Выбрать главу

Un usage assez singulier qu'on trouve chez les Juifs consiste à épouser la femme de son frère, lorsqu'elle est devenue veuve : l'enfant qui naissait de cette seconde union passait pour appartenir au premier mari. C'est pour cela que .luda dit à Onan : « 'Viens vers la femme de ton frère, et prends-la pour femme, et suscite des enfants à ton frère. »

Les filles qu'on mariait n'étaient pas dotées, mais bien plutôt vendues par leur père. Cet usage, que nous retrouvons chez plusieurs autres nations orientales, est attesté par plusieurs passages de la Genèse, et notamment dans l'histoire de Jacob, qui donne sept années de son travail pour avoir Lia et sept autres pour avoir Rachel. Au reste, si quelqu'un avait séduit une fille qu'il ne pouvait pas épouser, il devait payer la même somme que s'il l'épousait. Le texte est formel à cet égard : « Si quelqu'un suborne une vierge qui n'était point fiancée, il faut qu'il la dote, la prenant pour femme. Mais si le père de la fille refuse de la lui donner, il lui comptera autant d'argent qu'on en donne pour la dot des vierges. »

Une fille ne pouvait hériter de son père que si celui-ci n'avait pas d'enfants màlcs, et parmi les garçons c'était l'aîné qui primait ses frères. Le pouvoir absolu du père de famille durait pour ses fils tant qu'il vivait; mais il perdait toute autorité sur sa fille dès qu'il l'avait mariée. Telle est dans rensemblc la constitution de la famille chez les Hébreux.

Les repas des Hébreux. — Chez les Hébreux le principal repas se faisait à midi : « Alors Joseph vit Benjamin avec eux et dit à son maître d'hôtel : Mène ces hommes dans la maison, et tue quelque bête et l'ap-

prête; car ils mangeront à midi avec moi. » Cette heure de midi est signalée à plusieurs reprises dans la Bible comme celle des repas. Mais il arrivait sans doute que les gourmands les prolongeaient quelquefois un peu tard, car Isaïe se plaint de ceux qui commencent leurs festins le matin et le continuent jusqu'au crépuscule,

A rorigine, les Hébreux mangeaient assis. Jacob dit à son père : « Lève-toi, je te prie, et assieds-toi, et mange de ma chasse, afin qu ; ton âme me bénisse. » Plus tard l'usage semble avoir prévalu, du moins dans les classes riches, d'être couchés en mangeant. Un prophète s'élève contre ceux — « qui couchent sur des lits d'ivoire, et mangent les agneaux choisis du troupeau et les veaux près du lieu où ou les engraiï^se. » Au reste, les textes sont souvent sujets à interprétation, et l'absence de tout monument figuré nous réduit à ne pouvoir faire que des conjectures.

L'usage du pain était général parmi les Hébreux dès la plus haute antiquité; on voit aussi l'usage des gâteaux dès le temps des patriarches. « Abraham s'en alla en hâte dans la tente de Sarah et lui dit : Hâte-toi, prends trois mesures de fleur de farine, pétris-les et fais des gâteaux. » Pour moudre le grain, on se servait du moulin à bras, et il y eu avait dans toutes les maisons. Le moulin se composait de deux parties : la partie inférieure, qui restait immobile, et la partie supérieure, que des femmes esclaves faisaient tourner. La cessation du bruit que produit le moulin est dans la poésie hébraïque l'image de la désolation.

La viande pouvait se faire rôtir ou bouillir; les deux procédés étaient connus : « Et ils en mangeront la chair rôtie au feu cette nuit-là ; ils la mangeront avec des pains sans levain et avec des herbes amères. N'en mangez rien à demi cuit, ni qui ait été bouilli dans l'eau; muis qu'il soit rôti au feu, sa tète avec ses jambes et ses entrailles. »

On engraissait les animaux pour la table des riches : « Or les vivres de Salomon, chaque jour, étaient trente cores (environ 3 hectolitres) do fine farine, et soixante cores d'autre farine, dix bœufs gras et vingt bœufs des pâturages, et cent moutons, sans les cerfs, les daims et la V'Dlaille engraissée. » Le poisson était aussi fort en usage, et les Phéniciens de Tyr en apportaient au marché de Jérusalem.

