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Nous allons refaire sa route, jusqu’à ce que le sondeur nous indique que nous avons quitté le sec. Après ce n’est plus la peine de faire des recherches. Ensuite, il faudra revenir sur nos pas et tenter de le trouver au sondeur, pour ne pas plonger trop.

Rhonda hocha la tête. Admirative.

— C’est une bonne idée. Espérons qu’il n’a pas été trop loin.

Malko s’accroupit devant le sondeur et le Koala se mit en marche, cap 020.

D’abord, l’aiguille n’indiqua pratiquement pas de fond, tant le corail affleurait. Puis, peu à peu, le fond augmenta : 4 mètres… 8… 12… 12… 16… 24… 32… 36… Cela descendait en pente douce. Ils se trouvaient toujours sur le récif. Au bout d’un mile, le fond se stabilisa autour de 35 mètres. Malko était hypnotisé par le stylet inscrivant son trait sur le rouleau de papier. Tellement qu’il sursauta lorsque le trait plongea brusquement…

234… Ce fut la dernière indication. Il se trouvait maintenant au-dessus du grand fond.

— Stop !

Le Koala vibra sous la poussée des diesels en marche arrière. Le sondeur ne sondait plus, à bout de course. Ils avaient dépassé les 250 mètres.

— Reviens en arrière, demanda Malko. Cap 200.

Bouillonnements. Manœuvre. De nouveau accroupi devant le sondeur, les épaules en feu à cause du soleil. Une minute, deux. Tout à coup, l’aiguille fit un bond vers le haut.

— Stop ! crie de nouveau Malko.

Ronflement des diesels dans les oreilles. L’aiguille indiquait 40 mètres.

Malko se releva, ankylosé.

— Jette une ancre flottante, je vais plonger ici. Nous sommes exactement à la fin du récif de corail. Si je ne trouve rien, nous repartirons d’où nous venons en stoppant tous les quarts de mile.

* * *

Malko ne se sentait pas encore très solide et avait des éblouissements. Cette fois, il ferait attention aux courants. L’eau lui parut plus fraîche lorsqu’il se laissa aller en arrière. La tache blanche du Koala disparut. Battant des pieds, il fila vers le fond, le plus vite possible pour économiser le précieux air.

Pas un seul poisson. Par contre, il atterrit au milieu d’un véritable jardin sous-marin, de coraux arborescents, avec des couleurs sublimes. Après, c’était de nouveau l’étendue jaunâtre et tourmentée. Grâce à la boussole fixée à son poignet, il s’orienta, se dirigeant vers l’extrémité du récif. Le profondimètre indiquait 32 mètres. Fond plat. Il contourna une énorme méduse et continua. La visibilité n’était pas très bonne. Une vingtaine de mètres.

Six minutes, huit minutes, douze minutes.

La fatigue commençait à le gagner. Il lui sembla que l’eau était beaucoup plus froide tout d’un coup. Il devait s’approcher de la grande fosse.

Quelque chose apparut devant lui. Une espèce de serpent de mer dressé latéralement. Le fond remontait légèrement et l’eau était plus claire. Il s’approcha encore, sur ses gardes. Ce n’est qu’à quelques mètres qu’il réalisa avoir devant lui, le mât d’un navire émergeant d’une fosse comme la flèche d’une cathédrale.

Il venait de retrouver le Laconia B.

Chapitre XVI

En dix battements, Malko fut au-dessus du cargo coulé. C’était une chance inouïe qu’il ait aperçu un de ses mâts. En effet, le Laconia B se trouvait sur la dernière marche du récif de corail, plus profonde d’une vingtaine de mètres. Seuls ses mâts de charge dépassaient au niveau où Malko se trouvait. Il s’avança au-dessus du pont. À part quelques panneaux d’écoutille arrachés, un camion arrimé sur le pont et qui avait basculé sur le côté, on aurait dit que le cargo était prêt à continuer sa route.

