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Arrive un âge où, penché sur le calendrier, on cherche l’année de sa mort.

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J’arrive à un âge où je me dis que l’on meurt aussi en vacances.

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Truisme que de dire que chaque jour nous rapproche de la mort. Sauf que, des jours d’euphorie, nous avons l’impression de nous en éloigner.

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Mourir d’un éclat de rire.

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« Le premier homme qui est mort a dû être drôlement surpris. » Wolinski

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À quoi reconnaît-on que l’on est mort ? À ce que cette question ne nous vient pas à l’idée.

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Je me souviens avec admiration et affection de François Périer dans Mort d’un commis voyageur, son dernier grand rôle.

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« Ô Mort le seul baiser aux bouches taciturnes ! » Stéphane Mallarmé

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En quoi aimeriez-vous être réincarné ? Dans un vers inédit de Baudelaire, dit l’un ; dans une tomate du Languedoc, dit l’autre.

#Exclusion

Le plus terrible dans la mort, ce n’est pas le terme, la fin, le départ, c’est l’exclusion.

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Naître, c’est être admis, accueilli, inclus ; mourir, c’est être exclu.

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Exclusions du collège, de l’entreprise, du club, de la famille, de son pays, etc. Les exclusions sont pour la plupart de terribles épreuves…

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… L’une des pires, c’est être à jamais exclu(e) de la vie d’un homme ou d’une femme dont on a été aimé(e) et qu’on aime encore…

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… Non, la pire des exclusions, c’est être rejeté par soi, viré de sa propre estime. Puis s’exclure soi-même de la vie.

#Robert Sabatier

Des volcans d’Auvergne Robert Sabatier avait la sagesse et la mémoire, de la colline de Montmartre la fantaisie et la poésie.

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Sur son lit d’hôpital, Robert Sabatier lisait des poèmes de Paul Valéry, dans l’édition de la Pléiade.

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Robert Sabatier et moi avions des conversations passionnées et amusantes à propos de mots tels que derechef, nonobstant ou subséquemment.

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Robert Sabatier appartenait à un petit club de copains-gourmets, amateurs de bistrots, appelé PC, Priorité à la Croûte.

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Robert Sabatier a publié en 1967 un Dictionnaire de la mort. « Nous fêterons notre centenaire ensemble », m’écrivait-il dans la dédicace.

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Enterré au cimetière Montparnasse, Sabatier a rejoint les écrivains dont il donne les noms dans ce livre : Maupassant, Littré…

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… Bourget, Baudelaire, Pierre Larousse, Leconte de Lisle, Desnos, Coppée, etc. Sartre et Simone de Beauvoir n’y étaient pas encore.

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Robert Sabatier cite Épicure : « Un ami mort est doux encore au souvenir. »

#Enfer et paradis

En Beaujolais, le vin bourru, tiède, qui sort du pressoir, s’appelle le « paradis ». On le boit une main sur le cœur, en faisant un vœu.

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Pour Sartre, l’enfer c’est les autres ; pour les habitants de l’Empire romain, c’était les Huns.

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Créer une société pour vendre le paradis sur plan. Et en créer une autre pour s’assurer contre l’enfer. Certain que ça marcherait.

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L’enfer et le paradis sont une extension métaphysique de la lutte des classes.

#Dieu

Pourquoi toujours affubler Dieu d’une barbe ? Pourquoi pas une moustache de séducteur, à la Clark Gable, ou d’artiste, à la Dalí ?

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La drôle de bobine des hommes quand ils découvrent que Dieu est une femme ! Les femmes ne sont pas moins surprises.

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Comme beaucoup de personnes âgées, Dieu regarde-t-il « Des chiffres et des lettres » et « Questions pour un champion » ?

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Dieu est-il superstitieux ? Fait-il un vœu au passage d’une étoile filante ?

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Dieu doit beaucoup à Bach, a écrit Cioran.

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Dieu n’a jamais demandé un droit de réponse.

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Découragé, Dieu ne murmure plus à l’oreille des hommes. Il préfère s’épancher dans l’oreille des chevaux, des écureuils et des pandas.

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« Dieu est dans l’escalier. » Daniel Boulanger

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Est-ce une preuve de l’existence de Dieu que l’on en cherche des preuves toute sa vie sans les trouver ?

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La cathédrale de Chartres et la mosquée Bleue d’Istanbul sont-elles des preuves de l’exigence de Dieu ?

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À tutoyer Dieu, à l’appeler mon cher, mon vieux, mon pote, il espère que le Très-Haut protestera. Pour le moment, rien.

#Humour

L’humour est un pied de nez à notre infortune et à la fortune des autres.

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De l’humour à propos du sexe ? Avant et après. Pendant, c’est assez rare. Le rire déconcentre.

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Humour et mélancolie vont parfois de pair. L’humour désenchanté ou la mélancolie spirituelle. Blondin fut un écrivain d’humour mélancolique.

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« Je vous préviens, je n’ai pas d’humour », m’avait dit J.-J. Servan-Schreiber avant l’interview. C’était vrai puisque dit sans humour.

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Les femmes disent qu’elles préfèrent chez l’homme l’humour à la beauté. Mais c’est plus facile d’être beau que spirituel tous les jours.

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Porteur du gène de l’humour catholique lyonnais, j’ai eu du mal à exister face à Woody Allen et son gène de l’humour juif new-yorkais.

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Sur le visage de l’homme, l’humour est un masque ; sur le cœur, un loup ; sur l’âme, une voilette ; sur le sexe, un préservatif.

#Questions diverses

Les malheurs de Madame Bovary ne sont-ils pas plus émouvants en livre de poche que dans la Pléiade ?

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Connaît-on un seul écrivain qui, entrant dans une librairie bourrée de livres, ait, découragé, renoncé à en ajouter d’autres ?

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La pratique solitaire de la communication électronique : courriels, tweets, plus textos, encourage-t-elle l’isolement et l’onanisme ?

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Pourquoi beaucoup d’intellectuels semblent mépriser Twitter ? Parce qu’il faut faire court ou parce qu’il y a trop de monde ?

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« N’est-ce pas le propre des artistes les plus importants que de créer de l’insécurité culturelle ? » Sylvain Bourmeau (tweet)

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Depuis la fameuse fable de La Fontaine, qu’est-ce que donnent les courses entre les lièvres et les tortues ?