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Le bras de Marie-Antoinette retomba. Ses yeux se levèrent lentement sur Andrée.

«Andrée, avait écrit la reine, vous m’avez sauvée. Mon honneur me vient de vous, ma vie est à vous. Au nom de cet honneur qui vous coûte si cher, je vous jure que vous pouvez m’appeler votre sœur. Essayez, vous ne me verrez pas rougir.

«Je remets cet écrit entre vos mains; c’est le gage de ma reconnaissance; c’est la dot que je vous donne.

«Votre cœur est le plus noble de tous les cœurs; il me saura gré du présent que je vous offre.

«Signé: MARIE-ANTOINETTE DE LORRAINE D’AUTRICHE»

Andrée, à son tour, regarda la reine. Elle la vit les yeux mouillés de larmes, la tête alourdie, attendant une réponse.

Elle traversa lentement la chambre, alla brûler au feu presque éteint le billet de la reine, et, saluant profondément, sans articuler une syllabe, elle sortit du cabinet.

Marie-Antoinette fit un pas pour l’arrêter, pour la suivre; mais l’inflexible comtesse, laissant la porte ouverte, alla retrouver son frère dans le salon voisin.

Philippe appela Charny, lui prit la main, qu’il mit dans celle d’Andrée, tandis que sur le seuil du cabinet, derrière la portière, qu’elle écartait de son bras, la reine assistait à cette scène douloureuse.

Charny s’en alla comme le fiancé de la mort que sa livide fiancée emmène; il s’en alla, regardant en arrière la pâle figure de Marie-Antoinette qui, de pas en pas, le vit disparaître pour toujours.

Elle le croyait, du moins.

À la porte du château, deux chaises de voyage attendaient. Andrée monta dans la première. Et comme Charny se préparait à la suivre…

– Monsieur, dit la nouvelle comtesse, vous partez, je crois, pour la Picardie.

– Oui, madame, répondit Charny.

– Et moi, je pars pour le pays où ma mère est morte, monsieur le comte. Adieu.

Charny s’inclina sans répondre. Les chevaux emportèrent Andrée seule.

– Restez-vous avec moi pour m’annoncer que vous êtes mon ennemi? dit alors Olivier à Philippe.

– Non, monsieur le comte, répliqua celui-ci; vous n’êtes pas mon ennemi, puisque vous êtes mon beau-frère.

Olivier lui tendit la main, monta à son tour dans la seconde voiture et partit.

Philippe, resté seul, tordit un moment ses bras avec l’angoisse du désespoir, et d’une voix étouffée:

– Mon Dieu, dit-il, à ceux qui font leur devoir sur la terre, réservez-vous un peu de joie dans le ciel? De la joie, reprit-il assombri en regardant une dernière fois vers le château; je parle de joie!… À quoi bon! Ceux-là seuls doivent espérer une autre vie qui retrouveront là-haut les cœurs qui les aimaient. Personne ne m’aima ici-bas, moi; je n’ai pas même comme eux la douceur de désirer la mort.

Puis, il lança vers les cieux un regard sans fiel, un doux reproche de chrétien dont la foi chancelle, et disparut, comme Andrée, comme Charny, dans le dernier tourbillon de cet orage qui venait de déraciner un trône, en broyant tant d’honneurs et tant d’amours!

FIN.

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Décembre 2005

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– Source:

http://www.dumaspere.com/ Le site de référence sur Alexandre Dumas, indispensable pour tous ceux qui aiment cet auteur.

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