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La Discorde. — Dans les poètes, Bellone est escortée par l'Effroi, la Fuite et la Discorde, divinités auxquelles l'art n'a pas assigné de type particulier. La Discorde a néanmoins une assez grande importance dans la mythologie, puisque c'est elle qui a causé la ruine de Troie, en jetant la pomme d'or parmi les déesses. Homère fait de la Discorde le portrait suivant : « Déesse qui, faible en sa naissance, s'élève et bientôt cache sa tète dans le ciel, tandis que ses pieds sont sur la terre; c'est elle qui, traversant la foule des guerriers, verse dans tous les cœurs la haine fatale, avant-coureur du carnage. Elle fait éclater sa voix, pousse des cris bruyants, épouvantables, et jette dans le cœur de tous les guerriers un courage terrible. Elle se plaît à entendre les gémissements du soldat qui meurt et quand tous les dieux se sont retirés du combat, seule, elle reste sur le champ de bataine pour repaître ses yeux du spectacle des morts et des mourants. »

Étéocle et Polynice. — La Discorde préside aux querelles qui divisent h's peuples et h'S familles. La fable d'Eteocle et Polynice nous montre son action. Les deux lils d'OEdipe avaicMit chassé leur père, qui les chargea de malédictions et leur prédit dès lors qu'ils s'égorgeraient entre eux. Les deux frères, craignant que les vœux paternels ne fussent ratifiés par les Dieux, s'ils habitaient ensemble, décidèrent d'un commun accord que Polynice s'exilerait le premier volontairement de sa patrie ; qu'il laisserait ainsi le sceptre à Etéoch', et reviendrait ensuite, de manière qu'ils pussent régner alternativement une année chacun. Mais

MARS ET VENUS.

Éteocle, une fois monté sur lo trône, refusa d'en descendre et interdit à son frère le retour dans sa patrie. Polyniee alors s'occupa de chercher des alliés pour défendre ses droits.

Amphiaraûs. — Adraste, roi d'Argos, accueillit l*olynice, et promit de le rétablir sur le trône de Thèbes. Il chercha donc des alliés pour entreprendre cette guerre, mais un chef puissant, Amphiaraûs, chercha à les en détourner, j»arce qu'il était devin et que sa science lui avait enseigné que cette guerre serait fatale à ceux qui rentrepr(uulraient,et ([u'ils périraient tous, à l'exception du seul Adraste. Amphiaraûs avait une femme nommée Ériphile, et par un ancien serment qu'il avait fait à

Adraste. Polynice. Capanée. Parthénopée. Amphiaraiis. Hippomédoii. Tydée.

Fig. 363. — Serment des sept cliefs (d'après Flaxman).

Adraste, il s'était engagé en cas de contestations entre eux <à se soumettre entièrement à la décision d'Eriphile. Quand Polynice apprit cela, il employa une ruse pour forcer Amphiaraûs à combattre. Il avait en sa possession le fameux collier que Vénus avait autrefois donné à Harmonie, le jour de ses noces avec Cadmus. Il en fit présent à Eriphile, qui se laissa ainsi corrompre, et Amphiaraûs, malgré la certitude qu'il avait de la mauvaise issue de l'affaire, fut obligé de combattre avec Adraste et Polynice.

Une puissante armée se réunit bientôt jiour marcher contn» Thèbes. Sept chefs la commandaient : Adraste, Polynice, Capanée, Parthénopée, Amphiaraiis, Hippomédon et Tydée. Ils tirent serment de se prêter secours mutuellement et partirent avec les soldats qui devaient combattre sous leurs ordres (fig. 363).

Archémore. — Chemin faisant, ils manquèrent d'eau et l'armée

commença à soiilîrir d'une soif dévorante. Ils renconti'èrent en route une femme (fui tenait un petit enfant et lui demandèrent s'il y avait une fontaine dans la contrée. L'enfant s'appelait Opheltes et était fils du roi de Xémée: la femme était IIyj»sipyle,([ui avait été autrefois reine de Lemnos, mais ayant été par la suite vendue comme esclave, elle était au service du roi de Némée, qui iui avait confié la garde de son enfant. Hypsipyle posa

Fig. 3C4. — Arclicmore étouffé par un serpent (d'après une peinture antique).

l'enfant sur des feuilles d'ache et conduisit les sept chefs à une fontaine qu'elle connaissait dans le voisinage. Mais pendant sa courte absence, un serpent survint et étouffa, dans ses replis, le nourrisson qu'elle avait abandonné, A leur retour, les chefs s'empressèrent de tuer le serpent et prirent sous leur protection Hypsipyle que le roi de Némée voulait punir de sa négligence. Ils surnommèrent l'enfant Archémore, lui firent des funérailles magnifi([ues et instituèrent en son honneur les jeux Néméens, dans lesquels les vainqueurs prenaient le deuil et se couronnaient d'ache. On voit sur une peinture antique Adraste frappant l'enfant que le serpent fient encore enlacé (fig. 364).

