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— Oui, rien de bien grave. De quoi me faire ficher à la porte, malgré tout, mais ces petites astuces que j’indiquais m’appartenaient autant qu’à la société. Malgré tout, ces révélations me liaient et, quand j’ai eu besoin du deuxième million, pour les parents de la petite garce, Ugo Montale m’a demandé de saboter la construction de l’ELBA.

Il se tut, avala une gorgée de Cinzano et prit ses cigarettes.

— Il y a cinq semaines de cela. J’ai d’abord refusé. Une semaine durant ils ont fait pression sur moi. Un jour j’ai été convoqué à la Direction. On m’a demandé des précisions sur mes rencontres avec des agents de sociétés étrangères. Je me suis affolé, j’ai vu qu’ils iraient jusqu’au bout. En même temps le père de la fille me menaçait. Je le rencontrais tous les jours devant chez moi, en ville. J’ai cédé et j’ai proposé plusieurs plans. Ce fut celui du fuel à la surface de la peinture qui a été accepté. Tout a été combiné pour que Fordoro soit mis hors de combat.

Galli haussa ses épaules fluettes.

— Emma l’avait jugé inutilisable. Je ne sais pas comment ils s’y sont pris, mais le jour J, il s’est cassé la jambe. La suite, vous la connaissez.

— Cet après-midi vous avez reçu un coup de fil d’Ugo Montale.

L’ingénieur le regarda avec attention.

— Vous savez beaucoup de choses.

— Il vous a dit que je me doutais de quelque chose et vous êtes allé renverser un bidon de fuel dans le bâtiment E ?

— Voilà. Dès le débat j’ai pensé que vous n’étiez pas un enquêteur ordinaire. Vous vous moquiez de certains détails pour vous pencher sur d’autres.

Kovask ne chercha pas à duper plus longtemps ses compagnons.

— Une telle affaire s’est déjà produite voici quelques années à bord d’un porte-avions. Le même procédé a été utilisé pour détruire une partie de la catapulte. Je n’avais pas participé à l’enquête, mais j’en ai lu le compte rendu.

Un silence suivit. Galli fumait nerveusement en regardant les deux officiers de marine. À la fin il n’y tint plus.

— Qu’allez-vous faire de moi ?

— Vous avez de la chance, répondit de Megli. L’enquête des assurances est pratiquement close et elles vont payer. Vous allez vous remettre au travail et essayer de rattraper le temps perdu. Évidemment, il me faut l’accord de mon collègue. Kovask inclina la tête, se fit ironique.

— Oui, puisque j’économise ainsi les crédite du département.

— Vous vous en tirerez avec une déclaration authentifiée par les témoins présents, ajouta de Megli.

Onorelli grogna. Il n’était certainement pas d’accord. Sa haine de l’ingénieur ne désarmait pas et il aurait aimé que Galli soit traîné devant la justice.

— Vous êtes plus cléments que les types du F.B.I., dit-il soudain à Kovask qui savait à quoi il faisait allusion.

De Megli intervint.

— J’espère que le signer Galli comprendra cette mesure. Ce qu’il a fait mérite cinq ans de prison. Et je doute qu’il retrouve ensuite un emploi quelconque.

— Que ferez-vous si Montale vous téléphone ? Galli tressaillit.

— Rien. Faut-il vous prévenir ?

— Inutile. Je vous conseille de vous enfermer chez vous, jusqu’à demain matin. Nous espérons en avoir terminé d’ici là.

Kovask se savait exagérément optimiste. Depuis son coup de téléphone à la clinique, Ugo Montale devait être ma ses gardes. Peut-être, avait-il même quitté Gênes. Le retrouver ne serait pas aisé, mais il restait une faible chance de remonter jusqu’à la tête du réseau.

— Lorsque vous aviez des entrevues avec Ugo Montale, à quel endroit se passaient-elles ?

— Toujours à son bureau de la rue du vingt-cinq avril.

