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L'armée faisait partie de la maison royale et les soldats étaient nourris à ses frais, ce qui explique le chiffre de mille bêtes par jour qui serait incompréhensible sans cela. Les bas-reliefs de Persépolis ne reproduisent pas ces grands repas de corps, mais on voit sur l'un d'eux toute une légion de serviteurs qui gravissent les marches d'un escalier monumental en portant tous des provisions de bouche ; ce sont les g3ns de la maison du roi qui vont préparer le repas (fig. 118).

LA FAMILLE EN ASIE.

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Au sujet de l'étiquette qui entourait la personne royale, les historiens nous fournissent encore quelques renseignements.

Fig. 118. — Servituui» de la Uble.

« Lorsque les échansons des rois, dit Xénophon, leur présentent la coupe, ils tirent avec une cuillère un peu de la liqueur qu'elle contient; ils la versent dans leur main gauche et l'avalent; s'ils y avaient mêlé du poison, ils en seraient les premières victimes, n

Aux yeux des Grecs, les Perses étaient sous le rapport de la cuisine des êtres tout à fait extraordinaires. « Hélas! dit le comique Antiphane, cité par Athénée, que pourraient faire des Grecs qui vivent si mesquinement! des mangeurs d'herbes, et qui n'ont qu'une obole à dépenser pour trois ou quatre lambeaux de viande! Vivent nos anc'tres! ils vous mettaient des bœufs, des cerfs, des agneaux tout d'une pièce en broche. Enfin, n'a-t-on pas vu un cuisinier, chose prodi[,'ieuse, il est vrai, faire rôtir un chameau entier et le servir tout brûlant au roi de Perse? »

Les mêmes faits sont racontés par plusieurs auteurs; ainsi dans les Acharniens d'Aristophane, l'ambassadeur qui revient de la cour dtf Perse raconte qu'on y sert des bœufs entiers cuits au four. Hérodote est encore plus explicite, et il attribue la même coutume non-seulement au roi, mais encore à tous les Perses de la classe opulente. « Les Perses honorent plus que tout autre jour celui de leur naissance; ils le célèbrent par un festin plus abondant; les riches, ce jour-là, étalent un bœuf, un cheval, un chameau et un âne rôtis tout entiers à la fournaise; les pauvres se contentent de servir sur leur table une tête de menu bétail. Ils n'ont point beaucoup de plats, mais de nombreux hors-d'œuvre, qu'on leur apporte l'un après l'autre. Aussi disent-ils que les

Cl) CONSTITUTION DK LA FAMILLE.

Grecs sortent de table affamés; on no leur offre rien de bon après lo repas, ajoutent-ils, et si on leur"apportait quelque bonne chose, ils ne cesseraient pas de manger. »

D"aprcs le même historien, l'eau du Choaspe, rivière qui coule aux pieds des murs de Suze, était la seule dont le roi usât, et lorsqu'il était loin, on la mettait dans des flacons d'argent, après l'avoir fait bouillir, et on la plaçait sur des chariots à quatre roues traînés par des mulets. On raconte aussi que le roi de Perse récompensait d'une manière extraordinaire ceux qui inventaient quelque mets nouveau capable de flatter son goiit, mais il tenait essentiellement à ce que rien ne fi!it apporté de l'étranger et à ce qu'on ne servît à sa table que des aliments provenant de ses États. Athénée rapporte à ce sujet une anecdote assez curieuse. « On servait sur la table du roi de tous les aliments que produisaient les pays de sa domination, et c'étaient comme les prémices de chacun. Le roi pensait qu'il ne devait user d'aliment ni solide ni fluide tiré de l'étranger; et cet usage devint ensuite une loi positive dans ses États. Mais un de ses eunuques lui ayant servi des figues sèches parmi les desserts, le roi demanda de quel pays elles venaient. Dès qu'il eut su qu'elles venaient d'Athènes, il donna ordre à ses pourvoyeurs d'en acheter jusqu'à ce qu'il lui fût possible d'en manger sans les payer. On dit que l'eunuque qui lui en avait servi ne l'avait fait que pour lui rappeler le souvenir de déclarer la guerre aux Athéniens . »

Après la mort, on ne devait ni brûler le corps, ni l'ensevelir, ni le jeter dans une rivière : c'eût été souiller le feu, la terre ou l'eau. On avait deux manières différentes de se débarrasser du cadavre sans dommage pour la pureté des éléments. On pouvait le recouvrir d'une couche de cire et l'enterrer: l'enduit passait pour empêcher la souillure qu'aurait produiie un contact direct avec la terre; on pouvait l'exposer en plein air et le laisser dévorer aux oiseaux et aux bêtes de proie : en ce cas de grandes tours rondes servaient de cimetières.

