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C’est une inversion des données de base assortie d’une démonstration pacifiste que propose Fiers Anthony dans ses trois romans « Sos the Rope » (Sos à la Corde, 1968, inédit), « Var the Stick « (Var au Bâton, 1972, inédit) et « Neq the Sword « (Neq à l’Epée, 1975, inédit). Il y est aussi question d’une cité scientifique dans le cadre des États-Unis livrés à une barbarie post-atomique. Mais le maître d’Helicon entend maintenir la population survivante dans l’arriération, estimant que la ramener à la civilisation aboutirait à une nouvelle guerre atomique. Un réseau de stations a donc été construit pour surveiller les barbares et leur fournir des armes primitives mais aussi pour leur donner abri, soins médicaux, vêtements, et recueillir les orphelins. Elles contribuent à favoriser une société de petites tribus nomades régies par un code du duel qui met à leur tête les meilleurs guerriers. Mais surgit Sol, un héros qui, défiant et vainquant les chefs des tribus, les entraine avec lui et bâtit un puissant empire qui se met à utiliser l’ancien savoir et à fabriquer ses propres armes. Pour l’arrêter. Helicon fait de son ennemi Sos un super-guerrier grâce à une série d’opérations chirurgicales, Sos défie et bat Sol qui s’enfuit mais il se retourne contre Helicon qu’il assiège. Pour en finir, un duel entre les champions des deux camps décidera de la victoire. Sos choisit Var, un mutant dont la hideur cache une immense générosité, et Helicon Soli, la fille naturelle de Sos, une enfant qui est déjà une super-guerrière. Une estime mutuelle naît entre eux et Ils décident de faire croire que Var est vainqueur. Mais lorsque Sos apprend qui est le vaincu, il chasse Var et part à sa poursuite après avoir ordonné la destruction de la cité. Il retrouve Sol et se sacrifie avec lui pour sauver Var et Soli qui l’avaient rejoint. Var est ensuite tué par Neq, un homme sanguinaire dont les mains ont été tranchées. Il a fait adapter à son moignon une épée et a entrepris de se venger. Puis, comprenant son erreur, il a remplacé l’épée par une clochette. Il voit autour de lui le réseau de stations qu’entretenait Helicon se désagréger et avec lui la culture nomade qui en dépendait. Il comprend que les deux étaient complémentaires et décide de rebâtir la cité à l’aide de survivants mais stipule qu’elle sera la conservatrice du savoir qu’elle devra remettre un jour aux nomades. C’est là une fin digne de cette trilogie haute en couleur mais qui se veut avant tout symbolique et humaniste.

Le dessinateur Claude Auclair a effleuré le sujet dans sa série « Jason Muller » (1975), notamment dans l’épisode intitulé « Chronique d’un Temps Futur « (1972). Il y raconte comment les détenteurs de la technologie essaient à partir de bases militaires de regrouper les populations dispersées d’une Europe postatomique malgré leurs réticences. Mais il donne sa pleine mesure dans une autre série de bandes dessinées : « Simon du Fleuve », qui comprend les épisodes « Simon du Fleuve » (1973), « Le Clan des Centaures » (1974), « Les Esclaves » (1975), « Maïlis » (1975-76), « Les Pèlerins » (1977) et « Cité N. W. N° 3 » (1978). Elle a pour cadre une France retournée à l’anarchie et à l’économie de subsistance. La ruine de la civilisation industrielle eut pour origine une série de conflits pour le contrôle de ressources énergétiques toujours plus rares mais toujours plus demandées ; l’économie des pays développés s’effondra et l’incompétence des gouvernements précipita une guerre civile généralisée ; la population déserta les villes et les survivants se dispersèrent en petites communautés autonomes. Mais les grandes capitales, réorganisées tant bien que mal autour des dernières ressources exploitables et dominées par des dictatures militaires, préparent la reconquête de leur empire. C’est cette opposition entre les cités et la campagne, entre la civilisation industrielle et la nature, entre le mal et le bien, qui est le leitmotiv de toute la série. L’auteur-dessinateur rejoint R. Barjavel et J. Massacrier dans les mêmes bonnes intentions mais aussi la même naïveté et le même manichéisme. Les aventures de Simon du Fleuve le mettent en contact avec les cultures nouvelles et libres, issues de la catastrophe et avec le monde des cités ou du moins les horreurs technologiques avec lesquelles elles s’identifient et qui causèrent leur déchéance. Le choix de civilisation est ici exprimé implicitement ou explicitement mais presque toujours partialement.

Simon du Fleuve est le fils d’un savant assassiné par les maîtres des cités pour leur avoir caché son invention : un pistolet-laser qui aurait servi leurs plans de conquête. Il s’enfuit avec l’arme et la gardera maigre sa haine de la technologie dans ses pérégrinations à travers une France à l’abandon. Il entre en contact avec une tribu de cavaliers nomades qui, trop confiante en elle-même, tombe victime d’un raid des maîtres des cités. Elle est conduite dans un complexe minier et sidérurgique, véritable camp de concentration. Y introduisant quelques-uns de ses amis qui y fomentent une révolte, Simon libère les milliers d’esclaves qui se dispersent, reprenant leur ancien mode de vie ou fondant de nouvelles communautés. Puis il rencontre des pécheurs lacustres qui paient tribut à des dégénérés vivant dans une centrale nucléaire, sans doute descendants des techniciens ; et ce sont eux qui, chargeant le réacteur, provoquent son explosion. Recueilli par des pèlerins, Simon les suit chez des cultivateurs parmi lesquels il trouve une épouse ; et l’auteur en profite pour brosser une série de scènes bucoliques d’un lyrisme un peu ridicule. Cependant le tableau a aussi des ombres : les paysans doivent livrer une partie de leurs récoltes aux cités et sont sans défense devant les bandes de pillards que celles-ci vomissent régulièrement. Puis il rejoint les pèlerins à Chartres dont la cathédrale, débarrassée de ses oripeaux chrétiens, est devenue le centre d’un renouveau de la culture celtique et le foyer de l’ancien culte. Ce mouvement contrarie les maîtres des cités qui, pour le combattre, suscitent avec leurs appareils des apparitions surnaturelles dont l’impact leur sera plus favorable. Mais Simon évente la supercherie. Sa halte suivante est la Cité n° 3, jadis Paris, qui poursuit son réarmement et expérimente de nouvelles techniques pour asseoir sa domination. Et cette série intéressante bien qu’entachée d’une sincérité naïve et d’un parti pris contestable se poursuit.