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Ln juircliinc.

nuer, je dois me décider à le lixer sur le papier, a le ])lacer à sa date Peut-être me laissera-t-il tranquille après cela.

Il me faut remonter un peu. (Jetait entre mon niariage manqué et le règne de ce.le qui me mettait si gentiment ma cravate. Elle s'appelait Constance ! Te souligne ce nom, que ce soit ma vengeance!

Que d'aaslelles cassée

Vingt-iieul" ans, grande, Forte, des sourcils noirs, des cheveux abondants, des tresses de jais qu'elle relevait au sommet de la tête en deux grosses torsades. La voilà telle que je la retrouve sur ce portrait dessiné par moi dans les premiers temps de notre liaison, à une époque où je ne la voyais que très mystérieusement, à cause del^ilmyre Cliatelus et de mes négociations matrimoniales.

Constance était emportée, irascible, colère ; combien d'assiettes nra-t-ellc cassées lorsque, pour une ombre de motif, elle montait sur ses grands chevaux! Que de fois, après des scènes violentes qui me faisaient beaucoup de tort dans le voisinage, — « oh! ces artistes! » disait une respectable bourgeoise,ma voisine, souvent scan- ^'' ^"'^"" ''^ ^onsinucc. dalisée, — que de fois, dis-je, après un grand ravage dans la vaisselle, est-elle partie e.i jurant qu'elle allait se jeter à l'eau ou s'asphyxier!

Elle revenait calmée, mais non repentante, ])uis cela recommençait. Nous en étions arrivés à casser les chaises, à brandir des poignards, à nous arracher des cheveux, moi du moins, car je crois qu'elle ^5"arrêtait toujours juste à temps dans ses transports, par la crainte de faire du tort à sa coiffure. Moi j'y allais de bon cœur, j'avais des cheveux à revench^e, et il m'en reste encore, tout vénérable que je sois. Cette orageuse liaison se termina par un mariage.

— avec un autre heureusement. Après de longues brouilles, après des journées de larmes, de fureurs, de désespoirs même, Constance Miii , m'apprit qu'elle se ma-* / riait. Quelles tempêtes! J'étais désespéré! Je lisais peut-être un peu trop les romantiques à cette époque, j'étais si jeune,àpeine quarante-

Sujiijlicatioiis.

-ix ans, et je n'en avouais que tronte-cinq !

Constance se mariait, elle épousait un négociant, un i:ran(l dadais né pour se faire conduire tambonr

Explications.

battant. Constance me réclama son portrait dessiné • aux beaux jours de notre lune de miel. J'allais le lui envoyer en morceaux, mais je réfléchis et je le conservai, déjà déchiré. La noce se faisait au Cadran Bleu ; le jour fatal, j'étais là, dans un cabinet, savourant mon sombre (U'sespoir. ,l'aperçus Constance en

Consfnnr.o iwlrouni sit rnison In ;v/y'»?/V;-

robo hlancho avoc voilo ot flours d'oranf^or. Elle aussi, elle me vit. Enfer !'Satan ! Je rugissais... Tout à coup la porte de mon cabinet s'ouvrit et Constance parut... Elle se traîna, pantelante, à mes genoux, elle sanglota, cria,.supplia... et tomba dans mes bras. Et la noce attendait toujours ! Je songeais à partir avec elle, à m'en fuir au loin sur une terre étrangère.

Constance retrouva sa raison la première. Nouvelle scène. Je ne pouvais briser son avenir, la perdre '... Encore des sanglots, encore une crise!... Ea noce cherchait la mariée. Constance me serra sur son cœur et s'enfuir

Tel fut le grand drame qui ravagea ma vie et me fit perdre, à la fleur de leur âge, quelques bonnes douzaines de cheveux en 26, 27 et 28.

A cette époque, ce fut comnio une épidémie, tout

Ln réfuçiiée.

lo inondo avait son dramo d'amour, sa passion frénétique et coupable, secouée, agitée et traversée par d'incroyables événements.

