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J'ai demandé :

« Où et quand ?

Ça devait être en août, c'est ça, à Stettin. Elle était dans ce grand camp russe qu'ils ont fait près de Stettin pour les rapatrier. Elle a dit qu'elle t'avait cherché longtemps, que des troufions l'avaient kidnappée mais qu'elle s'était échappée, et alors elle est retournée là où vous étiez, et puis elle a parcouru le pays dans tous les sens en demandant après toi, et finalement, voilà, elle essayait de retarder son rapatriement le plus possible dans l'espoir que tu finirais par arriver... »

A Stettin! En août! J'aurais patienté trois mois de plus... J'avais manqué d'acharnement, voilà. N'importe qui n'est pas du bois dont on fait les héros...

Me revoilà branché sur Stettin. Mais Stettin est désormais polonais. Impossible d'y mettre les pieds. Pas plus qu'en zone soviétique d'occupation. La guerre froide est là, et toutes mes démarches pour partir là-bas ou m'y faire envoyer en mission d'enquête par les Déportés du Travail se sont cassé le nez sur le « Niet » russe.

Mais tout n'est pas dit. Un jour, je ne sais pas comment, j'irai là-bas. En Ukraine, à Kharkov. Je la retrouverai. En attendant, je prends des leçons de russe.

Et j'ai repris le boulot. Faut bien vivre, puisqu'on ne meurt pas.

 

ŒUVRES DE CAVANNA

Chez Belfond :

Les Ritals.

Les Russkoffs.

 

Aux Éditions du Square :

Le Savœz-vous?

Le Saviez-vous? (2° FOURNÉE)

L'Aurore de l'Humanité- :

- Et le le Singe devint Con.

II- Le Con se surpasse.

III- Où s'arrêtera-t-il?

 

LES AVENTURES DE NAPOLÉON.

Les Aventures de Dieu.

Les Aventures du Petit-Jésus.

 

Aux Éditions Hara-Kiri : 4, RUE CHORON.

 

Chez Jean-Jacques Pauvert :

Stop - Crève. Droite - Gauche, piège A cons.

 

Chez 10/18 :Je l'ai pas lu, je l'ai pas vu mais j'en ai entendu causer (1969-1970).

 

Aux Éditions l'Ecole des Loisirs

adaptés en vers français par

Cavanna MAX ET MORITZ, de Wilhelm Busch.

CRASSE-TIGNASSE (Der Struwwelpeter)

 

1) Longtemps après, je me suis laissé dire que la direction des laboratoires Bailly aurait embauché massivement des jeunes afin d'avoir de la viande sur pied à donner à la réquisition et de se faire ainsi bien voir Des autorités d'occupation, lesquelles leur auraient facilité l'approvisionnement en sucre, alcool et autres denrées contingentées que leurs médicaments à usage populaire contenaient en grande quantité. Mais on dit tant de choses...

2) Ou Friedrichsfelde, peut-être bien, enfin un truc qui se termine par « Felde ». Que ceux qui sont passés par là et qui ont une meilleure mémoire m'écrivent. D'avance merci.

3) Dans un de ces lieux vertueusement baptisés « Arbeitslager », c'est-à-dire « camps de travail », en fait des bagnes dont la seule évocation semait la terreur. Celui dont dépendait Berlin se trouvait à Oranienburg. Nous ignorions alors l'existence généralisée des camps d'extermination et nous enviions le sort des juifs et des « politiques » qui, pensions-nous, se prélassaient à ne rien foutre dans leurs camps de concentration avec plantes vertes et terrains de golf.

4) Voir Les Ritals. Pierre Belfond, 1978. « Le Livre de Poche », n° 5383.

5) Avant 1940, pendant la « drôle de guerre », les Français attachaient si peu d'importance à cette guerre qu'ils n'avaient même pas songé à fabriquer un sobriquet populaire méprisant pour l'ennemi, ainsi qu'il est d'usage en de telles circonstances. Ceux qui avaient connu 14-18 se contentaient de dire « Les Boches » par habitude, mais la jeunesse disait « les Allemands ». Rien de spontané ne s'était créé. Après juin 40, le fait allemand étant devenu réalité quotidienne, et même plutôt obsédante, les sobriquets surgirent à foison. On dit d'abord « les Fritz ». Mais la brièveté du mot ainsi que le choc barbare des deux consonnes terminales répugnaient à l'appareil vocal français aussi bien qu'à la tendance de l'argot parisien à prolonger les mots par des queues de cerf-volant. On eut donc bientôt « les Frisés », puis « les Frisous », puis « les Fridolins », ce dernier terme devant très vite connaître un succès général. Il y en eut d'autres, plus « intellectuels », par exemples « les Doryphores » (parce qu'ils dévoraient nos patates). Tout cela n'était pas bien méchant, n'avait pas ce contenu haineux qui jaillit de la consonance même du mot « Boche ». Le plus inattendu de tous, et qui fut adopté d'enthousiasme par les jeunes, est assurément « les Chleuhs ». Les Chleuhs sont, en fait, une population noire nomade des confins du Sahara. Comment cela en vint-il à désigner l'occupant blond? Peut-être justement parce qu'il se voulait blond? Peut-être, plus vraisemblablement, parce que c'était incongru, cocasse, et que ça sonnait bien? « Chleuh », ça se crache comme un glaviot... En tout cas, les mômes et les adolescents ne parlèrent plus que des « Chleuhs ». (Note de l'auteur)

6) Voir Les Ritals.

7) En fait, Heili Heilo, Erika et les autres chansons de marche « nazies » dont l'effet terrifiant est encore aujourd'hui tellement utilisé dans les films de guerre sont des chansons enfantines traditionnelles, aux paroles naïves, comme, chez nous. Auprès de ma blonde, V'Ià le bon vent, v'ià le joli vent ou A la claire fontaine.

8) On finira quand même par savoir qu'elles ont été envoyées dans un Arbeitslag spécial pour Russes. Ça doit être soigné... Tania s'évadera, elle sera reprise et solennellement pendue devant les autres.

9) Encore ignorais-je l'existence des camps d'extermination massive et leur minutieuse comptabilité!

10) Meister Kubbe, ce brave type à la bonté discrète mais efficace, a eu la tête arrachée, pendant l'un des premiers gros bombardements, pour avoir cru trop tôt à la fin de l'alerte. Je dis ça pour ceux qui l'ont connu.

11) La kacha, c'est du grain de sarrasin cuit à l'eau, un peu comme du riz. C'est bon, ça a un goût très fort.

12) Je n'ai pas changé.

13) Schupo : flic, sergent de ville

14) Puni : Ça s'expliquera plus loin.

15) Le Gummi (prononcer « goumi ») est une matraque faite d'un bout de tuyau d'arrosage en caoutchouc armé, très épais et très dur. Manié avec compétence, ça peut faire excessivement mal sans trop esquinter le bonhomme. Ça peut aussi l'estropier ou le tuer, affaire de doigté. Quand tu soulèves un rail et que le surveillant flanque à l'improviste un coup de son Gummi sur les mollets d'un des gars, le gars, surpris, gueule et lâche le rail. Tout le poids retombe brusquement sur les autres, lesquels, les bras arrachés, peuvent très bien laisser échapper le rail, qui leur écrase les pieds. C'est pour ça que je n'aimais pas beaucoup les corvées dans les gares. Il existe aussi des Gummi sérieux, en caoutchouc plein, et même avec un câble d'acier noyé dedans.