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ÉPILOGUE

– Alors, comment va notre cher Guillemot ? s’enquit joyeusement une infirmière en pénétrant dans la chambre, les bras chargés de fleurs en provenance du Monde Incertain.

Guillemot sourit. C’était son infirmière préférée. Toujours de bonne humeur, toujours prête à proférer des bêtises qui le faisaient parfois rougir jusqu’à la racine des cheveux. Et puis, avec ses yeux pétillants et ses cheveux noirs, elle lui rappelait Ambre…

– Je crois que tu as de la visite, continua-t-elle en plaçant le bouquet dans un grand vase.

– Qui est-ce ?

– Je ne sais pas, le taquina-t-elle. Il y a deux filles et deux garçons qui trépignent à l’entrée !

– Oh, tu n’es pas drôle ! se fâcha Guillemot. Dis-leur de venir.

L’infirmière sortit en riant.

Quelques instants plus tard, Romaric, Gontrand, Ambre et Coralie firent irruption dans la chambre.

– Il paraît que tu sors bientôt ? s’exclama Gontrand. C’est génial !

– Il paraît… Bon sang, j’ai hâte !

– Ne te plains pas, veinard ! dit Coralie. Toi au moins, tu n’es pas obligé d’aller à l’école !

– Alors ça y est, c’est décidé ? demanda Gontrand qui venait de l’apprendre. Kyle va rester dans son désert ?

– Oui, répondit Guillemot en triturant son médaillon solaire que le Commandeur avait récupéré sur un Ork à la fin de la bataille. Il va me manquer mais j’ai promis que j’irais le voir chaque fois que je le pourrais…

– Et pour Toti, tu connais la nouvelle ? dit Coralie.

– Toti ? Quoi, quelle nouvelle ?

– Il va venir habiter à Ys, révéla Romaric. L’oncle Urien a décidé de l’adopter. Il trouve que le château de Troïl est bien vide, depuis la disparition de Valentin. Et puisque son frère, l’Archer, est mort pendant la bataille de Yénibohor, Toti n’a plus de famille dans le Monde Incertain.

– Cette adoption est une bonne idée, se réjouit Guillemot. Mais dis-moi, cousin, on nous l’a changé, l’oncle !

– Trans-for-mé ! Tu l’aurais vu, à la grande fête donnée par le Prévost en l’honneur des Chevaliers ! Il a pris Yorwan dans ses bras, l’a appelé son frère et, avec des sanglots dans la voix, lui a demandé pardon d’avoir pu croire qu’il avait fui alors qu’il avait accompli un acte d’immense courage en sacrifiant son bonheur pour sauver celui des autres. C’était très émouvant ! Il a aussi serré contre lui M. de Krakal et M. de Balangru, qui se sont réconciliés depuis que leurs enfants leur ont fait la plus grande honte en combattant ensemble contre l’Ombre, alors qu’eux se disputaient pour des bêtises…

– Et Thomas ? Et Agathe ? Comment vont-ils ?

– Oui, parle-nous un peu d’Agathe, Gontrand, demanda Romaric d’un ton moqueur.

– Elle va très bien, répondit ce dernier en ignorant l’allusion. Thomas aussi : son épaule et sa jambe sont presque guéries, et la Confrérie l’a contacté pour qu’il entre à Bromotul à la prochaine rentrée. Cela fera au moins un Écuyer convenable !

– C’est vrai ce que l’on raconte ? plaisanta Romaric. Agathe et toi préparez un spectacle pour l’été, dans lequel elle chante des chansons d’amour et toi tu joues de la mandoline ?

– De la cithare, le reprit Gontrand, imperturbable.

– Arrêtez un peu tous les deux, intervint Guillemot en riant. Et Bertram, vous avez de ses nouvelles ?

Ses amis échangèrent un regard amusé et Coralie pouffa.

– Tu ne devineras jamais…, commença Romaric. Tu as su que Bertram était allé demander l’aide des Korrigans, quand tout le monde essayait d’y mettre du sien pour grossir les rangs de l’armée des Collines ?

– Oui, mon Maîtr… mon père me l’a raconté. Il m’a même dit que l’aide des vieux magiciens Korrigans avait été déterminante contre les prêtres.

– Bertram est toujours resté très évasif sur la raison qui avait poussé le roi des Korrigans à accepter de s’engager contre l’Ombre. Tu veux connaître le fin mot de l’histoire ?

– Bien sûr ! Arrête de me faire languir !

– En échange de son aide, Bertram a promis à Kor Mehtar de lui servir de bouffon personnel autant de jours que les magiciens Korrigans seraient absents de Bouléagant !

– Tu veux dire… que Bertram a passé une semaine entière avec les Korrigans, à devoir faire le pitre et subir les caprices du roi ? Non ! Mais quelle horreur !

– Cela explique pourquoi il voulait toujours que l’on se dépêche, à Yénibohor ! comprit brusquement Coralie.

– Depuis cet épisode qui ne s’est en définitive pas trop mal passé, d’après ce que j’ai entendu dire, termina Romaric, Bertram est dans le Monde Incertain, avec Gérald. Il l’aide à je ne sais quel travail important pour la Guilde…

– Mon… mon père m’a expliqué, confirma Guillemot, que lorsque mon énergie magique et celle du grimoire sont parties dans l’espace, deux nouvelles constellations sont nées et ont bouleversé la place des autres dans le ciel. Pour que les Graphèmes puissent continuer à fonctionner dans le Monde Incertain, il faut maintenant leur redonner une forme correspondant aux nouveaux dessins des étoiles. C’est un gros travail. Bertram et Gérald ne seront pas trop de deux…

– C’est vrai que c’est toi qui as donné leur nom à ces deux constellations ? s’étonna Coralie.

– Oui. Je les ai appelées constellation du Sorcier et constellation du Chevalier. Pour honorer le sacrifice de Qadwan et de Valentin…

– Ça, c’est vraiment gentil !

– Dis-moi, Guillemot, se rappela soudain Ambre, j’espère que tu n’as pas oublié… Tu dois impérativement être sorti la semaine prochaine. Le Prévost a préparé une fête gigantesque en ton honneur. Il y aura un monde fou ! Tout Ys est convié, ainsi que de nombreuses personnes du Monde Incertain : Hommes de la Mer, des Sables, de l’Ouest, de l’Irtych Violet.

– Rassure-toi. Pour rien au monde je ne manquerai ça !

– Bon, les interrompit Gontrand en regardant sa montre, il faut partir. Si on dépasse l’heure, on n’aura pas le droit de revenir te voir !

– Ah, les lâcheurs, filez ! Et merci d’être passés !

Gontrand franchit la porte en s’amusant à pousser Ambre devant lui. Derrière eux, Romaric et Coralie se prirent la main discrètement, sans savoir que Guillemot les observait avec un sourire amusé.

– Attendez ! s’exclama Ambre dans le couloir en se frappant le front. J’ai oublié quelque chose. Allez-y, je vous rejoins ! lança-t-elle à ses amis en rebroussant chemin.

Elle entra dans la chambre de Guillemot et, d’un pas décidé, s’avança jusqu’au lit du garçon qui la fixait avec un regard étonné.