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Dernières folies

Le temps passait. Les années s'accumulaient, mai> ,c les portais si gaillardement qu'il n'y paraissait que U'ès peu. J'avais ~~j ans : alors je i'ouvais que c'était beaucouj), maintenant cela me sem-Idc à peine la fin de l'adolescence.

Et de fait cette adolescence prolongée s'aflirma. ii

rari

l'a bonnet de nuit de jn'ovince.

])crtc, le goût des voyage.^ 1110 reprit comme jadis en l'an V. Hélas! plus d'Au-rélie! Je partis à travers champs comme un jeune rapin, brossant des paysages, et me rafraîchissant à la lois le corps et l'âme dans un grand bain de soleil et d'air pur. De temps en temps, une bonne aubaine, une distraction. 0 jolie bonnetière de V..., vous souvenez-vous du peintre parisien logé en face de vos fenêtres? Hélas! il doit y avoir longtemps que vous n'êtes plus jolie, mais alors vous étiez charmante ! Qne de sacrifices je fis pour vous voir de plus près! Des parties de billard avec votre mari, et jusqu'à son portrait à lui. cet imbécile, une vraie monstruosité à riiuile, que j'entrepris avec l'espoir d'arriver à vous égayer un peu. pauvre petite femme mariée à ce triple bonnetier !

De ces voyages à travers la Normandie, la Ton raine et la Bretagne, il me reste encore ce souvenir un bonnet de nuit de i)rovince encadrant une tête naïve... chut! Je connaissais à Paris un autre bonnet do nuit à qui certes il n'eût i)as lait bon de conter mes petites aubaines provinciales ! Que de sermons il m'a faits ce bonnet de nuit; il avait vingt-cinq ans n peine, mais il prêchait bien, l-^i b'il avait appris mon aventure d( l'iiôtel du l)ey d'Alger. anci'OniK Le porinitt Tetc-Xoirc, à B.,.? .le Tavai-

( bonnetier. )-cncontrée en diligence ; viv

iJicnt intôi'ossé par son cJiarrjic et sa distinction, .jo m'étais ino:oni(' à lui lairo prendre en patience la lonii-nenr de la rente. Xens causions aoTéablemefit.

La jitl'œ l)(j)inelu'i'<'.

j'étais rempli d'égards et aux petits soins pour elle : aux montées, je descendais avec elle et je Ini offrais mon l>ras. Mais je m'explique mal, je ne parle pas de la Téte-Noire, je parle de la plus exquise voyageuse qnilvoyasr^a jamais au temps des dilip-ences, Après

iront/*-.-ix hoiiros (lo tcto-à-têtc (lar.s cos véliiciilcs d'aii-Ini. on était amis... ou onnomis inti-inos. Nous n'étions ])as ennemis du tout on arrivant à 1 j... où ma voyagon-so (lovait attendre la eorrespondance. Nous descendîmes au Dey d'Alger, l'romior bonlionr. nos chambres étaient voisines. J'opérai une reconnaissance. Deuxième bonheur, elles étaient réunies au dehors par un balcon commiui.Je me gardai l)ien de paraître sur ce balcon, je ne m'y risquai que lo soir.])our prendre l'air après dîner, cbosebion naturelle, La l'enètrc de ma voisine était éclairée, comment résister à la tentation de jeter un couji d'oMl à travers les rideaux?.Te no résistai pas et justement c'était très indiscret, car ma voisine se pré])araii à gagnoison lit.

Le lacet (\o son corset lui donnait quelque l)oino... oui vraiment, il y avait un noMid à ce ,i;i;,if'nrr. lacet reliello et sans moi.

ina voisino eût r{ô o])\iîi:6o t\o le couper!... .ToliV voyag'Oiise du Dey d'Alu-or, bonne chère vieille dame, si vous vivez encore, dites, vous souvenez-vous? Que j'aimerais donc à vous rencontrer là-liau( en dilip^ence, s'il y a là-liaut desMilii^ence^ ot s'il y n des Dovd'Al'jor •'

Promenade ;i :'me.