Combat des deux frères. — Amphiaraiis avait vu là un mauvais présage : mais il fallut partir et on arriva devant Thèbes. Une terrible bataille s'engagea sous les murs de la ville qu'Étéocle ne voulait pas rendre. Comme le sang coulait de toutes parts, Étéocle monta siu- une

MARS ET VENUS.

toiii', lit laii'c sil(Mi('(% cl dilaiix .iniiccs : <> (iriirraux de la Gri-ce. chefs dos Ai'gicns qno In giici*r(» attire en ces li(>ii\,et vous, peuple de Cadmiis. ne prodiguez plus vos vies pour Polynice ni pour moi. J'en veux courif le risque, et je veux combattre mon frère seul à seul ; si je le tue, je gouvernerai seul ce pays; si je suis vaincu, je lui abandonnerai la ville. Vous donc, laissez les combats, retournez sur la terred'Argos, ne venez plus ici perdre la vie, pour le peuple thébain, c'est assez de morts. » (Euripide.) Il y eut alors entre les deux frères un combat singulier dans lequel ils lurent tués tous les deux : les dieux avaient écouté les d(M"-

Fig. .^05. — Polynice ot fttôoclf fd'apr(>s un bas-reliof antique. mus(^f du Louvre).

nières imprécations d'OEdipe. Ce combat figure sur un très-grand nombre de bas-reliefs antiques (fig. .^65).

i/ai'mée assic'geanle fut vaincue, et tous b^s chefs |»(''rirent à l'evce)»-tion d'Adraste, qui dut son salut à la vitesse de son cheval. Ainsi fut n''alis(>e la pri'diction d'Amphiaraiis.

Funérailles d'Étéocle et de Polynice. — Le sénat de Thèbes ([ui avait pris parti pour les afîsiégés décida qu'Etéocle serait enseveli avec honneur, mais (pie son frère Polynice serait, à cause de sa trahison, laissé sans sépulture })oui' ètr(> dévoré par les chiens et les \aufours. Antigone voulut ensevelir son frère, malgré les ordies (fui avaient été donnés, et, d(''cidée à désobéir, elle dit aux chefs du peuj»le : • Eh bien ! moi, aux chefs des Cadméens, voilà ce que je r(''j»onds. Si nul autre ne veut avec moi l'ensevelir, seule j'y pourvoii-ai, je jirendrai tout sur moi. A ens(»velir mon fière, je ne vois null(> honte, duss(Vje pour cela, insoumise, aller à l'encontre des volontés de la ville. Car c'est une chose grave d'être .sortis des mêmes entrailles, d'avoir même mère, une mal-

LES SUIVANTES DE MARS.

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heiii'oust', nuMiie [»t'r(\ mi autre malhfiii'ciix. Oui. de |>r(t)M)s délibéré, de c'o jiiort je resterai la sœur. Ah ! de sa cliair ils ne se repaîtront pas. les loups au ventre creux. Ou'on ne se le mett(> pas en tète, une tombe à creuser, de la terre à remuer, moi, toute IVmme (jue je suis, j'en fais mon affaire. Dans les plis de ce voile j'apportei-ai la poussière, et moi-même j'en recouvrirai le cadavre. Que personne u'y trouve à redire. J'aurai ce courage, moi, et j'aurai de plus poui' moi toutes les ressources d'une Ame qui veut réussir (fig. 366). » (Eschyle.)

Fausanias.dans le récit de ses voyages, raconte qu'il a \u le tombeau des fils d'OEdipe. « Je n'ai jias assisté, dit-il, au\ sacrifices qui s'y fout, mais des gens dignes de foi m'ont assuré que dans le temps qu'on fait rôtir les victimes immolées à ces deu\ frères ii-réconciliables. la flannne et la fumée se partagent visiblement en deux. »