« dépendant Pélore avait un frère, le }^éant Mimas, qui, occupe a combattre dans nne autre contrée, a aperçu Pélore tomber. Mimas ne songe plus qu'à la vengeance et, se baissant dans la mer, il veut en arraclier nie de Lemnos ]»our la lancer contre le dieu. Mars jjrévient le cboc et <run coup de sa lance il perce la tête de Mimas, dont la cervelle se ré-[uiiid a droite et a gauche (iig. 357). »
Mars a été moins heureux a\ec d'autres géants; il aNait été l'ait prisonnier par Otluis et Ephialtes qui lavaient tenu enchaîné pendant
Fig. 3ô8. — Mars cncliaiiic est gardé par Otliu^ et Épliialtes i^d'après Flaxiiianj.
treize mois. Le sculpteur Fhixman nous montre même le dieu de la guerre dans une position assez humiliante (Iig. .'{58). Othus et E|)hialtes avaient tenté d'escalader le ciel en mettant le mont Ossa sur l'Ohmpe et le Pélion sur l'Ossa. Diaiu* fnt obligée, pour éviter leur poursuite, de se métamorphoser en biche, et comme elle fuyait rapidement entre eux deux, les deux frères géants lui lancèrent en même temps leurs javelots et se tuèrent ainsi l'un l'autre. (Apollodobe.)
MARS ET VENUS.
L'alliaiico de la uikmtc et de l'amour, de
Vénus et Mars. — L alliance de la pierre et de i amour, ae la force et de la lieaiile, est une idée tout à lait conforme à Tesprit grec. Tout brutal qu'il est, Mars ne peut résister à Vénus qui le subjugue et
Fig. 359. — Mars et Venus (d'après un groupe antiquei.
le maîtrise dun signe : de l'union de Mars et de Vénus est née Harmonie. Plusieurs monuments antiques, notamment le fameux groupe du musée de Florence et celui du nuisée Capitolin, reproduisent cette association qui se trouve également sur des pierres gravées (fig. 360).
Les Romains aimaient à se faire représenter avec leurs femmes, a^ec les attributs de Mars et Vénus ; c'était une allusion au courage de l'bomme et à la beauté de la femme. D'ailbfurs les Romains considéraient Mars et Vénus comme les auteurs de leur race, et sous l'époque impériale on donnait souvent aux dieux les traits des empereurs. C'est ainsi que nous avons au Louvre un groupe, dont le personnage masculin paraît être Adrien ou Marc-Aurèle, et qui figure Mars à côté de Vénus : seulement l'impératrice est vêtue. Plusieurs archéologues pensent que la Vénus de Milo a été associée à un Mars. L'art moderne a également associé ces deux divinités et, dans un charmant tableau du Louvre, le Poussin nous montre le dieu de la guerre oubliant ses attributs et son rôle pour sourire à la déesse, tandis que les amours jouent tranquillement avec les armes, au milieu d'un riant paysage.
Mars blessé par Diomède. — Mars, qui, dans la guerre de Troie, fut un ennemi acharné des Grecs, l'ut ])lessé par Diomède et poussa un cri semblable aux clameurs de dix mille combattants dans une mêlée furieuse. Il remonta dans l'Olympe exhaler ses plaintes contre le héros
MARS.
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grec et surtout contre Minerve qui avait dirigé le coup. « Tu as pour ta fille, dit-il à Jupiter, une indigne faiblesse, parce que tu as seul engendré cette divinité funeste. La voilà maintenant qui excite contre les dieux
Fig. 360.
Vonu?. Mars et l'Amour (d"après une pierre gravée antique, prime d'cmeraude).
la fureur insensée de Diomède.'L'audacieux ! 11 a d'abord blessé Vénus à la main, puis il s'est rué sur moi, et si mes pieds rapides ne m'avaient pas soustrait à sa rage, je serais resté là étendu sans force sous les coups de l'airain. »
Jupiter accueillit mal les plaintes de Mars : « Divinité inconstante, s'écria-t-il, cesse de m'importuner de tes plaintes. De tous les habitants de l'Olympe, c'est toi que je hais le plus : tu n'aimes que la discorde, la guerre et le carnage. Tu as bien le caractère intraitable de ta mère Junon, que mes ordres souverains peuvent à peine dompter. Les maux que tu endures aujourd'hui sont le fruit de ses conseils. Mais je ne veux pas que tu soufîres de plus longues douleurs, puisque je suis ton père. » Le roi des dieux alors fait donner des soins à son fils et un baume salutaire, calme ses souffrances; car les dieux ne peuvent pas mourir.