Sous l’eau, ses 143 mètres étaient encore plus impressionnants.

Malko nagea jusqu’au château arrière et descendit pour vérifier le tableau. Ses oreilles commençaient à bourdonner. Mauvais signe. Enfin, il vit les lettres peintes en blanc sur la coque noire : Laconia B Monrovia. Le profondimètre indiquait 43 mètres. C’était la limite.

Doucement, il commença sa remontée. Il s’accrocha à l’extrémité d’un des mâts de charge pour bien situer le Laconia. Le cargo avait tourné sur lui-même en coulant et se trouvait orienté est-ouest, la proue à l’ouest. Sa paroi gauche était presque collée à la marche de corail, ce qui interdisait de voir les dégâts. Il s’était posé sur le fond légèrement incliné. Malko calcula que l’angle du pont devait faire entre 15° et 20°. La partie la plus haute se trouvant du côté de la falaise.

Il fit un rapide calcul ; il lui restait encore dix minutes « utiles ». Le temps de se livrer à une petite exploration.

Lâchant son mât de charge, il descendit jusqu’au pont, le traversa et glissa le long de la coque. Jusqu’à ce qu’il trouve le corail qui s’était écrasé sous le poids des 15 000 tonnes et formait maintenant une gangue grisâtre autour de la coque. Il promena sa lampe autour de lui, dérangeant un lion fish qui s’enfuit heureusement. Il lui semblait que le corail s’arrêtait à quelques mètres du Laconia B. Comme si ce dernier avait été posé en équilibre sur la dernière marche d’un escalier. Malko nagea perpendiculairement au cargo, frôlant le corail. Il n’alla pas loin. Moins de dix mètres plus loin, le récif s’interrompait, coupé comme à la hache et plongeait presque à la verticale. La lampe éclaira une masse verdâtre et glauque.

Impossible de savoir à quelle profondeur, mais il y avait au moins cent mètres.

Malko revint en arrière. La coque semblait en parfait état de ce côté. C’était donc l’autre qui avait été déchiré. Quelques mètres de plus et le Laconia B n’aurait laissé aucune trace de son naufrage… Il aurait voulu pénétrer à l’intérieur du cargo, mais l’air allait lui manquer.

Fou de joie, il commença sa lente remontée vers la surface.

Lorsqu’il émergea, il lui restait à peine une minute d’air, en plus des cinq minutes de la réserve. Cette fois, il se trouvait à moins de 300 mètres du Koala. Il nagea sans se presser, guetté par Rhonda qui l’avait aperçu immédiatement.

— Je l’ai trouvé, cria-t-il avant même d’être à bord, il est juste au-dessous !

— Fantastique ! cria Rhonda.

Il remonta et l’étreignit. Sans elle il serait encore en train de chercher le Laconia B avec un pendule.

— Il faut baliser l’endroit, dit Malko.

Rhonda était déjà en train de fouiller dans le carré. Elle ressortit avec une balise semblable à la première. Malko l’aida et ils mouillèrent le corps mort, presque au-dessus de l’épave. La première excitation tombée, Malko se dit que les vrais difficultés commençaient.

Le Laconia B à portée de la main posait infiniment plus de problèmes qu’au fond de l’océan Indien. Il allait être obligé de jouer serré. Le vrai travail était la récupération de la cargaison d’oxyde d’uranium avant qu’elle ne tombe entre les mains des Israéliens, ou, pire, des Irakiens. Il regarda la bouée qui flottait sur la houle. Dieu merci, il n’y avait pas un navire en vue. Denis Island s’estompait au sud dans un halo de chaleur.

— Nous mettons le cap sur Mahé, dit-il.

Rhonda reprit sa place sur le flying deck et bientôt, les deux Cummings ronronnèrent. Une fumée bleue s’échappa de l’arrière. À 1 500 tours-minute, le Koala mit le cap au sud, laissant une traînée d’écume blanche derrière lui. Malko vint s’installer sur la banquette à côté de Rhonda.