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— Il y a beaucoup d’injustice dans ce qui leur est reproché.

— Je suis d’accord avec vous. Il y a plus de lumière chez eux que dans tous ces jansénistes rancis qui nous entêtent depuis quarante ans. Vous verrez, Nicolas, on les chassera. On détruira leur œuvre d’éducation. Et nous sommes tous leurs élèves ! Finalement, on travaillera pour le roi de Prusse !

— Comment cela ?

— Considérez le grand aïeul de notre roi actuel. Il a révoqué l’édit de Nantes. Qu’en est-il advenu ? Les fils les plus brillants ou les plus utiles de la religion réformée se sont exilés, en Prusse notamment. Vous verrez, ce sera la même chose avec les jésuites ! Ils iront chasser sur les terres du Nord et formeront des générations contre nous.

— Et qui les remplacera en France ?

— Voilà bien la question, mais je crains que ce ne soit pas celle que l’on pose… Mais, Nicolas, vous étiez à Versailles hier, contez-moi cela.

— M. de Sartine m’a conduit chez Madame Adélaïde pour que je lui remette moi-même ses bijoux retrouvés dans la caserne des gardes du corps.

— Voilà de la part du lieutenant général un geste qui l’honore et qui ne me surprend pas venant de lui ! Et Madame ?

— Madame a été fort bonne. Elle m’a invité à sa chasse.

— Peste ! Vous voilà lancé. Reste, ajouta-t-il en riant, à demeurer en selle !

Nicolas considérait la rue Montmartre qui se remplissait peu à peu de la foule du matin. La rumeur des passants et des voitures montait jusqu’à eux. Il songea à la multiplicité de tous ces destins. Lui-même oublierait bientôt les protagonistes de cette sinistre affaire, même si la pauvre silhouette de Truche de La Chaux dans son cachot continuerait longtemps à hanter son souvenir. Bientôt, les masques du carnaval animeraient à nouveau la vieille capitale. D’autres tâches l’attendaient. Il finit son chocolat. Le fond de la tasse, comme la vie, mêlait la douceur et l’amertume.

Sofia, juillet 1997-février 1999

Remerciements

Ma gratitude s’adresse d’abord à Sandrine Aucher qui a déployé compétence, vigilance et patience pour la mise au point du texte. Elle va aussi à Monique Constant, conservateur en chef du Patrimoine, pour son aide incessante et ses découvertes archivistiques sur la période. Ma reconnaissance est une nouvelle fois acquise à Maurice Roisse, pour sa relecture intelligente et typographique du manuscrit et pour ses utiles suggestions. Je remercie enfin mon éditeur pour la confiance manifestée à l’occasion de ce deuxième ouvrage.