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— Allons, je vois que je ne m’étais pas trompé, il y a eu des catastrophes avec ces crayons de couleur !

— Il ne faut rien exagérer, a dit Maman.

Et puis on a entendu un grand bruit : c’était Papa qui venait de tomber en mettant le pied sur mon crayon jaune, qui était devant la porte de la salle à manger.

Les campeurs

— Eh ! les gars, nous a dit Joachim en sortant de l’école, si on allait camper demain ?

— C’est quoi, camper ? a demandé Clotaire, qui nous fait bien rigoler chaque fois, parce qu’il ne sait jamais rien de rien.

— Camper ? C’est très chouette, lui a expliqué Joachim. J’y suis allé dimanche dernier avec mes parents et des amis à eux. On va en auto, loin dans la campagne, et puis on se met dans un joli coin près d’une rivière, on monte les tentes, on fait du feu pour la cuisine, on se baigne, on pêche, on dort sous la tente, il y a des moustiques, et quand il se met à pleuvoir on s’en va en courant.

— Chez moi, a dit Maixent, on ne me laissera pas aller faire le guignol, tout seul, loin dans la campagne. Surtout s’il y a une rivière.

— Mais non, a dit Joachim, on fera semblant ! On va camper dans le terrain vague !

— Et la tente ? Tu as une tente, toi ? a demandé Eudes.

— Bien sûr ! a répondu Joachim. Alors, c’est d’accord ?

Et jeudi, nous étions tous dans le terrain vague. Je ne sais pas si je vous ai dit que dans le quartier, tout près de ma maison, il y a un terrain vague terrible, où on trouve des caisses, des papiers, des pierres, des vieilles boîtes, des bouteilles, des chats fâchés et surtout une vieille auto qui n’a plus de roues, mais qui est drôlement chouette quand même.

C’est Joachim qui est arrivé le dernier avec une couverture pliée sous le bras.

— Et la tente ? a demandé Eudes.

— Ben, la voilà, a répondu Joachim en nous montrant la couverture, qui était vieille avec des tas de trous et des taches partout.

— C’est pas une vraie tente, ça ! a dit Rufus.

— Tu crois pas que mon papa allait me prêter sa tente toute neuve, non ? a dit Joachim. Avec la couverture, on fera semblant.

Et puis Joachim nous a dit qu’on devait tous monter dans l’auto, parce que, pour camper, il faut y aller en auto.

— C’est pas vrai ! a dit Geoffroy. Moi, j’ai un cousin qui est boy-scout, et il y va toujours à pied.

— Si tu veux aller à pied, tu n’as qu’à y aller, a dit Joachim. Nous, on y va en auto et on sera arrivés bien avant toi.

— Et qui c’est qui va conduire ? a demandé Geoffroy.

— Moi, bien sûr, a répondu Joachim.

— Et pourquoi, je vous prie ? a demandé Geoffroy.

— Parce que c’est moi qui ai eu l’idée d’aller camper, et aussi parce que la tente, c’est moi qui l’ai apportée, a dit Joachim.

Geoffroy n’était pas très content, mais comme on était pressés d’arriver pour camper, on lui a dit de ne pas faire d’histoires. Alors, on est tous montés dans l’auto, on a mis la tente sur le toit et puis on a tous fait « vroum vroum », sauf Joachim qui conduisait et qui criait : « Gare-toi, eh papa ! Va donc, eh chauffard ! Assassin ! Vous avez vu comment que je l’ai doublé, celui-là, avec sa voiture sport ? » Ça va être un drôle de conducteur, Joachim, quand il sera grand ! Et puis il nous a dit :

— Ce coin me paraît joli. On s’arrête.

Alors, on a tous cessé de faire « vroum » et on est descendus de l’auto, et Joachim a regardé autour de lui, content comme tout.

— Très bien. Amenez la tente, on a la rivière tout près.

— Où est-ce que tu vois une rivière, toi ? a demandé Rufus.

