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« Les Lydiens, dit Hérodote prétendent avoir inventé les jeux qui leur sont communs avec les Grecs. Voici quel est leur récit: Sous le roi

Athis, fils de Manôs, une famine cruelle dévora toute la Lydie. Le peuple pendant longtemps en prit son parti; mais ensuite, comme elle persistait, il chercha des adoucissements; chacun s"ingénia d'une manière ou d'une autre. C'est alors qu'ils inventèrent les dés, les osselets, la balle et tous les autres jeux de cette sorte, excepté les dames, car ils n'en réclament pas l'invention. Voici comment ils les employèrent contre la famine : de deux journées, ils en passaient une tout entière à jouer, afin de point songer à prendre de nourriture; pendant l'autre, ils suspendaient les jeux et mangeaient. »

LA FAMILLE EN GRECE

La paternité.

Le foyer domestique. — Les lois conjugales. — Le gynécée.

Le célibat. — Les étrangers. — Les serviteurs.

La paternité. —Toutes les lois et toutes les coutumes qui régissent la famille antique partent de l'idée religieuse qu'on attachait à la paternité. Le père, c'est-à-dire l'être pourvu du pouvoir créateur, est essentiellement revêtu du caractère divin, mais ce caractère n'appartient pas à la femme, qui porte l'enfant et le nourrit, mais ne lui donne pas l'étincelle de vie. Cette idée, qui est commune à toute l'antiquité, est très-nettement exprimée dans les Eumènides d'Eschyle : « Vous êtes mère, dit Apollon, mais votre enfant, ce n'est pas vous qui lui avez donné véritablement la vie. Vous n'êtes qi:e la nourrice du germe nouveau-né. La mère, étrangère à l'hôte qu'elle a re(;u, abrite l'enfant jusqu'au bout si le ciel ne vient à la traverse. »

De cette manière de voir, ressortent les deux principes constitutifs de la famille antique : 1° le culte des ancêtres, culte qui s'adresse aux a'icux du sexe masculin, mais non à ceux du sexe féminin, qui ne sont pas considérés comme revêtus du caractère divin; — 2" la subordination absolue de la femme à l'homme, subordination qui est de plus en plus accentuée, à mesure qu'on remonte plus avant dans les temps primitifs.

Le fover domestique. — En dehors des rites ofliciels et de l'ingérence du sacerdoce, on trouve dans les sociétés antiques un culte spécial à la famille, le cuite des ancêtres. Ce culte a pour autel le foyer domestique, et pour pontife le pèi'c de famille, destiné à devenir dieu lui-même et à recevoir de ses enfants les honneurs qu'il rend à celui qui l'a engendré. En donnant la vie à son fils, le père lui transmettait le droit de recevoir un jour l'hommage de ses descendants et le devoir d'accomplir les rites sacrés que réclamaient ses aïeux. Aussi la stérilité de la femme entraînait nécessairement le divorce; car le mariage avait pour but suprême, non une association mutuelle, mais la continuation de la race. Pour veiller à la perpétuité de la famille, on avait, à défaut d'enfant, la ressource de l'adoption. Tout le plaidoyer de Démo-sthènes contre Léocharès est fondé là-dessus. L'enfant adopté était initié au culte domestique, et son ancienne famille lui devenait étrangère, à tel point que son père naturel n'avait plus le droit de conduire ses funérailles.

Dans un procès athénien où l'on contestait à un fils adoptif la légitimité de l'adoption, le défendeur s'écrie :' « Ménéclès ne voulait pas mourir sans enfants, il tenait à laisser après lui quelqu'un pour l'ensevelir et pour lui faire dans la suite les cérémonies du culte funèbre... Si vous annulez l'adoption, vous ferez que Ménéclès sera mort sans laisser de fils après lui, qu'eu conséquence personne ne fera les sacrifices en son honneur, que nul ne lui offrira les repas funèbres, et qu'enfin il sera sans culte. » (Isée.) Pour être adopté, il fallait être émancipé par sa propre famille. L'émancipation impliquait le renoncement au culte de ses véritables ancêtres.