Nos collections ne possèdent pas d'ustensiles de table ayant appartenu aux Héhr&ux; mais il est probable que par la forme, ils ne devaient pas différer essentiellement de ceux dont se servaient les Égypiiens. Us étaient en métal ou en terre, mais le métal é ait préféré, et les prescriptions religieuses se montrent sévères envers les poteries de terre, qui

doivent être impitoyablement cassées quand elles ont une souillure, tandis que les ustensiles de métal ou de bois peuvent être simplement lavés. Or le contact avec la chair morte de certains animaux suffisait pour consiituer une souillure : « S'il en tombe quelque chose, quand elles seront mortes, sur quoi que ce soit, il sera souillé, soit vaisseau de bois, soit vêtement, soit peau ou sac; quelque vaisseau que ce soit, dont on se sert à faire quelque chose, sera mis dans Teauet sera souillé jusques au soir, et après cela il sera net. Mais s'il en tombe quelque chose dans quelque vaisseau de terre que ce soit, tout ce qui sera dans ce vaisseau sera souillé, et vous casserez le vaisseau. » Le législateur dit encore, un peu plus loin, à propos des souillures : « Et le vaisseau de terre que celui qui est impur aura touché sera cassé; mais tout vaisseau de bois sera lavé dans l'eau. » Avec de pareilles prescriptions, l'usage des poteries de terre devait être peu répandu, et il est présumable que les gens riches avaient des ustensiles de métal, et que les pauvres devaient se servir de cuillères ou d'écuelles de bois. [Lévitique, ch. ix et xv.)

Mariages babyloniens. — Hérodote rapporte une singulière coutume des Babyloniens relativement au mariage. Comme il n'existe aucun document sur le même sujet, nous sommes bien obligés de nous en tenir au curieux récit de l'hisiorien grec. « De toutes les coutumes, voici, à mon avis, la plus sage; j'apprends qu'on la retrouve aussi chez les Vénètes, peuple d'IUyrie. Dans chaque bourgade, ceux qui avaient des filles nubiles les amenaient tous les ans dans un endroit où s'assemblaient autour d'elles une grande quantité d'hommes. Un cricur public les faisait lever et les vendait l'une après l'autre. 11 commençait par la plus belle, et, après en avoir trouvé une somme considérable, il criait celles qui en approchaient davantage; mais il ne les vendait qu'à condition que les acheteurs les épouseraient. Tous les riches Babyloniens qui étaient en âge nubile enchérissant les uns sur les autres, achetaient les plus belles. Quant aux jeunes gens du peuple, comme ils avaient moins besoin d'épouser de belles personnes que d'avoir une femme qui leur apportât une dot, ils prenaient les plus laides, avec l'argent qu'on leur donnait. En effet, le cricur n'avait pas plus tôt lini la vente des belles qu'il faisait lever la plus laide, ou celle qui était estropiée, s'il s'en trouvait, la criait au plus bas prix, demandant qui voulait l'épouser à cette condition, et l'adjugeait à celui qui en faisait la promesse. Ainsi l'argent qui provenait des belles servait à marier les laides et les estropiées. Il n'était point permis à un père de choisir un époux

CONSTITUTION DK LA FAMILLK.

à sa fille, et celui qui avait acheté une fiNc ne pouvait l'emmener chez lui s'il n'avait pas donné caution de l'épouser. Lorsqu'il avait trouvé des répondants, il la conduisait à sa maison. Si l'on ne pouvait s'accorder, _ la loi portait qu'on

rendrait l'argent. Il était aussi permis indistinctement à tousceuxd'un autre bourg de venir à cette vente et d'y acheter des filles. Cette loi, si sagement établie, ne sub?isteplus. »

Ce qui vient à l'appui de ce récit d'Hérodote, ce sont les petites olives en • terre cuite qui ont été trouvées. Ces olives, percées d'un petit trou, étaient attachéesaucoudes fillesainsi acquises, et [portaient une petite inscription contenant le nom du mari, celui de la femme et la date de l'acquisition. Plusieurs de ces olives sont au musée du Louvre. L'une d'elles porte l'inscription suivante : « Mannutamat, qu'a acquise Bakit-Alsi, le jour de la fête de Sabat, l'an 9 de Mérodachbaladan, roi de Babylone. » Deux autres olives portent des inscriptions analogues : il n'y a que le nom de changé. 11 est pourtant supposable que, dans les familles riches, les jeunes