i.ES GUACES.
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sL'iiltîiil les Gi'àc't's toutes nues. » (Pals.) Nous savons que l(!s (ji-àees sculptées par Socrate étaient vêtues, ainsi que celles qu'Apelles avait peintes. Il est donc probable que ce n'est que postérieurement à la domination macédonienne, que l'usage s'est introduit de les dépouiller de leiH' vêtement,
[.e fameux pfoiip(^ anti(|U{^ des trois (iràc(>s. qui était dans la cathédrale
Fig. 39i. — Les trois Grâces groupe antique, niu^si'e du Louvre).
de Sienne, a été transporté dans la musée de cette ville, (l'est de ce groupe que s'est inspiré Hapliael, dans le premier tableau païen ([u'il ait t'ait. Au reste, il existe plusieurs variantes de ce groupe, et le musée du Louvre en a une fort belle répétition {ûg;. .19i). Nous retrouvons encore les trois Grâces à Pomjtéi. Rubens et b(>aucoupde peintres mo-
MARS ET VENUS.
(Iciiics se sont [»Iii à rcprodiiiro ks (Jràccs dans leur pose traditionnelle. Canova, ïhoivaldsen et Pradicr les ont seulptées : le gronpe de Thorvaldsen est le plus célèbre.
Parmi les ouvrages modernes, lechof-d'œuvrc de Germain Pilon, au Louvre, est le seul où les Grâces sont vêtues, et c'est pour cela qu'on les a confondues avec les trois vertus théologales, mais dans la pensée de l'artiste elles exprimaient réellement les Grâces : leur mode de groupement dos à dos ne se voit pas dans l'antiquité (fig. 39o).
Fig. .395. — Los trois Gi-àces. par Germain Pilon (musée du Louvre".
Ouoique les Grâces s'entendent généralement dans le sens de bienfaits, elles personnifient en général tout ce qui faille charme de la vie ; elles ont dans leur domaine tout ce qui est beau et attrayant. C'est à ce titre qu'elles sont chargées de la toilette de Vénus. On les voit fréquemment associées à cette déesse, ou placées à côté de l'Amour. Le Guide a peint un tableau qui représente Vénus parée par les Grâces, qui ne peuvent être prises ici que dans le sens d'élégance. La philosophie elle-même croyait avoir l)esoin des Grâces pour n'être pas sèciie et rebutante : Platon conseillait à Xénocrate de sacrifier aux Grâces. Ces divinités ont donc des fonctions multiples; en les prenant dans un sens purement physique, le dix-huitième siècle a dénaturé la conception primitive des Grecs. '
LES GRACES,
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Eli cITel, le nom do grâce signifie à la lois bienlail et élégance, et les anciens l'ont toujours entendu dans les deux sens. Les modernes ont négligé le premier pour ne s'attaclier qu'au second, auquel il faut pourtant bien qu'on revienne, si on veut comprendre le sens de cei'tains monuments antiqu(^s. Ainsi, dans un ]ias-relii'ranli(pie du Vatican, nous voyons un malade remercier Esculape des y/v/r/".s ([u'il lui a accordées
I ' liiii|| 'iili!iliii|i''lll!i|iii?i^
Fig. oOC. — Lis Grâces ot Escuhipc. d'apri's un l);is-rclief antique.
(lig. I50G). Les Grâces sont placées dans leur [lose traditionuelle à côté du dieu de la médecine.
Par une raison analogue, les Grâces sont (pielquefois en rapport avec A[)ollon, qui avant son fils Esculape présidait aux guérisons. Une pierre gravée nous montre les trois sœurs, posées sur la main droite d'un personnage de style archaïque, (|ue l'on regarde comme l'imila-tion dune antique statue d'Apollon à Delos (fig. ;}97).
Les Athéniens ayant secouru les habitants de la (îhersouèse dans un besoin pressant, ceux-ci, pour éterniser le souv(Miir d'un lel bienfait, élevèrent un autel avec cette inscription : Atft&l consacré au.i (Iràccs, parce qu'elles présidaient à la reconnaissance. Les Spartiates, avant le combat, avaient l'habitude de sacrifier aux Grâces, et si leur culte était si répandu en Gi'èce, c'est (pi'on le prenait dans le sens de f/ràcc (fccordcc.
