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— Mais c’est horrible, murmura-t-elle, c’est comme les gangs des narcos à Miami qui n’arrêtent pas de s’entretuer. Un jour, un type a été abattu devant moi, il est resté à se vider de son sang sur le trottoir, et un jeune latino continuait à lui tirer dans la tête.

— Pour toi, c’est fini, assura Malko. Tu vas pouvoir regagner Miami et le Fontainebleau.

— Non ! Je veux rester avec toi !

Brutalement, la terreur avait disparu de ses prunelles au regard noyé, comme si la peur avait ouvert les vannes de quelque chose qu’elle retenait depuis longtemps, d’un brasier qu’elle voulait absolument éteindre. Concentré au bas de son ventre, derrière l’os dur qui poussait contre Malko. Sa robe en stretch semblait avoir rétréci d’un coup, ses gros seins débordaient et l’ourlet du bas s’était retrouvé en haut des cuisses. Sans un mot, elle commença à se frotter contre Malko, à la façon d’un animal en chaleur, d’une chatte sevrée de sexe depuis longtemps.

Mais ce qu’il y avait de plus fort, c’étaient ses yeux, avec les prunelles immenses, fixes, hypnotiques, qui semblaient parler. Elle avança le visage, ses dents se refermèrent sur la lèvre inférieure de Malko et elle le mordit. Au sang.

Instinctivement, il la repoussa, mais elle revint comme un élastique, la bouche entrouverte sur une sorte de feulement.

— Baise-moi !

Ses lèvres avaient dessiné le mot plus qu’elles ne l’avaient prononcé, une sorte de râle d’agonie, de SOS…

Malko s’embrasa à son tour. Chaque fois que sa vie avait été en danger, il éprouvait la même réaction viscérale, un désir féroce de se plonger dans une femme, de ne plus être que sensation, d’en avoir plein les mains d’une chair élastique, de faire crier de plaisir ou de douleur… Comme si l’instinct animal de Swesda avait deviné ce qui se passait en lui, elle se déchaîna encore plus, le long du couloir, défaisant ses vêtements, égrenant des obscénités en trois langues d’une voix de catéchumène douce et lisse, la lueur folle toujours tapie au fond des prunelles.

Ils se cognaient aux murs, aux placards. Lorsqu’ils atteignirent la chambre, Malko n’avait plus que ses chaussures.

Swesda l’entraîna jusqu’à la table, se retourna, se penchant dessus, lui tendant sa croupe sans la moindre pudeur. Il n’eut qu’à rouler le stretch vers le haut pour la découvrir jusqu’au creux des reins, là où elle avait deux profondes fossettes. Elle se retourna, lâcha :

— Sock it to me ![26]

Malko la prit d’un seul coup de toutes ses forces, et le sexe brûlant et inondé se referma comme un manchon de rêve. Il avait pris un tel élan que la tête de Swesda heurta le mur, mais elle ne sembla pas s’en apercevoir. Elle eut un râle d’accouchée et gronda d’une voix de possédée :

— Salaud ! Bon Dieu, c’est si bon !

Malko continua, la martelant comme un fou, jusqu’à ce que la sueur lui coule dans les yeux. Swesda ressemblait à une poupée cassée, le torse affalé sur la table, les cheveux collés au visage par la transpiration et sa tête qui cognait le mur chaque fois que Malko se jetait au fond de son ventre. Il n’y avait plus de limite et il sentit confusément que plus jamais il ne vivrait un moment magique de cette intensité avec elle.

Quand il se retira complètement, Swesda gronda, comme un fauve à qui on arrache sa proie. Son grondement se mua en hurlement aigu lorsque Malko viola ses reins d’un seul élan, sans la moindre douceur, s’engloutissant jusqu’à la racine. Swesda se redressa comme un ressort, glapissant des injures dans sa langue maternelle, cherchant à lui échapper. Les doigts solidement crochés dans ses hanches, abuté tout au fond d’elle, Malko attendit que l’orage se passe. Les mouvements désordonnés de Swesda se calmèrent peu à peu. Elle resta en équilibre, haletante, pleurnichante, lui fiché toujours en elle, comme un pieu impitoyable.

