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MICHAEL

Non, je ne dis pas ça. Je voulais juste…

LEO saisit MICHAEL par la main.

LEO

P’tit Chiot, écoutez-moi. Dans cette vie, soit on est un rat, soit on est une souris. Il n’y a rien entre les deux. Mais…

MICHAEL

Mais qui voudrait être un rat ?

LEO

Vous ne m’avez pas laissé finir. La différence est qu’un rat fait du mal ou du bien en changeant les choses autour de lui, en agissant. La souris fait du bien ou du mal en ne faisant rien, en refusant d’intervenir. Lequel voulez-vous être ?

MICHAEL regarde l’écran. Le visage de LEO. Les pilules dans les mains de LEO.

MICHAEL

(en respirant profondément)

Et merde. LEO sourit.

MICHAEL répond à son sourire.

MICHAEL

(parlant toujours)

Conduisez-vous comme un rat et chopez-moi cette souris.

LEO saisit la souris de l’ordinateur qui part de TIM et l’image bouge sur l’écran.

LEO

Là ! Le mauve est de l’eau. C’est votre puits, sans le moindre doute.

Nous voyons le filament mauve courir sur l’image. Un mouvement subit se produit à l’arrière-plan.

MICHAEL

Bon Dieu, c’est quoi, ça, à votre avis ?

LEO

Qui sait ? Un animal, peut-être. Je fais un zoom à l’intérieur du puits.

Lentement, le mauve remplit l’image.

MICHAEL

Je n’arrive pas à y croire…

LEO retire sa main de la souris.

LEO

Vous savez quoi faire, maintenant. Quand je donnerai le signal.

LA MUSIQUE commence à monter.

MICHAEL va au container où se trouvent les pilules. Il y a un bouton rouge sur le côté.

MICHAEL s’humecte les lèvres et pose le pouce contre le bouton.

LEO, cependant, a la main sur un interrupteur sur le clavier de TIM.

Tous deux se regardent.

La MUSIQUE enfle.

GROS PLAN sur MICHAEL.

GROS PLAN sur les pilules dans le container.

GROS PLAN sur LEO.

GROS PLAN sur les doigts de LEO au-dessus du dispositif du commutateur.

GROS PLAN sur le pouce de MICHAEL.

LEO hoche deux fois la tête et…

LEO

MAINTENANT !

Le pouce de MICHAEL presse le bouton.

Nous voyons à l’intérieur du container les quatre pilules qui semblent s’éclairer et irradier de la lumière. Elles commencent à disparaître tandis que…

Le doigt de LEO pousse sur son interrupteur.

À l’intérieur de l’image mauve sur l’écran de TIM le fantôme trouble de quatre pilules orange apparaît et luit.

Les pilules ont disparu de l’intérieur du container.

Elles ont émergé dans le puits à Braunau.

Soudain, dans la pièce, sous les yeux de MICHAEL, tout commence à tournoyer et à se métamorphoser.

Les écrans de satellites, le commutateur – LEO lui-même – changent tous de forme, prennent tous un aspect liquide qui spirale.

Tandis que la MUSIQUE atteint son paroxysme, il devient clair qu’autour de lui, tout s’amasse en un tourbillon. La matière, la lumière, l’énergie, tout cela tournoie en une grande bourrasque de lumières et de couleurs.

L’écran de TIM occupe l’épicentre de cette tornade. Toute matière, à commencer par les objets de petite taille, est métamorphosée et part vers lui en un tourbillon.

MICHAEL voit LEO disparaître sous ses yeux, aspiré à l’intérieur de l’écran comme une simple feuille emportée par un caniveau.

Une énorme implosion aveuglante de lumière et de couleurs, et maintenant, MICHAEL est soulevé à son tour, et traverse l’écran comme s’il plongeait dans un océan de mercure lumineux.

Tout, l’univers entier, dirait-on, est instantanément aspiré dans TIM qui semble se retourner sur lui-même pour être aspiré dans ses propres profondeurs, et ne laisser qu’un…

FONDU AU NOIR

Livre 2

Histoire locale

Henry Hall

« Mesdames et messieurs, bienvenue à Niagara City…

— Aïe !

— Hé, j’ai dit appuie ta tête contre le mur, pas cogne-la de toutes tes forces, idiot.

— Dégueulasse, totalement dégueulasse…

— Oh non, c’est de la gerbe…

— Ah, punaise, j’en ai sur la godasse…

— Sa tête a rien ?

— Ça saigne pas, mais il va avoir une bosse, demain matin.

— Que quelqu’un lui attrape le bras…

— Pas question que je m’approche de ce…

— Mais bon sang, pourquoi il nous fait le coup à chaque fois ? Enfin, je veux dire, bon Dieu…

— Tu aurais dû le voir au dernier commencement…

— Si on se remue pas, on va louper la navette.

— Je crois qu’il a fini.

— Oh…

— Hé, la Créature parle…

— Où est-ce que je suis, bordel ?

— Elle s’exprime bizarrement…

— Arrête de faire l’andouille, Mikey. Faut y aller.

— Et si on se prenait un Big Mac ?

— Oh…

— Todd. C’est pas une bonne idée…

— Ah, Seigneur… Le revoilà par terre…

— Mes jambes n’ont pas l’air de fonctionner.

— T’as trouvé ça tout seul ?

— Mais qu’est-ce qu’il te prend, Mikey ? Non, franchement, bon sang de bois, t’as pas bu davantage que le reste d’entre nous… »

Vaguement conscient dans le remous des vapeurs d’alcool que nous passons devant un Burger King. Un drôle de Burger King. Et une librairie. Une drôle de librairie. Jamais vue auparavant.

Au-dessus de la route, un portail d’université. Trinity ? Pas Trinity. St-John ? Non.

Mais où, alors ?

Une anomalie, dans ces voitures. Pas seulement qu’elles nagent et ondulent comme des méduses. Pas seulement que leurs phares me poignardent les yeux. Il y a autre chose…

Dans une minute, je vais trouver. D’ici là, concentrons-nous pour marcher.

Tu vois ? Ce n’est pas si compliqué…

Essayons un peu plus droit.

Mon Dieu, mais quelle humidité…

Et d’abord, qui sont ces gens ?

Les idées, c’est toujours toi qui les as, Butch.

Voilà, concentrons-nous sur ce que nous savons. Assurons-nous que nous n’avons pas totalement disparu.

Butch Cassidy et le Kid, 1969, George Roy Hill.

Quatre fois quatre, seize.

Bataille d’Azincourt, 1415.

La capitale de la Corse est Ajaccio.

Question : pouvez-vous me dire la nationalité de Napoléon ?

Réponse : Évidemment !