Les Grâces avaient souvent des temples conjointement avec d'autres
M A H S i:t venus.
(liviiiitt's. On les iii\(>([iiail au (ommciu-ciiicMit des ii'pas comme présidant à la (li)U('(\uai('l(''et à riiaiiiioiiic dos IVdes. Suivant Pindare, elles ne rnaïKiuaient jamais aux chd'urs el aux festins joyeux des immortels,
Fig. o!)7. — Ajjolloii portant les Gràres (d'après une pierre gravée antic(Lie).
d'où leur présence chasse les soucis et les chagrins. Enfin elles ont pour mission de procurer aux dieux et aux hommes tout ce qui rend la vie heureuse.
Sur un verre peint antique, on voit les trois Grâces nues et les bras «Mitrelacées; elles portent des bracelets, et des fleiu'S croissent sur le sol où elles reposent. Ce sont bien les Grâces, mais l'inscription leur donne
l'ig. 398. — Les trois Grâces [d'après un vei-re peint antique).
des noms spéciaux et significatifs : Gelasia [doux sourire), Lecori [beauté brillante) et Comasia [aimable convive). On a donc voulu représenter, ici, ce qui fait le charme d'un banquet, la gaieté, la beauté, l'amabilité (fig. .398).
Le nombre des Grâces est Nariahie dans la juxlhologie, et certaines
LES GRACES.
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conlrces n'en atlniollaicnl que doux, mais les monuments de l'art en présentent presque toujo.urs trois. Suivant la tradition la pins répandue, (dles sont filles de Jupiter et d'Eurynome leurs noms varient, mais le plus ordinairement on les nomme Pasithée, Charis et Aglaé: les Gi'àces se tiennent enlacées pour indiquer les services récijiro-
Fiii. ;5!)0. — Les trois (Jràces (dapi-i's imo médaillo anti(iue)
qnos et laide fraternelle que les hommes se doivent l'un a l'autre; elles sont jeunes parce que la mémoire d'un bienfait ne doit pas vieillir. Le symbole de ces trois sœurs inséparables exprimait l'idée de service rendu, et leur rôle était de présider à la reconnaissance.
i;amouk
Naissiinco de rAinour. — Kducatioii do rAiiiour. — l'iP^' ^'^ MrUml^ do rAniour. — Ésaque. — Piciis et Circé. — Le cheveu do Msus.
L'Amour (Éros, Cupidon). — L'Ainour dans les temps primitifs est considéré comme un des grands principes do l'univers et même
Fig. 400. — La naissance di' l'Amour (d'apri'S un tahlraii do Losupur).
comme le plus ancien des dieux. Il représente la force puissante ([ui fait <[ue tous les êtres sont attirés les uns vers les autres, et par laquelle
naissent cl se perpétuent toutes les races. Mythoiogiquemcnt on ne sait pas quel est son père, mais les poètes et les sculpteurs s'accordent à lui donner Vénus pour mère, et il est en efTet tout naturel que l'Amour soit fils de la beauté.
La naissance de l'Amour a fourni à Lesuetu^ le sujet d'une charmante composition. Vénus assise dans les nuages est entourée des trois Grâces, dont une lui présente le gracieux enfant. Une des Heures, qui piano dans le ciel, répand des fleurs sur le groupe (fig. 400).
Éducation de l'Amour. — Vénus, voyant qu'Éros (l'Amour) ne grandissait pas et restait toujours enfant, en demanda la raison à Thémis. La réponse fut que l'enfant grandirait quand il aurait im compagnon
Fig. 401. — Vénus et rAmoiir.
|iour ] aimer. Vénus lui donna pour camarade Antéros (l'amour partagé), Ouand ils sont ensemble, l'Amour grandit, mais il redevient enfant dès qu'Antéros le quitte. C'est une allégorie dont le sens est que l'affection a besoin d'être partagée pour se développer".
L'éducation de l'Amour par Vénus a fourni le sujet d'une multitude de ravissantes compositions sur les pierres gravées. Elle joue avec lui de mille façons diverses, lui prenant son arc ou ses flèches et suivant de l'œil ses gracieux mouvements (fig. 404). Mais le malicieux enfant sait bien se venger, et plus d'une fois sa mère a éprouvé l'etîet de se.'; piqûres.