Puis, elle se remit à gémir, avec son « autre » voix, son torse retomba sur la table, tandis que ses petites fesses rondes se soulevaient pour qu’il la viole encore mieux.

Ce brusque revirement acheva de déchaîner Malko. Il se mit à se démener entre les fesses charnues, comme s’il souhaitait les écraser, les aplatir, les faire exploser. De nouveau, la tête de Swesda cognait contre le mur, ses mains froissaient les prospectus de l’hôtel, elle se soulevait sur la pointe des pieds pour qu’il puisse la déchirer encore mieux. Le haut de sa robe était descendu jusqu’à sa taille, et ses seins libres frottaient contre la table, à chaque va-et-vient, ce qui semblait encore augmenter son plaisir. D’un ultime élan, Malko jeta tout son poids en avant, lançant sa semence au fond des reins offerts.

Quand elle fut certaine qu’il avait joui, elle se redressa comme une noyée, les cheveux dans les yeux, les pointes des seins rouges et irritées par le frottement contre la table, une lueur de folie trainant encore dans les yeux cernés.

Malko glissa hors d’elle qui se retourna, se collant de nouveau à lui, le léchant sur tout le corps.

— Putain, tu m’as estropiée ! dit-elle d’une voix cassée et éblouie. J’avais jamais connu ça avec un mec. J’avais jamais eu aussi peur non plus. C’est comme à la télé, mais c’est en vrai. Je veux rester avec toi, faire d’autres trucs. Tu comprends, j’ai l’impression d’être vachement vivante.

Il commençait à comprendre pourquoi elle avait accepté la proposition de la CIA. Swesda Damicilovic était complètement allumée, complexée, passait son temps à jouer la comédie. Seules des émotions vraiment fortes parvenaient à lui faire retrouver son équilibre aussi précaire que provisoire. Une authentique salope, perverse et parfois même désintéressée.

— C’est le deuxième moment extra que j’ai depuis que ce Boris m’a abordée, dit-elle. Le premier, c’est quand j’ai pris l’avion à Miami pour venir ici. Tes copains m’avaient mis en première sur Air France. Moi qui n’avais jamais dépassé le charter… Tu peux pas savoir, j’ai eu du foie gras, du caviar, un type qui me servait en veste blanche et puis des vins… Rien que des grands crus français. On se serait cru chez Maxim’s. J’ai gardé la carte en souvenir d’ailleurs. Tiens regarde.

Elle se leva pour fouiller dans son sac de voyage et revint en brandissant triomphalement la carte des vins de la Première d’Air France.

— Il y en a dix-neuf, lança-t-elle fièrement. Moi, j’ai pris ça et ça.

Elle désignait un Chateau Rieussac et un Pape Clément 87.

— Le premier, c’est avec le foie gras, remarqua Malko.

Swesda ouvrit de grands yeux.

— Comment tu as deviné ?

Il sourit, amusé.

— Un Sauternes, en principe…

— Ils en servent dix millions de bouteilles par an, fit-elle. Tu te rends compte ?

Laissant tomber la carte, elle se lova contre Malko.

— Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

— Puisque tu veux rester, dit Malko, tu vas m’aider. On va essayer de retrouver Sonia.

— Super !

— Ça peut être dangereux, remarqua Malko, tu as vu ce soir.,

— Je m’en fous. Dis, si on la trouve, tu me laisseras l’interroger ? Je te jure qu’elle dira tout. Moi, je sais ce qu’il faut faire à une femme pour lui faire vraiment mal.

De nouveau, la lueur inquiétante flottait dans les prunelles sombres. Il avait trouvé une recrue de choix…

— Ne vendons pas la peau de l’ours, conseilla-t-il.

Swesda s’était rembrunie d’un coup.

— Tu sais, fit-elle, je ne pourrai plus jamais retravailler au Fontainebleau avec tous ces vieux mecs qui me mettent la main aux fesses et me grimpent dessus ensuite.

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26

Rentre-moi bien dedans.