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Fig 122 — Époux grecs.

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jugiez une Ncœra digne de partager avec elles les droits civils et religieux; aux plus vicieuses vous déclarerez qu'elles peuvent suivre toutes leurs fantaisies, puisque la loi et les juges leur assurent l'impunité... Permis désormais à la femme dissolue d'épouser qui elle voudra et d'attribuer ses bâtards au premier venu. Ayez égard à nos citoyennes, et n'empêchez pas la fille d'un Athénien pauvre de s'établir. A présent, quelle que soit l'indigence de la jeune vierge, la loi lui fournit une dot suffisante, pour peu qu'elle ait reçu de la nature une figure agréable. Mais si vous outragez cette loi, si vous l'infirmez par l'acquittement de Neœra, l'infamie des prostituées va passer sur le front des filles de vos concitoyens qui, faute de dot, ne pourront être mariées; et la courtisane jouira de tous les privilèges des femmes honnêtes : libre à elle, en effet, de s'entourer d'une famille, de prendre place aux initiations, aux sacrifices, de partager tous les droits civils. Ainsi, que chacun de vous soit bien convaincu qu'il va prononcer pour une épouse, pour une fille, pour une mère, et tous pour Athènes, ses lois, ses temples, ses cérémonies saintes. Que, grâce à votre arrêt, la vertueuse mère de famille ne soit pas confondue avec la lie de son sexe; que la citoyenne formée par une éducation pudique, et mariée par la loi, ne descende pas au rang d'une étrangère qui, plusieurs fois le jour, a connu plusieurs époux, csclavo docile à toutes les exigences de la débauche.»

Le gynécée. — Les femmcsmariées vivaient dans un appartement spécial qu'on appelait le gynécée, et elles ne participaient nullement aux occupations ou à la société de leurs maris. Sauf la polygamie, leur existence était assez semblable à celle que les femmes mènent encore aujourd'hui dans les pays orientaux. Aucun homme ne pouvait pénétrer dans leur appartement, et comme il eut été malséant à une femme de se montrer dans la rue sans être accompagnée, la galanterie, telle qu'elle a été comprise dans le monde moderne, n'existait pour ainsi dire pas dans la société grecque. Les femmes étant recluses, et les hommes, même mariés, pouvant sans aucune honte fréquenter les courtisanes, il y avait en réalité deux classes de femmes : les épouses des citoyens, que tout le monde respectait et qui n'avaient aucun rapport avec ce que nous appelons aujourd'hui le monde; les courtisanes, dont le salon était le rendez-vous des hommes opulents, et qui avaient dans les affaires de la cité une influence bien plus réelle, quoique indirecte. C'est pour cette raison que l'adultère tieqt si peu de place dans la litté-

CONSTITUTION DE LA FAMILLE.

rature; les Grecs n'auraient pas compris du tout le sel de la plupart de nos comédies modernes.

Les peintures de vases qui se rapportent à la vie intime des femmes

Fig. 123. ^- Scène de gj-necet.

peuvent se rattacher à trois catégories de sujets : ceux qui montrent les occupations du ménage, ceux qui ont trait à la toilette, et ceux qui

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Fig. 121. — Femme rangeaut ses vêlements.

représentent les distractions que pouvaient avoir les femir.es grecques dans leur vie de recluses.

Dans la première catégorie nous rangerons les figures 123 et 124

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qui montrent des femmes occupées à nettoyer ou à ranger des vêtements. Les sujets qu'on voit représentés ont un caractère absolu-

Fig. 12Ô. — Scène d'intérieur.

ment intime; mais, parmi ceux qui vont suivre, il y en a quelques-uns auxquels les archéologues attribuent un caractère soit religieux, soit

Fig. 126. — Soins de propreté.

mythologique. Nous n'avons pas à nous en préoccuper, car ce n'est pas le sens caché des symboles que nous devons étudier, mais simplement l'apparence extérieure des représentations. Ainsi on

CONSTITUTION DE LA FAMILLE.

peut donner un nom mythologique aux deux personnages représentés sur la figure 125, le sujet n'en montre pas moins une femme

i'i^', rj7. — Les suinà de proprolé.

assise qui regarde dans son miroir l'effet de sa coiiïure pendant que sa senante déplie devant elle une sorte d'écharpe qui va

sans doute entrer dans son ajustement. C'est donc une simple scène de toilette que nous devons voir ici.

Il en sera de même pour la figure 126, où nous trouvons une femme nue entre ses deux servantes. L'une d'elles verse un vase dont l'eau coule à flot sur le dos de la baigneuse. L'autre tient en main le miroir et la cassette où sont renfermés les onguents.

Les peintures do vases nous montrent quelquefois des petites scènes qui sont de nature à jeter un certain jour sur les habitudes intimes des femmes grecques et que nous ne devons pas négliger, puisque aucun document écrit ne nous vient en aide sur cette question. Voici, par exemple (fig. 127), une femme abritée sous son parasol, qui tourne la tête vers une autre femme ; celle-ci vient de se baigner et est en train de

Fig, 128. — Joueuse do lyre.

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presser sa chevelure au-dessus d'une vasque d'eau. La présence du parasol indique un endroit où le soleil arrive d'aplomb, c'est-à-dire une

Fig. 129. — Femmes grecques. (D'après uue gravure de vase.)

cour, et la vasque d'eau montre la présence d'une fontaine dans cette cour, ce qui s'accorde d'ailleurs parfaitement avec ce que nous connaissons de la disposition des maisons grecques. Remarquons en passant que cette cour appartenait sans nul doute au gynécée, qui n'était pas toujours situé au premier étage comme on l'a dit quelquefois. Dans tous les cas, il devait

y avoir dans les j.^„ j.jl^ _ q,^^^ ^i perdrix privées.

maisons une petite

cour où les femmes pouvaient se livrer aux soins de leur toilette sans

redouter les regards indiscrets.

Les Grecs étaient passionnés pour la musique, et ce goût que les femmes partageaient avec les hommes, a donné lieu à un assez grand nombre de représentations dont quelques-unes peuvent se rattacher au sujet qui nous occupe. La lyre (fig. 128), et la double flûte charmaient souvent les loisirs du gynécée (fig. 129).

Une grande distraction des jeunes filles était aussi d'avoir des animaux privés, et les anciens étaient arrivés à domestiquer certaines bêtes qu'on ne voit guère aujourd'hui qu'à l'état sauvage. C'est ainsi que sur la figure 130 nous voyons deux jeunes filles en présence d'une grue et d'une perdrix privées. La coutume d'avoir dans sa maison des animaux complètement inutiles et qui servaient simplement de joujoux à leurs maîtresses était devenue générale à la fin de l'empire romain. Les pères de l'Église, qui battaient en brèche tous les usages de la vieille société, se sont élevés fortement contre cette habitude qu'ils considéraient comme contraire à la charité chrétienne. « Quelques-unes, dit saint Clément d'Alexandrie, élèvent et nourrissent à gnnuls frais des oiseaux de l'Inde et des paons de Médie. Elles préfèrent une petite chienne de Malte à une veuve chaste et modeste; elles n'ouvrent point leur demeure à Torphelin sans asile, mais elles la remplissent de perroquets. Elles exposent sur la voie publique les enfants nés dans leurs maisons et nourrissent avec soin de nombreux poulets. Des vieillards pauvres et vertueux sont pourtant aussi beaux que des singes, aussi éloquents que des rossignols. »