lions do l'Amour, qui chorclu^ à le rolonir par le pan de sa di'a[iei'ie. Seulement le chien qu'il tient en laisse ne partage aucunement son hésitation, et les vrais chasseurs compi'en(h'ont qu'Adonis eût été |tai-trop cruel en ne cédant pas à d'aussi pressantes sollicilations.
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Fig. 390. — Lo il(>part d'Adonis (d'aiirès un tableau du Titien, musée de Londres).
Prndhon a tait de Vénus et Adonis une composition sur laquelle il a écrit de sa main les lignes suivantes qui en sont la description : « Au milieu d'une forêt ombreuse, Vénus, assise sur un tertre, retient Adonis près d'elle par le charme de ses caresses ; le jeune chasseur enivré paraît oublier qu'il veut partir. Au bord de l'eau, sur le devant, un amour tient les chiens en laisse ; plus loin ri l'écart, l'Amour tient un papillon, symbole de l'ame ; dans le lointain plusieurs autres amours courent à la chasse. »
La mort d'Adonis. — Vénus, ne voyant pas revenir Adonis, courut à sa recherche. Le chemin était couvert de ronces et d'épines qui déchiraient la malheureuse déesse : les gouttes de son sang ont produit les roses. Adonis était déjà mort quand elle arriva, et elle le changea en anémone. Une peinture antique représente Adonis blessé à la cuisse par un sanglier, et expirant dans les bras de Vénus. 11 a près de lui son chien, qui le regarde avec douleur, et laisse échapper de sa main défaillante une longue haste armée de son fer. Vénus est vêtue et présente seulement un sein découvert (fig. 391).
Le même sujet a été traité par le Poussin avec sa supériorité habi-
ADONIS.
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luolle (fig. 392). Le peintre montre la déesse agenonillée près d'Adonis déjà mort et versant sur ses plaies le nectar qui va le changer en ileiir. Les amours en larmes contemplent la scène, et, un [leii |)his loin, on voit le fleuve endormi près du char de In déesse.
l'ig'. 391. — Adonis expirant dans les bras de A éniis (d'après une peintm-e antitiue
Le lleuve qui descend du mont Liban avait la propriété de changer son eau en sang- à une certaine époque de l'année. Il se répandait alors dans la mer dont il rougissait une partie considérable, ce qui indiquait aux habitants de Byblos le moment de prendre le deuil ; car cette époque répondait à celle où Adonis avait été tué par le sanglier, événement qui se serait passé aux environs de Byblos, d'après la tradition du pays.
Quand Adonis arriva aux enfers, toutes les ombres furent émerveillées de sa beauté, et Proscrpine en devint éprise dès qu'elle l'aperçut. Vénus en larmes avait été implorer Jupiter, pour qu'il lui rendît celui (pi'elle aimait, mais Proserpine ne voulut en aucune façon le laisser partir. Le père des dieux et des hommes, fort embarrassé pour juger le difîérend survenu entre ses deux filles, et désirant les satisfaire l'une et l'autre, décida qu'Adonis passerait la moitié de sa vie aux enfers avec Proserpine,et l'autre moitié sur la terre avec Vénus. Ce mythe, qui rap-[lelle, avec une couleur plus orientale, celui de Proserpine j)artageant sa vie entre la terre et les enfers, peut s'expliquer symboliquement de la môme façon. L'idée de l'hiver sombre et stérile, auquel succède la belle saison, est traduite ici par Adonis passant six mois de l'année «hc/ Pioserpine, et six mois avec Vénus.
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MARS ET VENUS.
Les fêtes d'Adonis. — Le ciillo syrien d'Adonis se répandit pi'oni|)-tement dans les villes niaiitinies oii les matelots phéniciens se troii->aienl en grand nombre. A Athènes et à Alexandrie, il y avait des fêtes célèbres, qui a\aient lieu au printemps et qui duraient une semaine. On pleurait la mort du dieu, puis on se réjouissait en l'honneur de sa résurrection. Les Athéniens voyaient là une cérémonie qui rappelait assez
Fig. :W2. — La nioi-t d'Adonis (d'après un tableau du Poussin].
