neptune. Pégase se rendit dans l'Olympe où Jupiter lui donna pour
Fig. 347. — Pégase soigné par les nymphes (d'après une peinture de Pompci).
mission de conduire le char de l'Aurore. Les monuments antiques nous montrent les nymphes occupées à soigner le cheval ailé dont elles font la toilette (fig. 347).
Pégase était en outre en rapport avec les Muses, et c'est lui qui a fait apparaître les sources de rilippocrène, fontaine qui leur est consacrée, (/est une idée relativement modei-ne de montrer Pégase comme le cheval ailé sur lequel les poètes prennent leur essor. Pégase est bien
'M)>,
YULCAIN ET MINERVE.
|)liitot lo clieval «les lirros, et c'est avec son aide ({lie Belléroplion a pu combattre l'odieuse Cliiiiière. Minerve, qui avait aidé Pcrsée dans sa lutte contre la Gorgone, assista aussi Belléroplion, quand ce héros voulut dompter Pégase.
Fig. 348. — Lo cheval Pégase (d'après une monnaie antique
Belléroplion. — Pindarc nous apprend comment le cheval Pégase l'ut dompté par le héros corinthien Bellérophon : « Bellérophon brûlait du désir de dompter Pégase qui devait le jour à l'une des Gorgones aux. cheveux hérissés de serpents ; mais ses efforts furent inutiles jusqu'au moment où la chaste Pallas lui apporta un frein enrichi de rênes d'or. Réveillé en sursaut d'un sommeil profond, il la voit apparaître à ses yeux et l'entend prononcer ces paroles : « Tu dors, roi descendant d'Eole ! Prends ce philtre, seul capable de rendre les coursiers dociles ; après l'avoir offert à Neptune, ton aïeul, immole un superbe taureau à ce dieu
Fig. 349. — Pégase dompté par Bellérophon (d'après une monnaie antique).
liabile à dompter les coursiers. » La déesse à la noire égide ne lui en dit pas davantage au milieu du silence de la nuit. Bellérophon se lève aussitôt, et, saisissant le frein merveilleux, le porte au fils de Ceraunus, le devin de ces contrées. 11 lui raconte la vision qu'il a eue ; comment, docile à ses oracles, il s'est endormi pendant la nuit sur l'autel de la déesse, et comment la déesse lui a donné elle-même ce frein d'or sous lequel doit plier Pégase. Le devin lui ordonne de sacrifier sans retard après ce songe, d'élever un autel à Minerve Équestre, et d'immoler un taureau à Neptune. C'est ainsi (pie la puissance des dieux rend facile ce
LE CHEVAL PÉGASE.
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(flic les mortels jureraient être impossible et désespéreraient même d'exécuter jamais. Tressaillant d'allégresse, l'intrépide Bellérophon saisit le cheval ailé ; tel qu'un breuvage calmant, le frein dont il presse sa bou-
Fig. 350. — Pégase s'abreuvant (d'après un bas-relief antique).
che modère sa fougue impétueuse ; alors, s'élançant sur son dos, Bellérophon, revêtu de ses armes, le dresse au combat en se jouant, et bientôt se transporte avec lui dans le vide des airs. »