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Plekhanov fronça les sourcils. « Votre parole de seigneur. Pas d’officier de la Flotte.

— Il ne voulait rien entendre d’autre, amiral.

— Je vois », dit Plekhanov d’un air pensif.

S’il désavouait Blaine, celui-ci serait un homme fini. Dans la Flotte, au gouvernement, partout. Cependant l’amiral Plekhanov aurait alors à s’expliquer devant la chambre des Seigneurs. « Qu’est-ce qui vous faisait penser que son offre était sincère ?

— Elle était rédigée en code impérial et contresignée par un officier des services secrets de la Flotte.

— Aussi, vous avez risqué votre vaisseau…

— Devant la possibilité de mettre un terme à la guerre sans détruire la planète. Oui, amiral. Je me permettrais de faire remarquer que le message de monsieur Stone décrivait le camp où étaient retenus prisonniers des citoyens et des officiers impériaux.

— Je vois. » Plekhanov eut un geste de colère. « D’accord. Les traîtres ne me sont d’aucun intérêt. Même ceux qui nous aident. Mais je tiendrai votre engagement. Cela implique que je vais devoir couvrir officiellement votre débarquement. Cela n’a pas à me plaire et d’ailleurs, cela me déplaît, Blaine. Vous avez fait une sacrée bêtise. »

Mais ça a marché, pensa Rod. Il resta au garde-à-vous mais sentit se relâcher le nœud de son estomac.

L’amiral grogna. « Votre père prend des risques stupides. Il nous a presque fait tuer, sur Tanith. C’est un drôle de miracle que votre famille ait survécu assez longtemps pour compter onze marquis. Et ce sera encore plus incroyable si vous vivez assez vieux pour être le douzième. Bon, asseyez-vous.

— Merci, amiral », dit Rod d’un ton rigide, sa voix glacialement polie.

Le visage de l’amiral se détendit légèrement.

« Vous ai-je jamais dit que j’étais sous les ordres de votre père sur Tanith ? demanda Plekhanov d’un ton mondain.

— Non, amiral. » Il n’y avait toujours pas de chaleur dans la voix de Rod.

« Il était aussi le meilleur ami que j’aie eu dans la Flotte, capitaine. C’est son influence qui m’a placé où je suis et il m’a prié de vous conserver sous mes ordres.

— Oui. » Je le savais. Et je me demande maintenant pourquoi.

« Vous aimeriez savoir ce que j’aurais voulu que vous fassiez, commandant ? »

Rod cilla de surprise. « Oui, amiral.

— Que se serait-il passé si cette offre de reddition avait été un faux ? Si ç’avait été un piège ?

— Les rebelles auraient peut-être détruit mon unité.

— Oui. » La voix de Plekhanov se fit froide comme l’acier.

« Mais vous avez jugé que le risque valait d’être pris parce que cela vous donnait l’occasion de mettre fin à la guerre avec peu de victimes de part et d’autre. C’est cela ?

— Oui, amiral.

— Et si les commandos avaient été tués, qu’aurait pu faire ma flotte ? » L’amiral abattit ses deux poings sur le bureau. « Je n’aurais pas eu le choix ! rugit-il. Chaque semaine que je passe ici offre la possibilité aux rebelles de frapper une autre de nos planètes ! Je n’aurais pas eu le temps de demander un nouveau vaisseau de débarquement et des troupes en renfort. Si vous aviez échoué, j’aurais fait retourner cette planète à l’âge de pierre, Blaine. Aristocrate ou pas, ne mettez plus jamais quiconque dans cette position-là ! Vous m’avez compris ?

— Oui, amiral. » Il a raison. Mais… À quoi les Marines auraient-ils servi si le champ Langston de la ville était resté intact ? Les épaules de Rod s’affaissèrent. Quelque chose. Il aurait fait quelque chose. Mais quoi ?

« Ça s’est bien passé, dit Plekhanov d’un ton froid. Peut-être avez-vous eu raison, peut-être pas. Faites encore un coup pareil et je vous brise les reins. Compris ? » Il prit une photocopie des états de service de Rod. « Le Mac-Arthur est-il prêt à naviguer ?

