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— Vos travaux vont marquer une avancée décisive.

— Ou plutôt un grand retour ! Les Anciens savaient nombre de vérités que nous sommes en train de découvrir. En quelques années, l’homme moderne sera contraint d’accepter l’impensable : à savoir que nos esprits peuvent générer une énergie capable de transformer la matière.

 » Les particules réagissent à la pensée... cela signifie que notre pensée a la capacité de changer le monde.

Langdon sourit.

— Après mes recherches, vous savez ce que je crois ? demanda-t-elle. Je crois que Dieu est réel, que c’est une énergie mentale qui imprègne toute chose. Et nous, les êtres humains, avons été créés à son image...

— Pardon ? l’interrompit Langdon. Nous aurions été créés à l’image d’une énergie mentale ?

— Exactement. Notre apparence physique a évolué à travers les âges, mais c’est notre esprit qui a été créé à l’image de Dieu. Notre lecture de la Bible est bien trop littérale. Nous avons appris que Dieu nous a faits à son image, mais ce ne sont pas nos corps qui ressemblent à Dieu, ce sont nos esprits.

Langdon resta silencieux, trop troublé pour répondre quelque chose.

— C’est ça le grand don, Robert. Et Dieu attend que nous le comprenions. Aux quatre coins de la planète, les hommes regardent le ciel, attendant la venue de Dieu, et personne ne s’aperçoit que c’est Dieu qui nous attend... Nous sommes les créateurs, et pourtant, nous nous bornons à jouer le rôle des créatures. Nous continuons à nous voir comme de frêles brebis, guidées par le berger qui nous a créés. Nous nous agenouillons comme des enfants terrifiés, demandant de l’aide, implorant la miséricorde, la bonté du destin... mais lorsque nous aurons compris que nous sommes créés à l’image de Dieu, nous découvrirons que, nous aussi, pouvons être des créateurs. Une fois que nous saurons cette vérité, Robert, que nous en aurons la preuve scientifique, les portes de l’ère humaine s’ouvriront toutes grandes.

Une phrase du philosophe Manly P. Hall avait marqué l’esprit de Langdon : « Si l’infini n’avait pas voulu que l’homme soit savant, il ne lui aurait pas donné la faculté d’apprendre. » Langdon contempla à nouveau l’Apothéose de Washington – l’ascension symbolique de l’homme vers le divin. La créature devenant le créateur.

— Le plus merveilleux, ajouta Katherine, c’est que lorsque l’homme aura commencé à dompter son véritable pouvoir, il aura une maîtrise absolue sur le monde. Il sera capable de modeler la réalité plutôt que de s’y plier.

— Cela fait froid dans le dos.

— Bien sûr ! Si l’esprit peut affecter le monde, alors il faut être très vigilant quant à la nature de nos pensées. Des pensées destructrices auront également une influence. Et nous savons tous qu’il est toujours plus facile de détruire que de construire.

Langdon se rappela toutes les mises en garde des Anciens. Le secret ne devait être révélé qu’à ceux qui en seraient dignes et partagé entre gens « éclairés ». Il songea au Collège invisible, et à la requête du grand savant Isaac Newton demandant à Robert Boyle en 1676 un « entier silence » au sujet du savoir qu’ils avaient acquis. « Il ne saurait être communiqué sans immense préjudice pour le monde. »

— C’est un vrai pied de nez du destin ! lança Katherine. Toutes les religions du monde, pendant des siècles, ont demandé à leurs fidèles de « croire » aveuglément.

Et, aujourd’hui, le nouveau champ d’exploration de la science, pour qui la religion n’était que superstition, va être justement la foi, le pouvoir de la conviction et de l’intention sur la matière. Cette même science, qui s’évertuait à éroder notre croyance dans les miracles, va finalement jeter un pont au-dessus du schisme qu’elle a elle-même créé.

Langdon médita un moment ces paroles. Lentement, il leva les yeux vers L’Apothéose.

— Je me pose une question... Même si j’accepte, ne serait-ce qu’un instant, que j’ai en moi le pouvoir de changer la matière et de faire apparaître tout ce que je désire... Je n’en vois aucun signe dans ma vie de tous les jours.

— Parce que vous ne regardez pas assez bien.

— Allez, Katherine, je veux une réponse de scientifique, pas de prêtre.

— Vous voulez une réponse ? Très bien. Si je vous donnais un violon et que je vous dise que vous pouvez en tirer une musique merveilleuse, ce ne serait pas un mensonge. Vous en avez effectivement la capacité, mais cela vous demanderait des efforts monstrueux pour y parvenir. C’est la même chose avec l’esprit. Diriger ses pensées nécessite de l’entraînement. Rendre réelle cette intention exige une volonté d’airain, des sens affûtés, et une grande foi. Nous l’avons démontré en laboratoire. Et comme pour le violon, certaines personnes ont davantage de prédispositions que d’autres. Cela s’est passé des dizaines de fois dans l’histoire. Songez à ces êtres « éclairés » qui ont réalisé des miracles.

— Katherine, ne me dites pas que vous croyez aux miracles. Pas sérieusement... Changer l’eau en vin ? Soigner les malades par l’imposition des mains ?

Katherine prit une grande inspiration.

— J’ai vu des gens transformer des cellules cancéreuses en cellules saines uniquement par leur force mentale. J’ai vu des esprits humains exercer une influence sur le monde physique, et ce, de mille manières différentes. Une fois que vous êtes témoin de ce pouvoir, Robert, une fois que vous avez prouvé sa réalité, alors ces « miracles » dont vous parlez ne deviennent rien de plus, à vos yeux, que d’autres manifestations du même pouvoir, pratiqué à un niveau d’expertise plus élevé.

Langdon restait songeur.

— C’est une belle façon de voir le monde, Katherine, mais ne me demandez pas d’y croire. C’est, pour moi, le saut de la foi ! Et comme vous le savez, la foi et moi n’avons jamais fait bon ménage...

— Ne réfléchissez pas en termes de foi. Voyez ça comme un changement de point de vue, acceptez que le monde ne soit pas tel qu’il paraît être. Historiquement, toutes les grandes découvertes scientifiques sont nées d’une idée toute simple allant à l’encontre de tous les dogmes du moment. Celui qui a dit « la Terre est ronde » a été l’objet de moquerie. L’héliocentrisme a été déclaré une hérésie. Les esprits étriqués ont toujours rejeté ce qu’ils ne pouvaient comprendre. Il y a ceux qui créent et ceux qui détruisent. Cette dualité a toujours existé. Mais à la fin, les créateurs trouvent des adeptes, leur nombre grandit jusqu’à atteindre une masse critique et, soudain, le monde est rond, ou le système solaire devient héliocentrique. La perception humaine étant transformée, une nouvelle réalité apparaît.

Langdon hocha la tête, les yeux dans le vague, ses pensées s’égarant...

— Vous faites une drôle de tête, constata Katherine.

— C’est étrange... Un souvenir vient de me revenir en mémoire : je me revois dans un canoë au milieu d’un lac. Il est tard dans la nuit ; je suis allongé au fond du bateau et je pense à ce genre de choses.

Katherine acquiesça.

— On a tous ce même souvenir. Allongés sur le dos, en train de regarder les étoiles, l’esprit ouvert. (Elle leva les yeux vers la fresque.) Donnez-moi votre veste, Robert.

Il la retira et la tendit à Katherine.

Elle la plia en deux, la posa au sol, comme un oreiller.