Un curieux tableau de la jeunesse de David, qui a obtenu un second prix en 1771, montre Diomède au moment où il vient de lancer contre Mars le javelot que Minerve a dirigé. Mars blessé et couvert de son armure est renversé à terre. Ce petit tableau est d'un grand intérêt, parce qu'il fait connaître David à une époque où le jeune artiste ne songeait nullement à la réforme qu'il a apportée depuis dans la peinture et où son talent était fout imprégné du style maniéré qui dominait alors dans l'école française.
MARS ET VÉNUS.
Philoméle et Progné. — Le caractère larouche des fables coa-ceriuuit Mars sevayèi-e encore quand elles s'a]>ijli(jnent à ses enfants. 11 avait eu d'une nymphe un lils a[)[>e](' Térée, roi de Thrace, qui épousa Progné, fille du roi d'Athènes Pandion. Celui-ci avait une autre fille nommée Philoméle. Progné exprima à son mari le désir qu'elle aurait de Aoir sa sœur dont clh; était sé[>arée depuis cincj ans. Térée alla donc à Atliincs cht-rcher Philoméle, mais dans la route, il lui fit violence, et ajiri's lui a\oir arraché la langue, pour l'obliger au secret, il renferma dans une tour. Il dit ensuite à Progné que sa sœur était morte ; mais Philoméle du fond de sa prison trouva moyen de faire parvenir à sa SŒHir un voile sur lequel elle avait retracé ses aventures.
Progné, à la faveur des fêtes de Bacchus, parvient à délivrer sa sœur Philoméle : elle la cache dans un coin du }»alais et elles méditent ensemble une vengeance éclatante. Térée avait un fils tout jeune, nommé Itys ; elles l'attirent près d'elle, le tuent, et font cuire ses membres, que le soir Progné sert à son mari. Térée s'infoi-me pourquoi son fils n'est pas à table, mais ce n'est que quand il a fini son repas, que Philoméle, sortant tout à coup de sa cachette, vient lui annoncer qu'il a mangé la chair de son fils, et en même temps, afin qu'il ne doute pas de son récit, elle lui jette au visage la tète du malheureux enfant. Térée, ne se contenant plus, veut se lever pour égorger les deux sœurs, mais les dieux, voulant mettre fin à cette horrible famille, changent Progné en JiiroiuU'llc, Philoméle en rossiynol, Itys en c/uirdunneret et Térée en huppe. Cette barbare histoire a fourni à Rubens le sujet d'un tableau qui est en Espagne ; on voit Progné el Philoméle montrant à Térée la tète de son enfant, dont il vient de manger la chair.
Les prêtres saliens. —Le culte de Mars avait une grande importance à Home. Il était desservi par les prêtres saliens, institués par Numa pour veiller a la garde des anciles. Les anciles avaient été exécutés à Kome sur le modèle d'un bouclier t(»ml)é du ciel, pendant une peste qui
Fig. 361. — Les prêtres saliL'us portant les anciles.
VU
:{t)2. — Les anciles et l'apex du llamine.
(leciinait la ville et étaient regardés comme le |)alladium romain. Pendant certaines fêles les i)rêtres saliens parcouraient la ville en promenant les anciles dont la forme nous a été conserNée sur un denier d'argent frajqiésous Auguste. Le bonnet (ju'on voit au milieu est ra[>ex du fiamine.
CHAPITRE H
LES SUIVANTES DE MARS.
Bellono. — I,a Disrordo. — Klôoclo ot Pohnico. — Amphinraiis. — Archf'mnro'. — (Combat des doux frères. — Funéraille? d'Etéoclc et de Polynice.
Bellone. — La compagno habituelle de Mars est Bellono (Enyo), personnification du carnage. Elle avait pour mission spéciale de conduire le char du dieu delà guerre et d'e\citer ses chevaux avec la pointe d'une lance. Les figures antiques de Bellone sont extrêmement rares. Pline raconte qu'Apelle avait fait un tableau représentant Bellone, les mains liées derrière le dos et attachée au char triomphant d'Alexandre : ce tableau avait été apporté ù Rome comme trophée.