— Pardon ? » La question était venue sur le même ton que la menace et il fallut un moment à Rod pour réajuster son esprit. « Prêt pour l’espace, oui, mais pas pour le combat. Et je le vois mal aller très loin sans un réarmement complet. » Pendant l’heure de frénésie qu’il avait passée à bord, Rod avait mené une inspection approfondie, ce qui était une des raisons pour lesquelles il n’était pas rasé. Mais maintenant, mal à l’aise, il s’interrogeait. Le commandant du Mac-Arthur se tenait à l’écart, visiblement attentif, mais il n’avait pas dit un mot. Pourquoi l’amiral ne lui posait-il pas la question à lui ?

Tandis que l’esprit de Blaine vagabondait, Plekhanov se décida : « Alors ? Bruno, vous êtes le commandant du vaisseau. Faites votre recommandation. »

Bruno Cziller se détourna de la fenêtre. Rod fut étonné : Cziller ne portait plus le petit insigne argenté du Mac-Arthur qui le désignait comme maître à bord. À la place de celui-ci, se trouvaient la comète et le soleil de l’état-major de la Flotte spatiale et les galons étaient ceux d’un amiral à titre temporaire.

« Comment allez-vous, commandant ? » demanda Cziller d’un ton formaliste. Puis il sourit. Ce sourire tordu était célèbre à bord du Mac-Arthur. « Vous semblez en forme. Du moins d’après votre profil droit. Bien, vous êtes resté une heure à bord. Quels dégâts avez-vous constatés ? »

Troublé, Rod exposa la condition actuelle du vaisseau tel qu’il l’avait trouvé et les réparations qu’il avait ordonnées. Cziller acquiesça et posa des questions. Finalement, il dit : « Et vous concluez qu’il est prêt à naviguer mais pas à se battre. C’est cela ?

— Oui, amiral. En tout cas, pas contre un croiseur lourd.

— C’est exact. Amiral, ma recommandation : le capitaine de frégate Blaine mérite une promotion et nous pouvons lui confier le Mac-Arthur pour qu’il l’amène d’abord en Néo-Écosse pour réarmement, puis à la Capitale. Il pourra emmener la nièce du sénateur Fowler avec lui. »

Lui confier le Mac-Arthur ? Rod effaré l’entendit à peine. Il avait peur d’y croire, mais il y avait là l’occasion de prouver sa valeur à Plekhanov et aux autres.

« Il est jeune. Il ne sera jamais autorisé à garder ce vaisseau comme premier commandement, dit Plekhanov.

— Enfin, c’est probablement la meilleure solution. Il ne pourra pas s’attirer trop d’ennuis en allant à Sparta via la Néo-Calédonie. Le Mac-Arthur est à vous, commandant. »

Devant le silence de Rod, Plekhanov aboya : « Vous. Blaine. Vous êtes promu au grade de capitaine de vaisseau et nommé à la tête du Mac-Arthur. Mon secrétaire vous donnera votre ordre de mission dans une demi-heure. »

Cziller sourit. « Dites quelque chose, suggéra-t-il.

— Merci, amiral. Je… Je pensais que vous n’approuviez pas ma conduite.

— Je n’en suis pas sûr moi-même, dit Plekhanov. Si j’avais le choix, vous seriez muté comme aide de camp. Vous ferez probablement un bon marquis, mais vous n’avez pas l’esprit militaire. J’imagine que c’est sans importance, vous n’êtes de toute façon pas destiné à faire carrière dans la Flotte.

— Plus maintenant, non », dit Rod avec précaution.

Ça le faisait toujours souffrir. Le grand Georges, qui maniait les haltères à douze ans et était construit comme une armoire à glace à seize, son frère Georges était mort lors d’une bataille à l’autre bout de l’Empire. Quand Rod pensait à son avenir ou avait le mal du pays, ces souvenirs revenaient à la surface comme si on lui avait piqué l’âme avec une aiguille. Mort, Georges ?