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— Et c’est votre fille, madame.

— Oui. C’est Marlène Fisher. »

Wu s’inclina légèrement. « Et cet autre gentleman …

— Je suis Siever Genarr, le commandant du Dôme que vous voyez derrière moi, à l’horizon.

— Ah, bien. Commandant, j’aimerais vous parler. Je regrette qu’une querelle familiale ait éclaté, mais elle n’a rien à voir avec notre mission.

— Et quelle est au juste votre mission ? » gronda une nouvelle voix. Un homme aux cheveux blancs, à la bouche tombante, arriva, tenant quelque chose qui ressemblait à une arme.

« Salut, Siever », dit-il en passant devant Genarr.

Celui-ci parut stupéfait. « Saltade. Qu’est-ce que vous faites ici ?

— Je représente le gouverneur Janus Pitt de Rotor. Je vous répète ma question, monsieur. Quelle est votre mission ? Et comment vous appelez-vous ?

— Je suis le Dr Chao-Li Wu. Et vous, monsieur ?

— Saltade Leverett.

— Bonjour. Nous sommes venus avec des intentions de paix, dit Wu en surveillant l’arme.

— Je l’espère, répondit Leverett d’un air résolu. J’ai avec moi six vaisseaux qui gardent le vôtre dans leurs viseurs.

— Vraiment ? Ce petit dôme ? Avec une flotte ?

— Ce petit dôme n’est qu’un minuscule avant-poste. Ma flotte existe. Ne croyez pas que je bluffe.

— Je vous crois sur parole. Mais notre petit vaisseau vient de la Terre. Nous sommes arrivés ici en vol supraluminique. Vous comprenez ce que cela veut dire ? Plus vite que la lumière.

— Je comprends ce que vous voulez dire. »

Genarr intervint brusquement : « Est-ce que le Dr Wu dit la vérité, Marlène ?

— Oui, oncle Siever.

— Intéressant, murmura Genarr.

— Je suis ravi de voir mes paroles confirmées par cette jeune femme. Dois-je supposer qu’il s’agit de l’expert de Rotor en propulsion supraluminique ?

— Vous n’avez rien à supposer, dit Leverett d’un air impatient. Pourquoi êtes-vous venus ici ? Personne ne vous a invités.

— Non, c’est vrai. Nous ne pensions pas trouver ici quelqu’un qui trouverait à redire à notre présence. Mais je vous supplie de ne pas vous abandonner, sans raison, à un accès de mauvaise humeur. Un faux mouvement de votre part et notre vaisseau disparaîtra dans l’hyper-espace. »

Marlène dit rapidement : « Il n’en est pas sûr.

— J’en suis tout à fait sûr. Et même si vous réussissez à détruire ce vaisseau, notre base, sur Terre, sait où nous sommes et reçoit constamment nos rapports. Si quelque chose nous arrive, la prochaine expédition sera composée de cinquante navires de guerre supraluminiques. Ne prenez pas de risque inutile, monsieur.

— Ce n’est pas vrai, dit Marlène.

— Qu’est-ce qui n’est pas vrai ? demanda Genarr.

— Il ment quand il dit que la base sur Terre sait où il est ; ce n’est pas vrai.

— Cela me suffit, dit Genarr. Saltade, ces gens n’ont pas l’hyper-communication. »

L’expression de Wu ne changea pas. « Vous vous fiez aux conjectures d’une adolescente ?

— Ce ne sont pas des conjectures, mais une certitude. Saltade, je vous expliquerai plus tard. Croyez-moi sur parole.

— Demandez à mon père, intervint soudain Marlène. Il vous le dira. » Elle n’avait pas compris pourquoi son père connaissait son don … elle ne l’avait sûrement pas, ou du moins ne l’avait pas montré, à l’âge d’un an, mais il était clair qu’il savait. C’était criant, même si les autres ne pouvaient pas le voir.

« Pas la peine de frimer, Wu. Marlène peut lire en nous. »

Pour la première fois, le sang-froid de Wu parut l’abandonner. Il fronça les sourcils et dit d’un ton acerbe : « Comment pouvez-vous savoir cela, même si c’est votre fille ? Vous ne l’avez pas vue depuis sa tendre enfance.