Les jours passent. Est-ce à cette date que je dois porter les délicieuses promenades à àne à Montmorency? Je n'avais pas connu ces plaisirs purs et naïfs dans ma prime jeunesse, je rajeunissais donc puisque j'y trouvais un vrai plaisir. Celle qui m'inspira ces

L-'oûts champêtres était modiste il me semble

inlic royrireufiO du Dey iPAlqor avoir connu l'avais rencontre Zclio nn

jour (lo giboulées, ollo était on dérouto, la pauvre enfant, la bourrasque lui enlevait son chapeau, son carton de modes, et lui soulevait les jupes avec toute l'inconvenance que peuvent y mettre des zé-

Porijnisilion--

pliyrs en i,^aîté. Mon intervention la sauva du désastre, je lui ollris d'abord mon parapluie et mon bras... Comment, après avoir prusieurs fois cavalcade dans les bois de Montmorency avec la petite modiste, me retrouvai-je un jour dans les mêmes bois avec M'"'' riortensc. sa patronne, assise sur le mémo âne':' ("est assez simple; en allant certains soirs prendre Zolio à son maçfasin, je romarqiiai la patronne, bcaiitô brune en plein épanouissement, et la patronne me remarqua. Il n'y a dans cet aveu aucune fatuité de ma part, elle me remarqua et l'impression que je lis sur son esprit ne fut pas désagréable puisque trois semaines après notre première entrevue, comme je tombais un soir à ses genoux, — le magasin était vide, j'avais vu partir ces demoiselles, — elle se laissa choir dans mes bras.

Aimable, gracieuse, gaie, spirituelle, ma modiste possède bien des qualités, mais elle est possédée par un terrible défaut. De toutes les jalouses que jai connues, c'est bien la plus ennuyeuse dans ses accès, — à part Constance qui était vraiment excep-lionnelle sous ce rapport. —Je ne suis pourtant pas jaloux de son passé, je ne lui parle jamais de son mari, parti sans donner d'adresse, paraît-il, mais elle no peut pas me laisser tranquille. Elle opère des fouilles dans mes tiroirs, elle bouleverse mes papiers de famille et met à sac les pauvres paquets de lettres d'autrefois. Un jour, elle a mis la main sur les lettres d'I'^lodie. 1808! I^llc m'a regardé. — Parbleu ! ai-je dit, j'étais au collège en 1808, j'ai hérité ces lettres d'un oncle mauvais sujet!...

Les lettres d'Élodie étaient sauvées ! Si elle s'était doutée de mes ])romenades avec Zélie, sans nul doute elle m'eùr arraché les yeux !

Quelque temps après, à tous mes défauts s'a-j )uta la gourmandise. Jamais auparavant je n";i\nis culri\é c-o y\co-

la tabl(^ cola m'était bien égal ! Certainement je n'étais pas une mauvaise fourchette, j'avais bon pied, bon œil et bon appétit, je ne dédaignais pas un ])lat réussi et je dégustais avee plaisir un vin aimable, mais je n'accordais pas aux satisfactions d(^ l'estomac une iin])ortance exceptionnelle. A cette époque de ma vie, le cœur se fit complice de l'estomac. Celle ([ue j'aimais alors aimait les bonnes choses et commença mon éducation de gourmet.Elle me fit changer de cuisinière et ne dédaigna pas de mettre parfois ses belles mains à la pâte. Quels repas! J'étais riche, Mvec mes 7,500 fr. de rente, je pouvais m'adoiuier à la gastronomie.

Je veux passer rapidement sur quelques menues distractions et sur certaines figures agréables qiii embellirent mes jours de 1837 à 1839, pour en arriver à mes deux, non pas dernières, mais avant-dernières folies! Elles furent assez bien remplies, ces années ([ui me séparaient de l'an 40, dont je ne me moquais pas, moi, du redoutable an 40 qui devait me donner... brrr... la soixantaine! Ces années furent consacrées aux nrts, la gastronomie d'abord, — j'y avais pris '.soùi. — puis In musique, la peinture et la danse, Je Ella aimait les bonnes choses.

donnai dos leçons de peinture ;\ nne dame qni se montra reconnaissante; tontes les romances composées dans le cours de ma vie en l'honneur de nombreuses belles, je les chantai à une autre dame qui les prit pour elle. Je ne connaissais pas une note de musique, mais je chantais agréablement. Que de duos' Quant à la danse, elle fut représentée dans ma vie par une demoiselle du corps de ballet, mon Dieu, oui, une danseuse sans engagement, paroissienne de Sainte-Lorette, vive, enjouée, légère, oh ! légère surtout, car elle disparaissait par moments sans laisser de traces, à croire que dans un entrechat trop vif elle s'était accrochée à quelque nuage passant, et elle revenait aussi soudainement quinze jours ou trois semaines après, saub prévenir comme si, de son nuage, elle retombait sur ses pointes.