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Moi qui suis un peu parolier, jugez de l'aubaine. "Je peux, dis-je, vous habiller. Oubliez vos peines. Je sais les mots faits pour vous plaire Et j'ai deux dictionnaires." Elle répondit: "Va pour l'essai. Vous me paraissez brave type. Lui aussi l'était mais il fumait la pipe, Ça m' faisait tousser."
Et la mélodie envolée d'une autre guitare, Avec mes mots s'est installée dans mon répertoire. Et bien que je sois sans moustaches, A moi elle s'attache. Et les soirs où je me sens vieux, Lorsque j'ai le cœur à l'automne, Elle insiste un peu pour que je la chantonne. Alors ça va mieux.

Le fantôme

Paroles et Musique: Georges Brassens 1966

C'était tremblant, c'était troublant, C'était vêtu d'un drap tout blanc, Ça présentait tous les symptômes, Tous les dehors de la vision, Les faux airs de l'apparition, En un mot, c'était un fantôme!
A sa manière d'avancer, A sa façon de balancer Les hanches quelque peu convexes, Je compris que j'avais affaire A quelqu'un du genr' que j'prefère: A un fantôme du beau sexe.
" Je suis un p'tit poucet perdu, Me dit-ell', d'un' voix morfondue, Un pauvre fantôme en déroute. Plus de trace des feux follets, Plus de trace des osselets Dont j'avais jalonné ma route! "
" Des poèt's sans inspiration Auront pris – quelle aberration! – Mes feux follets pour des étoiles. De pauvres chiens de commissaire Auront croqué – quelle misère! – Mes oss'lets bien garnis de moelle. "
" A l'heure où le coq chantera, J'aurai bonn' mine avec mon drap Hein de faux plis et de coutures! Et dans ce siècle profane où Les gens ne croient plus guère à nous, On va crier à l'imposture. "
Moi, qu'un chat perdu fait pleurer, Pensez si j'eus le cœur serré Devant l'embarras du fantôme. " Venez, dis-je en prenant sa main, Que je vous montre le chemin, Que je vous reconduise at home "
L'histoire finirait ici, Mais la brise, et je l'en r'mercie, Troussa le drap d'ma cavalière… Dame, il manquait quelques oss'lets, Mais le reste, loin d'être laid, Etait d'un' grâce singulière.
Mon Cupidon, qui avait la Flèche facile en ce temps-là, Fit mouche et, le feu sur les tempes, Je conviai, sournoisement, La belle à venir un moment Voir mes icônes, mes estampes…
" Mon cher, dit-ell', vous êtes fou! J'ai deux mille ans de plus que vous… " – Le temps, madam', que nous importe! – Mettant le fantôm' sous mon bras, Bien enveloppé dans son drap, Vers mes pénates je l'emporte!
Eh bien, messieurs, qu'on se le dis': Ces belles dames de jadis Sont de satanées polissonnes, Plus expertes dans le déduit Que certain's dames d'aujourd'hui, Et je ne veux nommer personne!
Au p'tit jour on m'a réveillé, On secouait mon oreiller Avec un' fougu' plein' de promesses. Mais, foin des dédic's de Capoue! C'était mon père criant: " Debout! Vains dieux, tu vas manquer la messe! "

Le fiacre

Paroles et Musique: Léon Xanrof 1888

autres interprètes: Félicia Mallet, Yvette Guilbert (1898), Jean Sablon (1939), Barbara, Lina Margy, Germaine Montéro (1960), Georges Brassens (1980)

note: Cette chanson fût remise au goût du jour sur un tempo swing par Jean Sablon en 1939

Un fiacre allait, trottinant Cahin, caha, Hu, dia, hop là! Un fiacre allait, trottinant Jaune, avec un cocher blanc
Derrière les stores baissés Cahin, caha, Hu, dia, hop là! Derrière les stores baissés On entendait des baisers
Puis une voix disant "Léon!" Cahin, caha, Hu, dia, hop là! Puis une voix disant "Léon! Pour… causer, ôte ton lorgnon!"
Un vieux monsieur qui passait Cahin, caha, Hu, dia, hop là! Un vieux monsieur qui passait S'écrie "Mais on dirait qu' c'est
Ma femme avec un quidam! Cahin, caha, Hu, dia, hop là! Ma femme avec un quidam!" Y s' lance sur le macadam
Mais y glisse su' l' sol mouillé Cahin, caha, Hu, dia, hop là! Mais y glisse su' l' sol mouillé Crac! il est écrabouillé
Du fiacre une dame sort et dit Cahin, caha, Hu, dia, hop là! Du fiacre une dame sort et dit: "Chouette, Léon! C'est mon mari!
Y a plus besoin d' nous cacher, Cahin, caha, Hu, dia, hop là! Y a plus besoin d' nous cacher Donne donc cent sous au cocher!"

Le fidèle absolu

Paroles: Georges Brassens

Le seul arbre qu'il connaissait Sous sa fenêtre florissait. C'était le rustique absolu, L'homme d'un seul jardin, pas plus.
Et les globe-trotters, Et les explorateurs, Coureurs de forêts vierges, Regardaient, étonnés, Ce bonhomme enchaîné A sa tige d'asperge.
Bonhomme sais-tu pas Qu'il existe là-bas Des forêts luxuriantes, Des forêts de Bondy, Des forêts de Gasti- ne et de Brocéliande?
Et l'homme répondit "Je le sais bien, pardi, Mais le diable m'emporte Si je m'en vais chercher Au diable ce que j'ai Juste devant ma porte."
Je n'ai vu qu'un seul arbre, un seul, mais je l'ai vu, Et je connais par cœur sa ramure touffue, Et ce tout petit bout de branche me suffit: Pour connaître une feuille, il faut toute une vie. Si l'envie vous prenait de vous pendre haut et court, Soyez gentil, ne vous pendez pas à mon arbre!
Il n'avait jamais voyagé Plus loin que l'ombre du clocher. C'était l'autochtone absolu, L'homme d'un seul pays, pas plus.
Et les globe-trotters, Et les explorateurs, Tous les gens du voyage, Regardaient étonnés Cet être cantonné Dans son petit village.