— J’ai eu une sœur comme ça », dit Fisher à voix basse.

Genarr, comprenant brusquement, s’écria : « C’est génétique, alors. Intéressant. Eh bien, Dr Wu, vous voyez que nous avons ici un instrument qui ne vous permet pas de bluffer. Alors, parlons à cœur ouvert. Pourquoi êtes-vous venus ici ?

— Pour sauver le système solaire. Demandez à cette jeune femme — puisqu’elle est votre autorité en tout — si je ne dis pas la vérité, cette fois.

— Bien sûr que vous dites la vérité, Dr Wu. Nous sommes au courant. C’est ma mère qui a découvert que la Terre était en danger.

— Et nous l’avons aussi découvert, jeune fille, sans le secours de votre mère. »

Saltade Leverett les regardait l’un après l’autre et dit : « Puis-je vous demander de quoi vous parlez ?

— Janus Pitt sait tout cela, Saltade. Je suis désolé qu’il ne vous en ait rien dit, mais si vous prenez contact avec lui, il vous mettra au courant. Dites-lui que nous avons affaire à des gens qui peuvent voyager plus vite que la lumière et que nous pouvons conclure un marché. »

90

Tous quatre étaient assis dans le bureau de Siever Genarr et celui-ci essayait de ne pas se laisser submerger par son sens de l’Histoire. Il participait à la première négociation interstellaire. S’ils ne se distinguaient pas, chacun, dans un autre domaine, leurs noms résonneraient dans les couloirs de l’histoire galactique rien que pour cela.

Deux et deux.

Pour le système solaire (la Terre, en réalité, et qui aurait pensé que cette planète décadente représenterait le système solaire et que c’était elle, et non l’une des colonies énergiques, dans le vent, qui élaborerait le vol supraluminique) il y avait Chao-Li Wu et Crile Fisher.

Wu était volubile et insinuant ; un mathématicien, mais qui possédait clairement une perspicacité pragmatique. Au contraire, Fisher (Genarr n’arrivait pas à s’habituer à lui) restait silencieux, perdu dans ses pensées, et ne participait guère à la discussion.

De l’autre côté, il y avait Saltade Leverett, méfiant et gêné d’être en contact étroit avec trois autres hommes, mais ferme … Face au flot verbeux de Wu, il n’avait aucune difficulté à s’exprimer clairement.

Quand à Genarr, il était aussi silencieux que Fisher, mais attendait qu’ils règlent la question … puisqu’il savait quelque chose que les autres ignoraient.

La nuit était tombée et les heures s’étaient écoulées. On leur avait servi d’abord le déjeuner, puis le dîner. Ils avaient fait des pauses pour détendre la tension et durant l’une d’elles, Genarr était sorti pour voir Eugenia Insigna et Marlène.

« Cela ne se passe pas si mal. Les deux côtés ont beaucoup à gagner.

— Et Crile ? demanda Insigna inquiète. Il n’a plus reparlé de Marlène ?

— Franchement, Eugenia, ce n’est pas le sujet de la discussion et il n’a pas cité son nom. Je pense qu’il est très malheureux.

— Il ferait bien de l’être », dit Insigna amèrement.

Genarr hésita. « Qu’en penses-tu, Marlène ? »

La jeune fille tourna vers lui ses yeux noirs insondables. « J’ai dépassé cela, oncle Siever.

— Tu te montres un peu dure », murmura Genarr.

Mais Insigna lui lança sèchement : « Et pourquoi ne devrait-elle pas se montrer dure ? Elle a été abandonnée par lui.

— Je ne me montre pas dure, dit pensivement Marlène. Si je pouvais quelque chose pour apaiser son esprit, je le ferai. Mais je ne suis pas à lui, vous comprenez. A toi non plus, maman. Je suis désolée, mais j’appartiens à Erythro. Oncle Siever, tu me diras ce qu’ils ont décidé, n’est-ce pas ?

— Je te le promets.