L'autel primitif de la famille ét;iit la pierre du foyer. Le feu y était perpétuellement entretenu et on y déposait avant le repas les prémices de la nourriture. C'est là aussi que se faisaient les libations du vin, et chaque jour, la famille assemblée adressait sa prière à la divinité protectrice. Dans la tragédie d'Euripide, Alceste sacrifiant sa vie pour sauver son époux ne manque pas d'invoquer son foyer : « 0 divinité maîtresse de cette maison, c'est la dernière fois que je m'incline devant toi et que je t'adresse mes prières; car je vais descendre oii sont les morts. Veille sur mes enfants qui n'auront plus de mère; donne à mon fils une tendre épouse, à ma fille un noble époux; fais qu'ils ne meurent pas comme moi avant l'âge, mais qu'au sein du bonheur ils remolissent une longue existence. »

Placé au centre de l'habitation, l'autel domestique était un lieu sacré

LA FAMILLE EN GRECE.

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et le fugitif qui s'asseyait sur la cendre de l'autel était par cela seul réputé inviolable. Ce caractère d'asile donné à la pierre du foyer a fourni plus tard aux poètes comiques le sujet de plusieurs situations

Fig 121. — Autel domestique.

burlesques. Ainsi dans le Revenant dePlaute, un esclave, pour échapper à la colère de son maître, va s'asseoir sur la pierre du foyer, et là, certain de l'impunité, il nargue tous ceux qui tenteraient de s'approcher de lui. Un sujet analogue est représenté (fig.121) sur un petit bas-relief en terre cuite.

Les lois conjugales. — 11 est impossible de savoir historiquement quelle a été l'origine du mariage en Grèce. Les anciens attribuaient cette institution à Cécrops, personnage regardé aujourd'hui conime mythologique. « Ce fut chez les Athéniens, dit Athénée, que Cécrops établit le premier l'union individuelle d'un homme et d'une femme; car, avant lui, les femmes étaient en commun, et personne ne connaissait son père dans le nombre de ceux qui pouvaient l'être. »

H.

CONSTITUTION DE LA FAMILLE.

Le mariage a été consacré par la loi dans toutes les cités grecques; partout aussi il a été constitué exclusivement au point de vue de la cité. La femme est citoyenne; elle appartient à son mari, mais elle est protégée par les lois de son pays. Un citoyen ne peut épouser qu'une citoyenne, et les enfants de sa femme légitime héritent seuls de

son nom et de son patrimoine. S'il a des enfants avec ses concubines, la loi ne les reconnaîtra pas. La monogamie est donc le premier principe du mariage (fig. 122).

Un Athénien n'a pas le droit d'épouser une étrangère, et la loi a prévu le cas où il y aurait une tromperie ; u Si quelqu'un marie une étrangère à un Athénien, comme étant sa fille, il perdra ses droits civils ; ses biens seront confisqués et le tiers appartiendra à l'accusateur. Tout citoyen non interdit pourra le poursuivre devant les thesmothètes, juges des étrangers. » Le but de cette loi est clairement indiqué dans un plaidoyer de Démosthènes : le cas est grave, car l'accusée Neaera n'est pas seulement une étrangère, mais une courtisane, et la famille dans laquelle elle est entrée contrairement aux lois occupe une haute position dans la cité; si elle est condamnée, elle sera chassée ou même vendue. L'orateur, après avoir démontré que Neaera est étrangère et qu'elle a mené une vie dissolue, supplie les juges de ne pas tolérer un pareil opprobre. «De retour dans vos maisons, dit-il, que pourrez-vous dire à une épouse, à une fille, à une mère, après avoir absous cette femme? « D'où venez-vous? deman-<i deront-elles. — Nous venons de juger. — Qui? ajouteront-elles aussitôt. «— Neaera, direz-vous sans doute. — Pourquoi? — Parce que étant «étrangère, elle a épousé un citoyen contre la loi; parce qu'elle a marié «sa fille, couverte de souillure, à Tliéogène, au chef de la religion; parce « que cette même fille a célébré les sacrifices secrets... » Aprèsvous avoir entendu : « Eh bien, qu'avez-vous fait?répliqueront-elles.—Nousl'avons « acquittée. » Les Athéniennes les plus modestes seront révoltées que vous