Usages lydiens. — L'Asie Mineure, par sa situation entre laGréce et rOrient,et par sa population mêlée d'éléments grecs et d'éléments asiatiques, servait naturellement d'intermédiaire entre les deux nations dont les mœurs déteignaient également sur elle. Mais, dans les temps primitifs, l'Asie, dont l'industrie était beaucoup plus avancée, avaitnaturelle-ment la prépondérance et imposait son goût à la Grèce, tandis que le contraire est arrivé dans la période macédonienne.

LA FAMILLE L!N ASIU.

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La figure 119 représente Hercule couché sur son lit, mais ce n'est pas le personnage mythologique que nous devons voir ici, c'est le

Fig. 119. — Lu d'Horcule .

meutle et le costume lydiens. Nous retrouverons en Grèce et enEtrurie des lits analogues, mais cetteforme est d'origine lydienne, etlacouiumc

[ 1^-. 120. — lias-relicf du temple d'Aaaos (au Louvrey.

de dîner couché vint également de l'Orient par la Lydie. 11 est bon de remarquer toutefois que cet usage n'est pas mentionné dans Homère, et rien n'autorise à croire qu'il existât au temps de la guerre de Troie.

Un bas-relief du temple d'Assos (fig. 120) montre que l'habitude de

prendre ses repas couché existait en Asie Mineure dans une antiquité assez reculée. Toutefois la construction du temple d'Assos est postérieure à l'époque homérique. Ce bas-relief présente en outre une particularité assez remarquable, qu"il a été difficile de rendre dans la gravure à cause de Tétat trop dégradé de la sculpture : les personnages représentés sur le monument d'Assos se distinguent par des yeux très-relevés aux angles et un type analogue à celui que nous avons remarqué sur des monuments étrusques, et notamment sur le beau sarcophage du Louvre (tome I", fig. 510). Cela n'a rien de surprenant, puisque les Étrusques sont considérés comme venant d"Asie Mineure. Mais le même caractère se retrouve également sur les figures du temple d'Égine, tandis qu'on ne le voit plus sur le Parthénon et les autres monuments de la Grèce.

Les habitants de l'Asie Mineure passaient pour extrêmement voluptueux. Athénée nous fournit quelques renseignements sur leurs repas : « Les Lydiens, dit-il, ont un certain mets qu'ils appellent candaule; mais il y en a de trois différentes espèces, tant ce peuple s'étudiait à raffiner sur ce qui pouvait flatter les sens. Hégésippe de Tarente dit qu'on lo prépare avec de la viande bouillie, du pain râpé, du fromage de Phrygie, de l'ancth et du bouillnn gras. Alexis en fait mention. C'est un cuisinier qui parle dans un dialogue :

A. — En outre, nous vous servirons un candaule.

B. — Loin d'en avoir mangé, je n'en ai jamais entendu parler.

A. — C'est quelque chose d'admirable et de mon invention. Quelque copieux que je vous le serve, vous sucerez vos doigts jusqu'à les ronger : nous ferons aussi des itrious.

B. — L'ami, fais-les très-blancs; ensuite tu songeras à un plat de saline de poissons ordimires et à un plat de viande; aussitôt tu nous ajouteras un plat d'œufs durs hachés, du lait nouveau pour une sauce au miel, du froma^-e frit en poêle, ce que tu feras en coupant des tranches de fromage nouveau de Cythne.

A. — Et quelque grappe de raisin, sans doute'; unechorie, un verre de vin doux, car on en répand toujours quelques gouttes dans les autres assaisonnements; c'est ce qui fait l'essentiel du repas.

B. — Eh ! l'ami, je crois que tu ne songes qu'a plaisanter. Quitte-moi sur le-champ, avec tes candaules, tes chories et tous les plats dont tu me parles. Peste soit de toutes ces délices !