— Vous ne connaissez pas son adresse personnelle ?

— Non.

Ils ne l’avaient pas demandée à Bruno Fordoro. Quand ils furent sortis de la villa, Cesare se retourna vers lui et resta immobile durant quelques secondes.

— Allons, mon vieux, dit Kovask. Vous allez pouvoir songer à votre prochain retour aux U.S.A.

Le gros Italien consentit à sourire.

CHAPITRE V

Ce ne fut que le lendemain que le domicile d’Ugo Montale fut découvert. Interrogé dans la nuit par Kovask et ses compagnons, Bruno Fordoro le chimiste n’avait pu donner aucune explication précise sur la villa occupée par le directeur de l’agence T.A.S.A. Les trois hommes s’étaient bien gardés de lui annoncer que sa femme avait disparu de leur studio au 117 de la via Cairoli.

La police pénétra dans les bureaux de l’agence très tôt le matin et une perquisition en règle, à laquelle assistèrent les deux officiers de marine, commença.

Kovask, appuyé contre la banque de la pièce de réception, fumait, le visage sombre, lorsque de Megli, sortant du bureau de Montale, lui annonça qu’ils avaient l’adresse personnelle du personnage.

— Une villa louée meublée.

— Désirez-vous y aller ? Nous ne trouverons rien.

— Un inspecteur est allé chercher un serrurier. Peut-être aurons-nous un peu de chance.

L’Américain se décolla de la banque et suivit le capitaine de corvette.

— Ils ont dû filer hier au soir, après ce coup de fil à la clinique. Malgré elle, l’infirmière a dû se trahir dans ses réponses. Nous étions en train d’interroger Fordoro.

La villa se trouvait dans la banlieue est. L’inspecteur délégué s’y trouvait déjà avec le serrurier et deux autres policiers.

— Nous allons relever les empreintes, dit-il. Grâce à la poussière qui régnait dans le reste de la maison, ils établirent que Montale n’utilisait que le rez-de-chaussée. Ce qui réduisit l’étendue de leurs recherches. Elles furent négatives.

— Il ne nous reste plus qu’à filer à Rome au siège de la T.A.S.A., dit Luigi de Megli.

Il fut surpris par l’expression de son collègue.

— Pas d’accord ?

— Si, mais il vaut mieux expédier là-bas la police pour ne pas trop affoler notre monde. Les inspecteurs poseront quelques questions sur Ugo Montale, n’essayeront pas d’aller trop loin. Pendant ce temps nous nous rendrons à Monfalcone.

Il y a, là-bas, un cargo du type ELBA en construction.

— Vous croyez qu’ils vont tenter quelque chose ?

— Pourquoi pas ? Les chantiers de Monfalcone ont été, jusqu’ici, à l’abri des incidents qui se sont produits un peu partout en Europe.

— J’aurais préféré remonter la filière de la T.A.S.A. Une bande de salopards se cache dans cette organisation internationale.

Kovask essaya de se montrer persuasif :

— Justement, elle se cache parmi le personnel d’une école par correspondance, honorablement connue depuis plus de soixante ans. Si nous étions sûrs que toute la T.A.S.A. fût contaminée, notre enquête deviendrait facile. Il suffirait de se rendre au siège social à Londres pour mettre la main sur tout le paquet.

— Montale avait certainement un correspondant à Rome.

— Je ne le nie pas. Seulement le gars va se mettre en veilleuse. Mais, si une action quelconque est engagée contre les chantiers de Monfalcone, il est obligé de laisser faire.

Il accentua encore ses paroles :

— Voyez ce qui s’est produit ici. Le sabotage de l’ELBA a été un travail de longue haleine. Mariage de cette fille avec le chimiste, compromission de Pietro Galli dans une affaire de mœurs.

Le visage du capitaine de corvette s’illumina.

— Vous voulez dire qu’il suffira de repérer les anomalies dans les habitudes de certains membres du personnel ? Ce sera long ?