— Ben, là ! a dit Joachim. On fait semblant, quoi !

Et puis on a amené la tente, et pendant qu’on la montait, Joachim a dit à Geoffroy et à Clotaire d’aller chercher de l’eau à la rivière et puis de faire semblant d’allumer du feu pour cuire le déjeuner.

Ça n’a pas été facile de monter la tente, mais on a mis des caisses les unes sur les autres et on a mis la couverture par-dessus. C’était très chouette.

— Le déjeuner est prêt ! a crié Geoffroy.

Alors on a tous fait semblant de manger, sauf Alceste qui mangeait vraiment, parce qu’il avait apporté des tartines à la confiture de chez lui.

— Très bon, ce poulet ! a dit Joachim, en faisant « miam, miam ».

— Tu me passes un peu de tes tartines ? a demandé Maixent à Alceste.

— T’es pas un peu fou ? a répondu Alceste. Est-ce que je te demande du poulet, moi ?

Mais comme Alceste c’est un bon copain, il a fait semblant de donner une de ses tartines à Maixent.

— Bon, maintenant il faut éteindre le feu, a dit Joachim, et enterrer tous les papiers gras et les boîtes de conserve.

— T’es malade, a dit Rufus. Si on doit enterrer tous les papiers gras et toutes les boîtes du terrain vague, on sera encore là dimanche !

— Mais que t’es bête ! a dit Joachim. On fait semblant ! Maintenant, on va tous se mettre sous la tente pour dormir.

Et là, c’était rigolo comme tout, sous la tente ; on était drôlement serrés et il faisait chaud, mais on s’amusait bien. On n’a pas dormi vraiment, bien sûr, parce qu’on n’avait pas sommeil, et puis parce qu’il n’y avait pas de place. On était là sous la couverture depuis un moment, quand Alceste a dit :

— Et qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

— Ben, rien, a dit Joachim. Ceux qui veulent, peuvent dormir, les autres peuvent aller se baigner dans la rivière. Quand on campe, chacun fait ce qu’il veut. C’est ça qui est chouette.

— Si j’avais apporté mes plumes, a dit Eudes, on aurait pu jouer aux Indiens, sous la tente.

— Aux Indiens ? a dit Joachim. Où est-ce que tu as vu des Indiens camper, imbécile ?

— C’est moi, l’imbécile ? a demandé Eudes.

— Eudes a raison, a dit Rufus, on s’embête sous ta tente !

— Parfaitement, c’est toi l’imbécile, a dit Joachim, et il a eu tort, parce qu’avec Eudes, il ne faut pas rigoler ; il est très fort et bing ! il a donné un coup de poing sur le nez de Joachim, qui s’est fâché et qui a commencé à se battre avec Eudes. Comme il n’y avait pas beaucoup de place sous la tente, on recevait tous des baffes, et puis les caisses sont tombées et on a eu du mal à sortir de dessous la couverture ; c’était drôlement rigolo. Joachim, lui, n’était pas content et il piétinait la couverture en criant :

« Puisque c’est comme ça, sortez tous de ma tente ! Je vais camper tout seul ! »

— T’es fâché pour de vrai, ou tu fais semblant ? a demandé Rufus.

Alors, on a tous rigolé, et Rufus rigolait avec nous en demandant :

— Qu’est-ce que j’ai dit de drôle, les gars ? Hein ? Qu’est-ce que j’ai dit de drôle ?

Et puis Alceste a dit qu’il se faisait tard et qu’il fallait rentrer pour dîner.

— Oui, a dit Joachim. D’ailleurs, il pleut ! Vite ! Vite ! Ramassez toutes les affaires et courons à la voiture !

Ça a été très chouette de camper, et chacun de nous est revenu à sa maison fatigué mais content. Même si nos papas et nos mamans nous ont grondés, parce qu’on était arrivés si tard.

Et ce n’est pas juste, parce que ce n’est tout de même pas de notre faute si on a été pris dans un embouteillage terrible pour le retour !

On a parlé dans la radio