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Fig. 114. — Le caillou i\licliau.\. (.Contrat Uc mariage baoylinieD.)

LA FAMILLI-; EN ASIE.

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filles n'étaient pas ainsi envoyées au marché; on sait même que le père constituait quelquefois une dot à sa fille en lui assurant un immeuble. C'est un de ces contrats que représente le fameux caillou Michaux, ■pierre babylonienne qu'on peut voir à la Bibliothèque nationale (fig. ll/i). L'inscription indique la nature de liauneuble, qui est placé sous la garantie d'imprécations terribles: les divinités babyloniennes sont figurées en haut du caillou et ont sans doute pour mission de protéger la mariée.

Les r.EPAS assyriens. — Les fouilles deKoyoundjik ont mis au jour un monument unique en son genre et infiniment précieux par les renseignements qu'on y trouve sur le mobilier royal. Le roi est ici dans son harem, mollement étendu sur un lit de repos, près duquel est une table fort petite, mais somptueuse. Au pied du lit, la roi'no. nssi'^p en face de

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Fig. Uj. — Festia du roi Assarhaddon, lit de repos, table et fauteuil assyriens.

lui sur un fauteuil, prend part au festin (fig. 115). La fête est égayée par de jeunes esclaves qui accompagnent leurs voix des accords de la harpe.

Ce roi est Assarhaddon; à Khorsabad, le terrible Sargon napparaît que sous l'éclat de la majesté royale, mais il semble qu'ici la vie soit

CONSTITUTION DE LA FAMILLE.

plus molle et plus douce. Ce bas-relief, dont nous ne donnons qu'un fragment, est extrêmement important pour l'histoire des mœurs de ["antiquité, parce que c'est le plus ancien monument où l'on voit un liomme dîner en demeurant couché sur son lit; d'après cela, cet usage qui s'est répandu dans tout le monde antique aurait eu son origine en Assyrie, car nous n'avons jamais rien vu de semblable en Egypte.

Le lit sur lequel repose le roi est extrêmement élégant, et on peut en dire autant de la table, dont les pieds en griffes de lion portant sur un cône renversé sont du plus bel effet. La femme assise auprès de lui est sur un fauteuil assez élevé, ce qui l'oblige à poser sur un tabouret ses pieds, qui sans cela seraient pendants.

L'usage de se tenir couché sur des lits n'était pourtant pas général, car nous voyons (fig. 116) des personnages ayant le verre en main et

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Fig. 116. — Ua toast assyrien.,

assis devant une table. C'était peut-être un privilège royal que de se tenir couché pendant qu'on dînait : aucun texte ne nous éclaire sur ce sujet. Mais une particularité qu'il est bon de signaler ici, c'est que les personnages qui tiennent leur verre le portent en l'air, comme s'ils faisaient une invocation à propos de la liqueur sacrée. Les deux qui sont debout semblent même vouloir rapprocher leurs coupes, comme s'ils allaient trinquer : si cette explication est acceptable, nous aurions ici la plus ancienne représentation d'un toast, car rien de pareil ne se voit sur les monuments égyptiens.

Le service de la maison du roi se faisait par des eunuques : c'est au moins ce qui paraît résulter des monuments. La figure 117 montre un eunuque tenant en main deux coupes d'une forme particulière. Il les porte au moyen d'une anse qui est placée à la partie supérieure du

LA FAMILLE EN ASIE.

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récipient, dont la base est une tête de lion. Ces coupes, ne pouvant pas être posées sur la table, se vidaient probablement d'un seul trait, comme les rhytons des Grecs; mais leur forme ne permet pas de croire qu'on les buvait de la même manière, au moyen d'un jet s'échappant par un petit trou.

Usages de la Peuse. — Du peu de renseignements que l'on possède sur la constitution de la famille dans l'ancienne Perse, il résulte pourtant que la polygamie était admise dans tous les rangs de la société : seulement il est présumable que les riches seuls en profitaient. Le harem royal, élevé à la hauteur d'une institution d'État, avait un développement immense et une magnificence sans égale. Les historiens nous montrent le roi entouré de ses concubines et vivant néanmoins avec la reine, qui ne se formalise nullement de cet entourage. Ces mœurs, du reste, étaient communes à tout l'Orient, Un autre usage qu'on retrouve aussi chez plusieurs peuples d'Asie, c'est celui de vendre les filles à celui qui veut les épouser. Cet usage, d'ailleurs, existait également chez les Grecs de l'âge héroïque, comme nous le voyons dans l'histoire des filets de Vulcain, où l'époux outragé par Vénus réclame de Jupiter l'argent qu'il lui a donné pour posséder sa fille. Quant au rôle de la femme dans la famille, il est le même dans toute l'Asie : elle appartient en propre à son mari, qui est son seul juge si elle est coupable, et son maître en tout temps et pour toutes choses.

Les monuments relatifs aux usages de la table chez les Perses font absolument défaut, mais les textes sont assez nombreux, au moins pour ce qui concerne la table du roi; car les historiens anciens, lorsqu'ils

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Fig'. in. — Eunuque.

veulent parler des usages orientaux, parlent assez volontiers du monarque, mais jamais des particuliers. Athénée, qu'il faut toujours consulter lorsqu'il s'agit des repas, cite le passage suivant d'Héraclide de Cumes : <i Ceux qui servent le roi de Perse à table, dit-il, sont occupés la moitié du jour aux préparatifs du repas. Quant aux convives du roi, les uns mangent hors de la salle, et on les voit quand on veut; les autres sont dans l'intérieur avec le roi, mais ils ne mangent pas à la même table : il y a deux salles en face l'une de l'autre, dans lune desquelles le roi mange ; les convives sont dans l'autre. Le roi les voit à travers un rideau tiré devant la porte; mais eux ne le voient point. Lorsque le roi fait une débauche (or il en fait souvent), il y a au plus douze personnes qui mangent avec lui; c'est ordinairement après le souper, le roi ayant mangé seul à sa table et les autres à la leur. Alors un des eunuques appelle ces douze compagnons de la bouteille; lorsqu'ils sont tous réunis, ils boivent avec le roi, mais non pas du même vin, et ils sont assis à terre, tandis que lui est couché sur un lit à pieds d'or. En général, le roi dîne et soupe seul; quelquefois sa femme et ses fils soupent avec lui. Pendant le repas, plusieurs concubines chantent et jouent des instruments : l'une d'elles prélude, et les autres chantent toutes ensemble. Le souper du roi semblerait être de la plus grande somptuosité si l'on en jugeait parce qu'on dit; mais si l'on examine bien, on verra que tout y est fait avec économie et réglé avec l'ordre le plus précis. 11 en est de même à l'égard des autres Persans constitués en dignité. On tue, il est vrai, pour le service du roi, mille bêtes par jour, savoir: des chevaux, des bœufs, des ânes, des cerfs, nombre de moutons; il se consomme aussi beaucoup d'oiseaux, tels que des autruches d'Arabie, des oies, des coqs; mais on ne sert de tout cela aux.convives du roi qu'avec mesure, et ils peuvent emporter ce qui reste : les autres viandes se portent au pavillon des gens que le roi nourrit et qui se partagent tout entre eux par portions égales, tant pain que viande. Si, d'un côté, les soldats grecs reçoivent de l'argent pour leur solde, de l'autre, les militaires persans reçoivent ces aliments de la part du roi à titre de payement. »