1830! Le trône s'écroule. En ma qualité d'artiste, ce spectacle m'intéresse. J'ai des velléités de revêtir mon vieil uniforme et de courir à l'assaut des libertés, mais je /'attends ! Je suis à ma fenêtre ; dans la rue, on dépave, on construit des barricades. Elle ne peut venir. Comment s'appelait-elle en juillet 1830? Je ne sais plus. Cela ne fait rien, puisqu'elle ne vient pas. On arrête sous ma fenêtre la diligence de Bretagne pour en faire la pièce principale d'une barricade. L'intérêt redouble. Les voyageurs ahuris font très piteuse mine. Cris de femme. Une dame affolée ne veut pas descendre. Elle se figure que les insurgés vont la massacrer. Je l'entrevois, elle est jolie. En une minute je suis à la barricade et j'offre mon bras et ma protection à la craintive voj'ageuse. :Ma figure la rassure, elle sourit. Vn gamin crie: V'ià les Suisses! Panique ! Les coups de fusil partent tout seuls. J'enlève nia voyageuse et je la dépose en sûreté dans mon appartement.

Elle ne le quitta que quinze jours après. Quand la barricade fut véritablement altaquée, je ne pus rien voir, je dus la garder dans mes bras. Au premier coup de canon, elle m'adora. Que de transes j'eus à calmer pendant trois jours et trois nuits! Charmant souvenir ! Elle était légitimiste en arrivant, mes soins la convertirent, elle rçjunrtit orléaniste. Son mari, un hoboroaii broton, ne dut pas la reconnaître.

n ce temps-là l'état de ma fortune me permit d'avoir maison de ville et maison de campagne. A

Paris, mon appartement fut souvent meublé d'une jolie robe de chambre jaune à manches à gigot que je revois encore aujourd'hui rien qu'en fermant les yeux.—Jolie, trop jolie, car on me l'enleva.—Sous i(j> <)inj)rii;:c> rlAiiLcuil, où su Cciciiuil iii;i liiaibou de campagne, mon cœur se serait bien ciiiiuyc s'il n'avait eu de jolies voisines. Je me rappelle toujours ma l)rcmière visite chez ma voisine de gauche. Nos janlins se touchaient, un simple treillage nous séjui-l'ait. Dès le premier jour, je vais présenter-mes

Ma passion de Paris.

pects. Monsieur était sorti, madame etail seule. Une petite l)onne me laisse entrer sans nian-noncer. — Merci, sainte Bêtise ! — Je pénètre dans la maison sans me douter do l'étendue de mon indiscrétion, je me trompe de porte et... je me trouve dans la chambre de madame. Une ombre blanche bondit et s'enveloppe dans un rideau ; c'était madame, 'irprise à sa toilette ! Cotte surprise rompit absolu-•iit la glace entre ma voisine et moi, Je me relirai avec Icte ]tlus liuhiuLcs excuses, iiuiis je la revis les jours suivants, je lui souris eu vieille connaissance; elle rougitei sourit aussi, puis sourit sans rou-iiir, puis... uiaisàquoi bon continuer, nous lûmes bons voisins ! Ma voisine voisina souvent chez son voisin. \'oilà les charmes do la campagne.

Une autre de mes voisines charma Icté suivant ma solitude champêtre. Poésie et langueur ! Mais elle avait un défaut, que dis-je? deux délants!

Son piano sur lequel elle accompagnait ses romances langoureuses

Quand je rciiiteiuls gémir sous la l'uuillée. Taib-tui, mou cœur, oh ! pai ])itit''. tai«;-t(>i

Itcconnaisnaricc.

Hcmùdc souvevidii.

ri, (IcuxicUKj dcliiLil. ^t'b ^a--pciirs ! Les \a[)oiirs vciiuiciil «lètrc inventées, l-'.llo uvail. eontiiiiiellciiiciit ses ^;l-]>eiu;s. Je fus souvent oItliLc*' lie recourir à la caraic et de lui jeter quelques verres (Teau à la tète. Ma passion de Paris a la nièuie époque était iioins langoureuse, moins \aporeuse et beaucou]» ]ilus gaie. Je l'adorais pour l'amour du contraste, la diarmante belle, toujours souriante, toujours pimpante et enrubannée ! Elle aimait les parties de cam-liagnc, j'av;iis soin de no jkis 1;i onduire (bi cût('' d'Auteuil.