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Jaune d’œuf : matière grise du savant.

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Un décolleté gorge-de-pigeon.

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Rouge baiser : faire l’amour pendant les règles.

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Blanc de peur, une trouille noire, mais les cauchemars peuvent être aussi en couleurs : vert de peur, une peur bleue.

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« Palsambleu, morbleu, ventrebleu, jarnibleu ! Dieu aussi a eu son époque bleue. » Jacques Prévert

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Il me semble que, du temps de mes grands-parents, le monde entier, à commencer par eux, était en noir et blanc.

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Après un double orage : elle, au premier plan, maintenant tout sourire, l’arc-en-ciel au second.

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Les couleurs de l’amitié sont moins éclatantes que celles de l’amour, mais elles résistent mieux à la lessive du temps.

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Les questions aux téléspectateurs pendant les matchs sont aussi stupides et moins drôles que « quelle est la couleur du cheval blanc d’Henri IV ? ».

#À boire…

Je préfère un verre à moitié vide à un verre à moitié plein. Si je le renverse, il y en aura moins sur la robe de ma voisine.

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De tous les appareils et instruments de la cuisine, le tire-bouchon est le plus astucieux, le plus prometteur et le plus joyeux.

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Les belles bouteilles n’aiment pas les tire-bouchons silencieux. Que leur apothéose fasse un peu de bruit !

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Quelles pensées naissent dans la tête d’un homme en contemplation devant le cul d’une bouteille ? Cela dépend : bordelaise ou bourguignonne ?

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Dans le Dictionnaire amoureux du vin, j’ai appelé les sommeliers qui ont un nez fabuleux et la mémoire des vins des Pif de la Mirandole.

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L’expression « gueule de bois » vient d’un certain Jules Bois, noceur, homme de lettres. « J’ai la gueule de Bois », dit l’un de ses confrères avinés.

#… et à manger

La fourchette et le couteau forment un vieux couple à la Simenon, obligés qu’ils sont de manger ensemble. Divorce impossible.

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Pour les uns ce couteau est une lame, pour les autres c’est un manche.

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Un couteau est plus sensible qu’on ne croit. Ne remuez pas la plaie.

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Drame social : une louche à caviar reconvertie dans la soupe.

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Snob comme un porte-couteau en argent poinçonné. Ou, plus snob encore, comme un porte-couteau en plastique.

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Pour manger avec le diable, la cuillère étire chaque jour un peu plus son manche.

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Au fond de la tasse, la petite cuillère tortille de sa fesse rebondie.

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— Vous vous souvenez de l’époque, dit le couvert à poisson, où, comme Apostrophes, nous sortions tous les vendredis et seulement le vendredi ?

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Saucer son assiette ne se fait pas, même quand c’est très bon. Introduisons cet acte gourmand dans le savoir-vivre.

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Le service à l’assiette a, hélas, tué l’arrivée fumante et triomphale à table de la marmite, de la soupière, de la poêle ou de la cocotte.

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Au restaurant, nous devrions avoir en permanence deux fourchettes, la seconde pour goûter dans l’assiette des autres.

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Dans les restos où on montre aux clients les poissons qu’ils vont manger, le prix est double. Loups et dorades facturent leur tour de piste.

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Le meilleur beurre mangé au début du repas est celui du regretté Alain Chapel, à Mionnay. Beurre de baratte avec encore des gouttes d’eau.

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Malins maîtres d’hôtel qui nous font presque croire que les plats qui ne sont pas sur la carte ont été ajoutés à notre seule intention.

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Dans un café bondé, le garçon débordé, je l’appelle « maître d’hôtel ! » Très souvent, ça marche…

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Les bouchons lyonnais doivent leur nom aux anciens relais de poste où l’on bouchonnait les chevaux.

#Voluptés

Les bagatelles de la porte sont au lit ce que sont les amuse-gueules à la table.

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Les hommes sont souvent au lit comme à table. Certains goûtent, pignochent ; d’autres dégustent et savourent lentement ; d’autres dévorent.

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Il se souvient au lit de ce que sa mère lui disait et répétait à table : « Tiens-toi droit ! »

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Il s’enivre si fort de tous les parfums et sucs de la dame qu’il roule sous le lit.

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Jadis, les sauvages pratiquaient l’anthropophagie à table, et non, comme nous, délicats, civilisés, au lit.

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Pendant que nos corps exultent, à table ou au lit, souvent un ange passe. Il regarde. Puis il pleure. Qui sait pourquoi ?

#Rêves

Il m’arrive de rêver que je ne rêve pas, de sorte que je suis réveillé alors que je dors encore.

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Quand je ne rêve pas, je me réveille en me reprochant d’avoir été paresseux.

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Shakespeare faisait-il des rêves shakespeariens ? Courteline des rêves courtelinesques ?

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Il se réveille la peau des bras rougie, car son rêve était si incroyable qu’il s’est beaucoup pincé.

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La nuit prochaine, quand on passera à l’heure d’été, un personnage de mon rêve s’affolera de son retard. Et le rêve deviendra cauchemar.

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Une nuit, j’ai rêvé des sœurs Williams, si impressionnantes par leurs coups droits fatals et leurs revers de plomb…

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… Dans mon rêve, nous étions tous les trois, les sœurs Williams et moi, nus, dans un vaste lit. J’étais effrayé par la tâche…

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… Je me suis retrouvé la tête ballottée, puis coincée entre leurs bras considérables et leurs cuisses formidables…

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… J’allais mourir étouffé quand je me suis réveillé de ce cauchemar tennistique. Je n’ai jamais été un joueur classé.

#Si j’étais une femme…

Si j’étais une femme, j’exigerais de celui qui veut entrer dans ma vie une lettre d’auto-accréditation amoureuse.

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Si j’étais une femme, je me demanderais pourquoi les hommes sont tellement fascinés par nos seins.

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Si j’étais une femme, je me demanderais pourquoi les hommes croient nos promesses et nos serments plus sûrs que les leurs.

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Si j’étais une femme, je me moquerais de la vanité des hommes pour mieux les consoler de leurs défaites.

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