le culte d'Eleusis, et, en Egypte, on identifiait volontiers Adonis avec Osiris, dont on célébrait également la fin tragique et la merveilleuse renaissance. Les Ptolémées donnèrent une très-grande importance à ces fêtes dans la ville maritime d'Alexandrie, où elles attiraient un concours immense d'étrangers. Mais s'il y avaitdes pèlerins qui arrivaient par dévotion, il y avait aussi bon nombre d'étrangers et môme d'habitants du pavs, qui voyaient là surtout une occasion de spectacle. La célèbre pièce Ae Théocrite intitulée Les Sijracusaines , donne très-bien une idée de l'impression que produisaient ces fêtes sur les simples curieux, qui «'laient séduits par la beauté des cérémonies et par l'excellence de la musique.
Les fêtes de la résurrection d'Adonis étaient mêlées de chants d'allégresse, succédant aux lamentations de la veille : elles avaient toujours lieu aux premiers jours du printemps. On pleurait d'abord la végétation disparue, puis on célébrait son retour sur la terre. Plusieurs hymnes qui se chantaient aux fêtes d'Adonis sont parvenus jusqu'à nous. Voici celui de Bion, qui est le plus célèbre : « Je pleure Adonis; les Amours répondent à mes ideurs. Une blessure cruelle a déchiré Adonis, mais Vénus en porte une plus profonde au dedans de son cœur. Autour du jeune chasseur, ses chiens fidèles ont poussé des hurlements ; les nymphes des montagnes sont éplorées. Vénus en désordre erre dans les forêts, triste, échcvelée, les pieds nus; les ronces la blessent en sa
ADONIS. î3o
inaiclie cl so leigiionl d'un sang divin ; elle éclate en plaintes lamentables, s'élance à travers les longues vallées, redemande à grands cris cel aimable Assyrien qui fut son époux ! Cependant un sang noirâtre jaillit de la blessure d'Adonis, et rougit sa poitrine d'ivoire, et la neige de son sein se colore de pourpre. Hélas! malheureuse Vénus! s'écrient les amours en pleurs. Elle a perdu son bel époux, et avec lui ses charmes divins. Elle était belle . Vénus, lorsque vivait Adonis ; avec Adonis ont disparu les attraits de la déesse. Hélas ! hélas ! toutes les montagnes et les forets redisent : « Hélas ! Adonis ! » Les fleuves sont sensibles aux douleurs de Vénus ; les sources, sur les montagnes, pleurent Adonis, et les fleuves, dans leur tristesse, se colorent de sang. Cythéréefait retentir de sa douleur les monts et les vallées : « Hélas ! hélas ! il n'est plus le bel Adonis ! » L'écho a répondu : « Il n'est plus le bel Adonis ! » Qui refuserait des larmes à la malheureuse Cythéréc. Hélas ! hélas ! ne repose plus sur une couche de pampre ; lève-toi, déesse infortunée ! revêts tes habits de deuil, frappe ton sein et dis à toute la natui'o : " Il n't;st |dus le bel Adonis ! »
(BlON.)
CHAPITRE \
LES GRACES
Type et iilti'ibuls des (irAcos. — l.c^ di-àco?' accordées.
Types et attributs des Grâces. — Dans les monuments de lait primitif, les Grâces étaient toujours vêtues, et nous les trouvons sous cet aspect dans un des bas-ieliels de Faiitel des douze dieux au Louvre, seulement le {^mupement présente un caractère qui n"a pas été adopté par Fart des temps postérieurs (fig. 393). Elles sont toutes les trois de face et se touchent la main sans s'enlacer dans leurs bras. On voit aussi les Grâces velues sur une juédaille de l'époque romaine ifig". 309).
l'ig. :i03. — Los trois Grâces i^bas-relief antique tiré de lautel des Doiue dieux, musée du Louvre\
« Quelques recherches que j'aie faites, dit Pausanias, je n'ai pas pu découvrir quel est le premier statuaire ou le premier peintre qui a imaginé de représenter les Grâces toutes nues. Dans tous les monuments de l'antiquité les Grâces sont vêtues : je ne sais donc pas pourquoi les peintres et les sculpteurs qui sont venus depuis ont changé cette manière ; car aujourd'hui, et dcquiis longtemps, les uns et l(?s autres repré-